En raison de sa politique incohérente et des fautes commises par le gouvernement, la France est responsable des atrocités subies par le peuple syrien, estime la députée Véronique Besse.
RT France : Un hôpital mobile russe a été bombardé le 6 décembre. Pourquoi, à votre avis, les attaques précédentes contre les hôpitaux ont été condamnées avec beaucoup de virulence, alors que celle-ci passe quasiment sous silence dans les médias ?
Véronique Besse (V. B.) : Effectivement, c’est tout à fait un scandale. Parce que comme tout bombardement qui touche soit une école, là un hôpital en l’occurrence, ou des civils, c’est proprement scandaleux. Donc, je suis comme vous, je partage votre point de vue sur le fait qu’il ne faut pas laisser sous silence le bombardement de l’hôpital russe. Ce bombardement s’inscrit malheureusement dans la longue liste des atrocités de la guerre en Syrie.
Il faut vraiment qu’on soit unis, et que la France soit au côté des Russes évidemment, pour qu’on puisse cesser les combats sur le terrain
RT France :John Kerry doit rencontrer son homologue russe Sergueï Lavrov à Genève pour parler de la situation en Syrie. Pensez-vous que cela permettra d’avancer sur ce dossier ?
V. B. : De toute façon, il faut que ça avance. On est dans une impasse, même si sur le terrain, les choses avancent dans le bon sens. Mais il faut vraiment qu’on soit unis, et que la France soit au côté des Russes évidemment, pour qu’on puisse cesser les combats sur le terrain. Ce qui se passe est atroce.
Je pense qu’on ne dit pas tout, on ne voit pas tout avec les médias, mais il faut vraiment qu’on trouve une issue à ce conflit qui est terrible. Je dois dire que le gouvernement français a fait preuve d’une triple légèreté dans ce domaine, sur cette guerre, en considérant notamment comme interlocuteurs valables les pires djihadistes – on s’est trompé sur cela. Autre légèreté en reconnaissant que ces djihadistes «font du bon boulot», expression de Laurent Fabius, qui était à l’époque le ministre des Affaires étrangères, et puis, tout simplement, en livrant des armes aux djihadistes. Donc, la France est responsable. Je le dis et je l’ai dit quand je suis allée en Syrie l’année dernière. La France est responsable aussi des atrocités qui s'y passent, parce qu’elle a certainement des intérêts dans tout ça. Mais tant qu’on n'est pas unis, tant qu’il n’y aura pas des forces importantes unies, nous ne gagnerons pas cette guerre.
La France ne joue pas du tout son rôle, elle voit ses intérêts auprès des Américains, de l’Arabie saoudite et du Qatar
RT France : Pourquoi n’y a-t-il pas de dialogue justement entre les alliés qui se battent en Syrie ? Pourquoi la France ne s’allie-t-elle pas à la Russie pour lutter contre le terrorisme ?
V. B. : Parce que je crois que la France s’est trompée. Elle est du côté des Américains, du côté de l’Arabie saoudite et du Qatar. Elle voit ses intérêts économiques dans un premier temps, elle voit d’autres intérêts et elle ne voit pas forcément l’intérêt du peuple syrien, qui est malmené depuis longtemps, qui vit des atrocités. La France a une grande responsabilité. Mais ce qu’on a en Syrie, ce qui est ressorti de tous nos rendez-vous, c’est que la France a abandonné les Syriens. Alors qu’il y a une grande attente de la France, c’est une culture qu’on sait en Syrie. La France est connue et reconnue en Syrie. Et tout le monde nous a dit : pourquoi nous avez-vous abandonnés, pourquoi avez-vous fermé votre ambassade, qu’est-ce qui se passe ? La France ne joue pas du tout son rôle, elle voit ses intérêts auprès des Américains, de l’Arabie saoudite et du Qatar. En plus, on n’est pas cohérents, le gouvernement français aujourd’hui n’est pas cohérent, puisqu'à Alep ce sont les rebelles islamiques, pendant qu’à Mossoul nous les bombardons. C’est vraiment une incohérence totale, parce qu’on ne peut pas être des deux côtés à la fois.
Nous-mêmes en France, on ne sait pas du tout où veut aller notre gouvernement. A nous, on dit – je le dis en tant que parlementaire – au gouvernement c’est urgent d'en finir avec l’Etat islamique et l’ensemble des groupes djihadistes évidemment. Et pour cela, la seule issue c’est que tout le monde soit uni.
RT France : Donald Trump, le président élu des Etats-Unis, a exprimé des réserves concernant l’aide accordée aux rebelles syriens. Pensez-vous que l'arrivée de l'administration Trump puisse constituer un tournant dans le dossier syrien ?
V. B. : Pour l’instant, je suis dans l’expectative. J’attends de voir ce que va faire réellement Donald Trump, si vous voulez, entre ce qu’il dit, ce qu’il déclare à la presse, et les faits réels. Et il faut qu’on regarde ça de près. Pour l’instant ce ne sont que des mots. On va voir si ça se transforme sur le terrain en réalité.
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