L'opération militaire en cours visant à libérer la ville irakienne de Mossoul de Daesh aggraverait la crise humanitaire dans le pays. Le responsable de l'Organisation mondiale de la santé en Irak Atlaf Musani fait part de ses préoccupations.
RT : Etes-vous aussi optimiste que le secrétaire américain à la Défense Ash Carter concernant le déroulement des opérations ?
Atlaf Musani (A. M.) : L’Organisation mondiale de la santé est profondément préoccupée par la crise humanitaire à Mossoul. Je crois qu’il est important de souligner qu’en Irak, avant cette opération de Mossoul, il y avait déjà 3,5 millions de déplacés à l’intérieur du pays en besoin urgent d’aide humanitaire.
Ce sont certaines préoccupations sanitaires, sur lesquelles il faut se focaliser – pas seulement être préparés, mais pouvoir assurer les services de santé
RT : Le fait que la Croix rouge est prête à collaborer avec Daesh, qu’est-ce que cela indique ?
A. M. : Actuellement, il y a au moins des dizaines de milliers de personnes qui ont commencé à quitter la ville. Et l’OMS s'inquiète certainement de leur état de santé et des conséquences potentielles de ce déplacement. Nous pouvons bien sûr nous concentrer sur un nombre de conditions sanitaires alarmantes : que ce soit l'émergence d'épidémies, des femmes enceintes qui doivent être déplacées dans des endroits sûrs, des enfants qui n’ont pas été vaccinés depuis deux ans. Ce sont certaines des préoccupations sanitaires sur lesquelles il faut se focaliser – pas seulement se préparer, mais être capable de pouvoir assurer ces services de santé.
RT : Les Etats-Unis mènent une opération contre les terroristes de Daesh, mais cela présente un risque important pour les civils. Quelle est la situation actuelle à Mossoul, à votre niveau ?
A. M. : Comme nous le comprenons, selon l’Organisation internationale des migrations, au moins 10 000 personnes ont commencé à quitter la ville. Mais il faut prendre un peu de recul : il faut estimer s'attendre à que 700 000 personnes soient obligées de fuir à cause de la situation humanitaire en conséquence de ces opérations.
Et pour le moment, ces 10 000 personnes auront immédiatement besoin d’alimentation, d’un abri, de sécurité et de protection. En tant qu'Organisation mondiale de la santé, nous voulons être prêts et présents dans les endroits où les soins sanitaires urgents sont à fournir.
RT : Que faut-il faire pour assurer le sauvetage des civils à Mossoul à l'heure actuelle ? Réussissez-vous à faire face à la situation ?
A. M. : L’OMS a des contacts élargis avec des partenaires humanitaires, et elle les amplifie le plus possible. Nous avons une pénurie grave de ressources – on a besoin de financements, d’argent, pour avoir des ambulances, des cliniques pour prodiguer les premiers soins, mais aussi certaines mesures préventives, telles que l’alimentation et la vitamine A, les vaccins contre la rougeole, pour que l'on procure aux gens qui fuient des soins préventifs, aussi bien que des soins sanitaires d'urgence pour sauver des vies.
Nous attendons que tous les partenaires de santé travaillent dans la région, quand elle sera sécurisée
RT : Est-ce qu’il y a quelqu’un qui vous empêche de faire votre travail à Mossoul ?
A. M. : Il est important de comprendre que c’est une zone active de conflit. Nous travaillons aux alentours de Mossoul. Nous nous attendons à ce que tous nos collègues puissent travailler dans la région, dès que celle-ci sera sécurisée. A l'heure actuelle, nous essayons de nous approcher le plus près possible de la ligne de front.
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