L'ancien numéro un mondial de tennis Marat Safin réagit au scandale du dopage des sœurs Williams, soulignant les problèmes les plus profonds du monde du sport et les mesures qui permettraient de les résoudre.
RT : Quelle a été votre première réaction à cette révélation concernant l’Agence mondiale antidopage (AMA) et les sœurs Williams ?
Marat Safin (M. S.) : Le problème est que c'est ainsi depuis déjà plusieurs années. La travail a été mal fait par les deux parties : d’un côté l’AMA a montré son côté obscur, mais de l’autre côté, nous aurions dû mieux faire notre travail. Parce que ce problème est beaucoup plus large et non contrôlé, c’est une bombe. Maintenant, après cette attaque des hackers, tout est sorti. Je suis persuadé que le ministre des Sports devrait se concentrer sur ce problème et bien faire son travail : il faut mettre en œuvre un certain nombre de programmes et le contrôle du dopage n’en est qu’un. Il faut commencer à travailler comme des professionnels. S’ils n’en sont pas capables, il faudra des changements au sein du ministère des Sports, car la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui n’est pas brillante. Beaucoup d’athlètes sont mécontents, personne ne les protège en Russie, ils se sentent vraiment seuls. Cela a un effet négatif sur leur image et sur leur avenir. Ils sont obligés de se défendre parce que le ministère des Sports ne le fait pas. Il ne fait que se défendre, c’est toujours l’erreur de quelqu’un d'autre. Il faut y mettre fin, remédier à la situation, de manière technique, sans émotion, défendre nos athlètes, et ensuite discuter avec l’AMA de nouvelles règles, sans accusation.
Beaucoup de vies, beaucoup d’argent, beaucoup de sociétés pharmaceutiques sont impliquées
RT : Mais la Russie a toujours été traitée de façon différente, elle a subi beaucoup de pression… Est-il éthique que nos athlètes propres aient été bannis des Jeux alors que d’autres, qui disposent d'ordonnances des médecins et ont pris ces substances, ont été autorisés à y participer ?
M. S. : On peut perdre énormément de temps à spéculer sur la manière dont tout devrait être fait. Des milliers d'athlètes vous donneront des milliers d’opinions différentes, mais cela n’aidera pas à améliorer la situation. Il y a un problème. L’AMA et le ministre des Sports devraient le régler. Ils ont des avocats, des idées, ils ont tout pour le faire.
RT : En ce qui concerne la transparence, est-ce normal que nous ayons appris les informations sur ces véritables stars du sport seulement grâce à une fuite ?
M. S. : C’est vrai que l’AMA a de gros problèmes aujourd’hui et ne travaille pas comme il le faudrait. Tout le monde le voit et le comprend. Au lieu d’en parler trop, il faudrait plutôt se mettre à faire bien son travail, parce que beaucoup de vies, beaucoup d’argent, beaucoup de sociétés pharmaceutiques sont impliquées. Je suis contre les spéculations sans fin.
Il faut protéger les intérêts des sportifs de façon professionnelle
RT : En tant qu’athlète, que ressentiriez-vous si on vous disait que quelqu’un que vous avez affronté a pris des substances interdites pendant des années ?
M. S. : Je ne serais certainement pas content. C’est un exemple du deux poids deux mesures et on ne peut pas l'excuser. Mais ce n’est pas à l’athlète de se défendre. L’athlète a besoin d’accomplir ce qu’il faut et n'a pas à travailler comme [son propre] avocat. Il faut protéger les intérêts des sportifs de façon professionnelle.
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