Après avoir déposé un rapport début juillet concernant les mesures à mettre en œuvre pour éviter de nouveaux attentants, le député Les Républicains Georges Fenech réagit au drame survenu à Nice au soir du 14 juillet.
RT France : Selon vous, qui porte la responsabilité de ce qui s’est passé à Nice ?
Georges Fenech (G. F.) : Il appartient à la préfecture des Alpes-Maritimes, qui dépend du ministère de l’Intérieur, d’organiser la sécurité d’une telle manifestation. La force municipale ne vient qu’en appoint de la police nationale. Donc la responsabilité première c’est bien celle de l’Etat et de la police nationale, de mon point de vue.
RT France : Pensez-vous que toutes les mesures de sécurité ont été prises pour assurer la sécurité des citoyens lors des festivités à Nice ?
G. F. : Je pense que 84 morts et des centaines de blessés constituent la réponse à votre question. Toutes les mesures de sécurité n’ont évidemment pas été prises à leur maximum comme il se devait. Nous étions en état d’urgence, nous sortions d’une grosse manifestation, l’Euro. Des dispositions draconiennes avaient été prises avec succès. Et là il y a eu manifestement un relâchement. Rappelez-vous que le jour même, le chef de l’Etat a annoncé son intention de lever l’état d’urgence, il y a eu un manque de vigilance de mon point de vue, qui a amené un système de sécurité défaillant, tout du moins insuffisant compte tenu de la menace qui pèse sur notre pays.
RT France : Vous avez dit dans une interview que c’était une tragédie «prévisible». Etait-ce concrètement possible d’empêcher que cet attentat ne survienne ?
G. F. : Sans vouloir entrer dans une quelconque polémique, nous sommes dans une démocratie, nous avons le droit de poser toutes les questions : comment se fait-il qu’un 19 tonnes puisse accéder à une voie piétonne où sont présentes 30 000 personnes sans rencontrer le moindre obstacle ? C’est la question à laquelle devra répondre le ministre de l’Intérieur.
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RT France : A propos de l’enquête qui se déroule actuellement suite au drame, pensez-vous que des sanctions seront prises à l’encontre de ceux à l’origine des défaillances que vous avez évoquées ?
G. F. : Ce que je constate c’est que depuis le mois de janvier 2015, c’est-à-dire depuis Charlie Hebdo et l’hyper Casher, le Bataclan, maintenant Nice, il n’y a eu aucune sanction de quelque nature que ce soit, aucune remise en cause politique, aucune mutation d’un haut fonctionnaire… J’ai le sentiment que la notion de responsabilité a disparu de notre pays.
Je ne sais pas si à Nice des sanctions seront prises, en tout cas je me félicite tout de même qu’il y ait des enquêtes qui soient ordonnées. J’ai davantage confiance dans des enquêtes judiciaires, plus indépendantes que celles du ministère de l’Intérieur. Donc je pense que tôt ou tard, la justice sera saisie. Ce sera à elle de déterminer s’il y a des responsabilités, notamment pénales, pour homicide par imprudence, par négligence, non-respect des règlements… Ce sera à la justice de répondre.
RT France : Après l’attentat de Nice, le Premier ministre Manuel Valls a déclaré que les Français devraient «s’habituer à vivre avec la menace terroriste». Comment peut-on réagir à une telle déclaration ? Les Français doivent-ils se résoudre à vivre dans ces conditions ?
G. F. : J’ai déjà eu l’occasion de critiquer cette formulation du Premier ministre qui ressemble tout de même à une forme de renoncement, de résignation par rapport au terrorisme islamiste. Je pense que le seul discours, au lieu d’être compassionnel voire jouer les Cassandre, c’est le discours du gouvernement aujourd’hui, c’est un discours de fermeté que le pays attend et d’action absolument implacable contre cette forme de terrorisme.
RT France : Quelles sont les mesures à prendre pour éviter qu’une telle tragédie ne se reproduise ?
G. F. : Il y a énormément de choses à faire. C’est les 40 propositions que nous avons formulées. Il faut restructurer nos services de renseignement, un meilleur partage de l’information, une simplification de ses instruments et bien évidemment une meilleure coordination au niveau du chef de l’Etat, créer une sorte d’agence nationale de lutte contre le terrorisme sur le modèle américain après le 11 septembre. Il faut bien évidemment renforcer la politique pénale qui est trop faible et trop généreuse à l’égard des délinquants, notamment au niveau des aménagements de peine. Il faut aussi construire un parc pénitentiaire à la hauteur des besoins. Aujourd’hui nous sommes dans l’incapacité d’assurer une véritable sécurité dans les prisons. Nous devons également assurer l’absence de tout prosélytisme, toute contamination de la radicalisation en prison.
Il faut évidemment renforcer le système de coopération européen au niveau du renseignement, qui en est aujourd’hui aux balbutiements. Il faut véritablement fermer les frontières européennes à l’immigration clandestine par laquelle s’infiltrent souvent des djihadistes – deux djihadistes du stade de Saint-Denis avaient des faux passeports syriens – donc ce sont les principales mesures à mettre en œuvre. Ensuite il y a un énorme travail à faire au niveau de la prévention, de la pédagogie, c’est un problème de société en profondeur.
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