Le gouvernement devrait expulser des délinquants étrangers pour empêcher les attentats, estime le commissaire divisionnaire honoraire de la police nationale et délégué national à la sécurité de Debout la France Eric Stemmelen.
RT France : Après l’attentat de Nice, les autorités de la ville rejettent la responsabilité sur les autorités françaises. Selon vous, qui est en fin de compte fautif ?
Eric Stemmelen (E. S.) : Il y a des contacts préliminaires entre l’Etat français et la municipalité de Nice pour toutes les manifestations, y compris le 14 juillet. Donc ce n’est pas une surprise : il y avait un accord général entre l’Etat et la municipalité. Il y a donc un co-responsabilité.
Des évènements comme cet attentat se reproduiront
RT France : Après les attentats de Bruxelles deux ministres ont démissionné. C’était également le cas du ministre de l’Intérieur de l’Irak après un attentat meurtrier à Bagdad. Pensez-vous que Bernard Cazeneuve devrait démissionner ?
E. S. : Le problème est qu’on en est au troisième attentat majeur en France : il y a eu Charlie Hebdo, le Bataclan et maintenant Nice. Et l’Etat français est chargé de protéger les citoyens. Donc le ministre de l’Intérieur aurait pu démissionner et le président de la République aurait eu la faculté de refuser la démission. Mais ça aurait été un geste fort.
Des évènements comme cet attentat se reproduiront, parce que c’est un attentat sur lequel on avait aucun renseignement au départ - ce n’est pas un attentat qui est préparé par une organisation. C’est plutôt un individu seul qui se radicalise rapidement et qui décide, comme l’a demandé l’Etat islamique, de faire un attentat pour causer le maximum de victimes – et quelle que soit, d'ailleurs, leur nationalité, leur religion ou leur race.
RT France : Manuel Valls et Bernard Cazeneuve ont fait différentes déclarations au lendemain de l’attentat concernant les liens de l'auteur avec la filière djihadiste. Pour vous, les liens du terroriste avec cette filière sont-il confirmé ?
E. S. : En France, on a le secret de l’enquête mais je crois que ce secret est bafoué systématiquement, parce que les informations de la police sont immédiatement portées à la connaissance de la presse. Donc ça ce n’est déjà pas conforme au droit français. Deuxièmement : avait-il un lien avec l’Etat islamique à revendiquer ? En général l’Etat islamique revendique les attentats de façon sérieuse. Ils n’inventent pas de revendications bidon. Le problème est que, manifestement, il s'agit de quelqu’un qui s’est radicalisé rapidement et qui est passé à l’acte lui-même. Avait-il des complices ? Oui, probablement, puisque nous avons actuellement trois personnes transférées dans les locaux de la DGSI (Direction Générale de la Sécurité Intérieure).
Si le Tunisien en question avait été expulsé, il n’y aurait pas eu l’attentat de Nice
RT France : Bernard Cazeneuve refuse toute remise en cause de la lutte antiterroriste. A-t-il raison ?
E. S. : Il est très difficile de répondre à cette question, parce que, pour commencer, il y a eu des fautes de l’Etat français après l'attentat de Charlie, il y a maintenant un an et demi. Le problème est qu’on a eu à faire face à des attentats qui avaient été préparés et inspirés de l’extérieur, comme dans les cas de Charlie Hebdo et du Bataclan. A Nice on fait face à un attentat commis par quelqu’un qui a a priori agi seul sur le territoire français. Ce Tunisien, qui a commis l’attentat de Nice, avait été condamné il y a quelques mois à une peine de prison avec sursis. Dans un monde normal il aurait dû être expulsé, parce qu’il n’était pas citoyen français. Or ce qu’on appelle la double peine en France - une expulsion après avoir commis un délit - n’est plus appliquée.
Ce que nous demandons, nous, à Debout la France en particulier, c’est de rétablir l’expulsion systématique de tous les délinquants étrangers. Si le Tunisien en question avait été expulsé, il n’y aurait pas eu l’attentat de Nice.
RT France : Nicolas Dupont-Aignan (Président du partie Debout la France) condamne l’inaction du gouvernement à la suite de l’attentat de Nice et appelle aussi à ce que le gouvernement soit sanctionné et censuré. Partagez-vous cet avis ?
E. S. : Oui, ça s’appelle une motion de censure. Dans le droit constitutionnel français, les députés peuvent renverser le gouvernement en adoptant une motion de censure. C’est une démarche que je partage, bien évidemment.
Depuis un an et demi on a un total de 260 victimes environ à cause des attentats en France. Le gouvernement doit démissionner
RT France : Pensez-vous que cela pourrait remédier à la situation ?
E. S. : Non, ça ne remédiera pas à la situation actuelle sur le plan opérationnel, mais ça sera un signal politique fort, qui reviendrait à dire : le gouvernement [doit et] veut protéger les Français. Depuis un an et demi on a un total de 260 victimes environ à cause des attentats en France. Le gouvernement doit démissionner.
Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.