Malgré les menaces de la communauté internationale, les Britanniques ont exprimé leur volonté de reprendre le contrôle du pays lors du référendum pour sa sortie de l'UE, souligne Nigel Farage, leader du UKIP, dans une interview exclusive à RT.
RT: Vous devez être très heureux…
Nigel Farage : Mon Dieu, qui aurait pu le croire ! Qui aurait pu croire que, malgré toutes ces menaces et avertissements émanant de la communauté internationale, notamment de Barack Obama, de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), de George Osborne [ministre des Finances britannique] et de la Banque d'Angleterre, le peuple britannique dirait : assez, nous ne voulons plus en entendre parler, nous voulons reprendre le contrôle sur notre pays, notre démocratie et notre vie. C'est ce qui est en effet arrivé. Cette décision n'a pas seulement influencé la politique intérieure de la Grande-Bretagne. Notre Premier ministre a déjà annoncé sa démission, notre Commissaire européen pour la stabilité financière démissionne aussi, le chef des travaillistes s'est retrouvé dans une situation délicate, mais ici [à Bruxelles] on ressent l'impact de cette décision également.
Si Nicola Sturgeona envie de contester cette décision et tenir un autre référendum sur la sécession de l'Ecosse, qu'elle le fasse donc. Mais cela n'aboutira pas.
RT: Comme vous l'avez dit, le référendum a déjà eu des conséquences : L'Ecosse a déclaré vouloir rester dans l'UE. Ce référendum populaire, est-il susceptible de donner une impulsion à la désintegration du Royaume-Uni ?
N. F. : Si vous vous souvenez, la même chose s'est passé en 2014, bien avant le référendum en question.
RT: Mais les Ecossais ont voté contre l'indépendance à l'époque, en partie parce qu'ils espéraient rester membre de l’UE en étant au sein de la Grande-Bretagne.
N. F. : En fait, je n'y crois pas du tout. Ils sont restés parce qu'ils voyaient clairement à quel point le programme économique du Parti national écossais était imparfait. Ils aspiraient à l'indépendance, mais avaient en même temps peur de repartir avec rien. Maintenant les Britanniques ont voté pour l'indépendance. Et si Nicola Sturgeon [Premier ministre d'Écosse] a envie de contester cette décision et tenir un autre référendum sur la sécession de l'Ecosse, qu'elle le fasse donc. Mais cela n'aboutira pas.
Le bon voisinage, c'est ce que nous voulons
RT: Qu'est ce qui va suivre ? A présent on a l'impression qu'il n'existe pas de plan d'action précis.
N. F. : J'ai un projet. Mais je ne suis pas au gouvernement, et tout dépend plutôt du Parti conservateur. […] Nous avons voté pour sortir de l'UE, agissons donc. Appliquons le plus vite possible l'article 50 [du traité de Lisbonne] et entamons une discussion sérieuse sur les relations commerciales. Nous ne voulons plus faire partie de l'union politique, mais nous voudrons garder des liens commerciaux, une coopération économique et l'amitié. Le bon voisinage, c'est ce que nous voulons.
RT: Et si Bruxelles dit : d'accord, vous pouvez avoir le commerce avec l'Europe, mais pour cela il faut payer des cotisations et permettre la libre circulation, comme le font la Norvège et la Suisse. Comment percevront une telle proposition ces mêmes Britanniques que vous avez convaincus de pouvoir arrêter le flux migratoire après la sortie de l'UE.
N. F. : Non, une telle proposition est inacceptable. Nous n'allons pas l'accepter. Dans ce cas-là on dira au revoir. Si cela ne marche pas et que nous avons le pire des scénarios possibles, si nous ne nous mettons pas d'accord, l’absence d'accord, quel qu'il soit, serait beaucoup mieux pour nous que notre situation pourrie d'aujourd'hui. Pour eux [l'UE] c'est très mauvais aussi. […] L’absence d'un accord, quel qu'il soit, c'est mieux pour nous que les conditions actuelles d'adhésion à l'UE. Les dépenses liées à l'adhésion dépassent tous les avantages, y compris les tarifs préférentiels. Mais de l'autre côté il y a un problème réel : ils nous vendent beaucoup plus que nous ne leur vendons. Globalement, nous sommes le plus grand partenaire de la zone Euro. Les centaines d’emplois dans les usines allemandes de fabrication automobile dépendent largement du fait que l'Allemagne ait une entrée sur le marché britannique. La hausse des tarifs serait une catastrophe pour l'industrie allemande. Vu les élections parlementaires en Allemagne l'année prochaine, j'espère qu'il y aura un accord commercial adéquat et pesé, parce que si ce n'est pas le cas, ils auront beaucoup plus de difficultés que nous.
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