Le gouvernement français «a donné l’orientation à prendre», alors que les sanctions devraient «au moins être assouplies», estime le chef du Comité allemand des relations économiques avec l’Europe de l’Est.
RT : Pensez-vous que le gouvernement français tiendra compte de ces appels des représentants nationaux et fera réellement quelque chose pour mettre enfin un terme à ces sanctions ?
Klaus Mangold (K. M.) : Tout d’abord, je considère qu’il faudrait mettre fin à ces sanctions dans l’avenir le plus proche. Je crois que le premier pas devrait être fait aussi vite que possible et que le gouvernement français a donné l’orientation à prendre. Ce n’est pas encore la décision finale, mais je pense que nous devons songer à la façon dont nous pouvons parvenir à un compromis raisonnable entre les positions différentes des gouvernements et avec un objectif clé : trouver une solution au sommet à Bruxelles à la fin de juin, lors duquel les sanctions devraient au moins être assouplies. Je pense que le gouvernement français fait une chose utile et je suis certain que le gouvernement allemand devrait être plus flexible.
La Russie a montré qu’elle joue un rôle tellement important sur la scène mondiale, qu’elle devait être à la table des négociations lors de la prise de décisions importantes pour le monde
RT :Le puissant parti italien de la Ligue du Nord invite également les gouvernements régionaux à mettre fin aux sanctions contre la Russie - et ces appels sont de plus en nombreux à travers l'Europe – d’après vous, quelle est la probabilité que l'UE finisse par renoncer aux sanctions ?
K. M. : Je crois que c’est peut-être un peu trop tôt pour lever complétement les sanctions, mais ce qui est très important c’est de faire un pas en avant, et cela correspond majoritairement aux certains points liés aux problématiques financières et humanitaires. Par exemple, je ne vois pas pourquoi nous ne devrions pas financer à l’avenir des projets relatifs à la pharmaceutique, aux soins de santé. Je crois que nous devrions nous attendre à ce que la Russie fasse un pas en avant et se rapproche de l’accomplissement des accords de Minsk. Tout ne pourra pas être fait d’ici fin de juin, mais il faut que les deux côtés fassent un pas significatif en avant.
RT :Vous suggérez que la Russie devrait être réintroduite au G7 – qui redeviendrait le G8 – pourquoi pensez-vous que cela constitue une étape importante ?
K. M. : Parce que, à mon avis, c’était une énorme erreur des Américains que de dire à l’époque que la Russie était une «puissance régionale». La Russie a montré, y compris avec ces interventions en Syrie, qu’elle [jouait un rôle] tellement important sur la scène mondiale, qu’elle devait être à la table [des négociations] lors de la prise de décisions importantes pour le monde. Et c’est pour cette raison que la Russie doit à nouveau faire partie du G8, et je pense que cette décision devrait être prise aussi vite que possible, et peut-être même avant la fin du mandat de Barack Obama.
Dans de nombreux pays, y compris en Allemagne, la majorité de la population ne soutient pas les sanctions
RT : Auparavant, il a été annoncé que le chef de la Commission européenne se rendrait en Russie plus tard ce mois – ce serait le premier haut fonctionnaire de l'UE à le faire depuis le gel des relations. Est-ce un signe positif ?
K. M. : Je crois que c’est un signe très positif. Je pense que vous savez que cette visite de Jean-Claude Juncker a été critiquée au sein de la commission, mais je pense que c’est un bon signe. La Russie, tout comme l’UE, doit en profiter. J’espère sincèrement que d’excellentes discussions seront menées au sommet de Saint-Pétersbourg pour trouver des solutions pour mettre fin, en deux ou trois étapes, à ses sanctions.
RT : A quel point l'économie européenne a-t-elle souffert depuis l’introduction des sanctions contre la Russie ?
K. M. : Je crois que les agriculteurs européens sont très intéressés à ce que les sanctions soient levées. Je crois également que, dans de nombreux pays, y compris en Allemagne, la majorité de la population ne soutient pas les sanctions. Les agriculteurs allemands ont énormément souffert : pas uniquement l’industrie mais aussi les fermiers avec l’embargo, conséquence de ces sanctions. Je crois que les gens attendent qu’une décision forte soit prise, qu’un mouvement vers l’avant soit fait d’ici la fin juin et cela devrait être discuté à Saint-Pétersbourg la semaine prochaine.
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