Le Royaume-Uni est la destination plébiscitée par les criminels internationaux qui s’emparent de l'argent et des ressources de pays tels que le Nigeria et l'Afghanistan, affirme John Wight, écrivain et commentateur politique.
Des délégués du monde entier sont arrivés en Grande-Bretagne, à Londres, pour un grand sommet dédié à la lutte contre la corruption. Mais l'événement a déjà été marquée par plusieurs remarques – non destinées à être entendues du public – faites par le Premier ministre britannique David Cameron plus tôt cette semaine dans une conversation avec la Reine et le président de la Chambre des communes John Bercow. Cameron a été accidentellement filmé au moment où il disait que le Nigeria et l'Afghanistan étaient «incroyablement corrompus».
RT : David Cameron a fait ces commentaires avant même le début du sommet. Pensez-vous que cela pourrait avoir un impact sur le déroulement de la conférence ?
John Wight (J. W.) : Je ne pense pas que cela ait un impact sur la conférence elle-même, mais cela va certainement affecter la façon dont les gens perçoivent et comprennent la nature de la puissance mondiale. Ce à quoi nous avons eu droit avec ces commentaires indiscrets et négligés, c’est un rare aperçu de l'état d'esprit d'une classe dirigeante britannique qui reste dans le 19e siècle en ce qui concerne son manque de respect envers des pays comme le Nigeria, la Chine et l'Afghanistan.
Je ne pense pas que la réputation de David Cameron puisse être pire que ce qu’elle n’est déjà
Ces gens traitent ces pays comme si on y était d’une culture inférieure, comme si on y était incapable de se gouverner. Et je suis sûr qu'ils préféreraient que ce soit le cas... si [ces pays] étaient encore gouvernés directement par la Grande-Bretagne. C’est donc un aperçu très, très rare de l’état d'esprit d'une classe dirigeante qui a été en grande partie responsable de la corruption dans des endroits tels que le Nigeria et l'Afghanistan à travers son histoire coloniale.
RT : Apparemment le Premier ministre ne voulait pas que ces commentaires ne soient entendus. Est-ce un coup porté à sa réputation ?
J.W. : Je ne pense pas que la réputation de David Cameron puisse être pire que ce qu’elle n’est déjà. Nous avons déjà eu les révélations des Panama papers [montrant] que son père et sa famille étaient liés à une énorme corruption, révélée par ces [documents]. Nous avons déjà vu le rôle de son gouvernement dans l’attisement de la folie des charges antisémites contre les membres du Parti travailliste. Je pense donc que le grand public connait l'histoire des conservateurs et David Cameron est le dernier d'une longue lignée de Premiers ministres conservateurs discrédités et déshonorés.
Ce que nous voyons est un excès de corruption qui commence à Londres et se termine à Londres
RT : Le président du Nigeria, Muhammadu Buhari, a repoussé les accusations et a déclaré que les actifs de son pays avaient été volés par des fonctionnaires qui ont fui à Londres. Que pouvez-vous dire à propos de ces affirmations ?
J. W. : Les commentaires de M. Buhari sont tout à fait exacts. La Grande-Bretagne, et Londres en particulier, sont devenus la seconde maison préférée des criminels internationaux de toute sorte, qu'ils prennent l'argent et des ressources de la Russie suite à l'effondrement de l'Union soviétique, ou ceux du Nigeria, ou d'autres pays de l'hémisphère sud. Londres est le meilleur endroit où aller. La ville de Londres a bénéficié de cet énorme afflux de richesses, qu'elle a ensuite réinvesti et, à cause de son avidité, était tout près d'écraser l'économie mondiale ou tout du moins a joué un rôle clé dans ce domaine en 2008. Ce que nous voyons est un excès de corruption qui commence à Londres et se termine à Londres.
L'histoire du colonialisme et son rôle aujourd'hui de seconde maison pour des criminels internationaux en provenance de pays comme le Nigeria et l'Afghanistan... Telle est la vérité du problème. Et toutes les statues dans le centre de Londres – à Downing Street, à Westminster, partout où vous allez – toutes ces statues et monuments sont des monuments rappelant l'histoire du colonialisme, du viol, de la dévastation, et de la surexploitation de pays comme le Nigeria. Lorsque nous parlons d'aide étrangère, c’est une insulte à des pays tels que le Nigeria. Nous devrions parler de réparations [à verser à ces Etats] pour cette histoire du colonialisme, qui a tant fait pour que ces pays restent sous-développés.
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