Quand un pays ne veut ou ne peut pas accueillir des migrants, l’intégration ne se passera pas bien, estime le secrétaire général adjoint de Debout la France et secrétaire départemental des Vosges Laurent Jacobelli.
RT France : Vous avez réagi sur Twitter à la nouvelle proposition de la Commission européenne d’infliger aux pays membres de l’UE une amende de 250 000 euros par réfugié refusé. Pourquoi est-ce «une folie migratoire imposée par Bruxelles» ?
La dernière folie de Bruxelles est de vouloir nous imposer l’accueil des migrants
Laurent Jacobelli (L. J.) : Bruxelles se mêle de la vie de nations souveraines et la dernière folie de Bruxelles est de vouloir nous imposer l’accueil des migrants. Ils auront tout essayé : la contrainte morale, le chantage aux frontières et maintenant la menace financière. De quel droit des bureaucrates que personne n’a élus ont-ils décidé du nombre de migrants qui doit arriver en France ? Chaque pays doit être libre de choisir combien de personnes viennent sur son territoire, dans quelles conditions et selon quelles règles. Ce n’est pas ni à Bruxelles, ni - on peut le dire, en l’occurrence - à Berlin, de décider. Imaginez, 250 000 euros par personne, imaginez ce qu’on pourrait faire avec cette somme en France, par exemple pour aider les gens qui dorment dans la rue. L’ordre des priorités de Bruxelles est devenu fou. Il y a une inversion totale des valeurs. Il faut maintenant que les bureaucrates de Bruxelles laissent les pays décider librement de leur sort.
Quand un pays ne veut ou ne peut pas accueillir des migrants, l’intégration ne se passera pas bien
RT France : Les pays de l'Europe de l’Est ont qualifié cette proposition de chantage. Peuvent-ils s’opposer à cette proposition et empêcher qu’elle soit votée ?
L. J. : Bien sûr que non puisque, comme à chaque fois, tout est décidé d’avance. Vous savez sûrement que l’Union européenne décide à quelques-uns, en général Monsieur Juncker, Madame Merkel, et qu’après ils imposent leurs vues. Les pays de l’Est auxquels vous faites référence n’ont évidemment pas les moyens de payer ces amendes. C’est donc une manière de leur mettre le fusil sur la tempe et de leurs dire «vous n’avez pas le choix, vous voulez protéger vos frontières mais nous à Bruxelles on ne le veut pas, et nous allons vous imposer des migrants». C’est une folie parce que, quand un pays ne veut ou ne peut pas accueillir des migrants, l’intégration ne se passera pas bien. Quand il n’y a pas d’emploi, quand il n’y a pas les ressources économiques, quand il n’y a pas l’envie de la population de recevoir des migrants, c’est un contre-sens de croire que l’on peut forcer le pays à accueillir des migrants.
Il y a un moment où il va y avoir un réveil des peuples, on le voit en Angleterre avec le Brexit
RT France : A quoi cette mesure peut aboutir ?
L. J. : Les dictateurs et les dictatures vont de loi en loi, de décision en décision, toujours plus loin, pour tester leur pouvoir et puis un jour le peuple se révolte. On l’a vu à peu près partout dans le monde. Il y a quelques jours, l’Union européenne nous obligeait à faire surveiller nos frontières par la Turquie. La Turquie dont la complicité, ou en tout cas la duplicité, vis-à-vis de Daesh est connue. La Turquie qui n’a pas les moyens de surveiller ses frontières. La Turquie qui ne respecte pas les droits de l’homme. Et c’est à la Turquie que nous avons livré le contrôle de nos frontières face aux flux migratoires.
L’Union européenne, dans la mesure où elle n’est pas démocratique, est rejetée par les nations démocratiques
On nous a annoncé qu’on allait échanger un migrant contre un migrant, c’est-à-dire qu’un clandestin qui arrivait avant sur le sol européen choisissait sa destination, en général l’Allemagne. Cela a énervé Madame Merkel. Donc aujourd’hui quand un migrant viendra par la Turquie, il sera imposé à un pays, la France, la Pologne, etc. Il n’y aura même plus le choix. Comme tout cela est passé comme une lettre à la poste, l’Union européenne va encore plus loin dans le cynisme, et je dirais même dans la volonté dictatoriale d’imposer ses vues. C’est l’histoire de l’amende de 250 000 euros par migrant. Mais il y a un jour où les peuples vont réagir. Nous, à Debout la France, nous avons lancé une pétition contre cet accord avec la Turquie. En deux semaines, plus de 50 000 personnes l’ont déjà signée pour dire «non, on ne veut pas que l’Union européenne choisisse pour nous, on ne veut pas de ce chantage fait aux migrants avec la Turquie». Il y a un moment où il va y avoir un réveil des peuples, on le voit en Angleterre avec le Brexit, on le voit référendum après référendum... L’Union européenne, dans la mesure où elle n’est pas démocratique, est rejetée par les nations démocratiques.
La Turquie ne peut pas être par son histoire, par son comportement actuel vis-à-vis de Daesh et de l’islamisme, un partenaire fiable
RT France : La crise des réfugiés ne fait que s’aggraver. Comment donc gérer cette crise si la Turquie n’est pas un partenaire fiable ?
L. J. : La Turquie ne peut pas être par son histoire, par son comportement actuel vis-à-vis de Daesh et de l’islamisme, un partenaire fiable. Mais l’Union européenne ne peut pas reconnaître son erreur fondatrice qui est qu’ôter le contrôle aux frontières des pays revient au chaos économique et au chaos migratoire. La seule solution aujourd’hui est que chaque pays rétablisse le contrôle aux frontières et décide de qui peut rentrer chez lui. C’est la seule solution. En France, quand quelqu’un vient sur le territoire français même clandestinement, il n’a pratiquement aucune chance d’être renvoyé chez lui. Donc il faut le contrôle aux frontières par les nations et le respect des lois par les nations. Il faut, dans un deuxième temps, à l’extérieur, faire une chasse implacable à Daesh. Comme l’a d’ailleurs fait la Russie. Mais il faut l’accompagner et détruire le mouvement Daesh. Il faut aider les pays à se développer chez eux, pas chez nous. Ce sont des solutions de bon sens, mais quand on voit les milliards qui sont déversés, six milliards à la Turquie - et cela ne prend d’ailleurs même pas en compte les dix milliards que l’Europe a donné pour l’adhésion de la Turquie - quand on regarde ces sommes colossales qui sont déversées, on se dit qu’elles seraient quand même mieux utilisées en aidant ces pays à se développer. On pourrait investir dans l’armée – on fait le contraire en France – pour exterminer Daesh. Tout est fait à l’envers en fait. On est faible à l’extérieur donc on laisse les migrants fuir des situations souvent terribles, et on est faible à l’intérieur de l’Union européenne puisqu’on laisse des bureaucrates de Bruxelles, qui vivent dans une bulle et qui n’ont pas du tout conscience des répercussions de ce chaos migratoire sur les populations, décider pour nous.
Il faut faire le tri entre les vrais et les faux réfugiés
RT France : Que faire avec les réfugiés qui sont déjà sur le territoire européen ?
L. J. : D’abord, il faut faire le tri entre les vrais et les faux réfugiés. Les médias, à longueur d’interviews et de reportages, nous font croire que tous les migrants fuient la guerre et la persécution. C’est faux. Selon les pays et les études, on remarque que c’est entre 10% et 20% des migrants qui arrivent sur le sol européen. D’abord pour les 80% qui reste, il faut leur faire respecter la loi et leur demander de quitter le sol européen. Deuxièmement, il faut faire attention pour comprendre si ceux avec des papiers syriens sont vraiment syriens. L’Allemagne elle-même a reconnu qu’un tiers des Syriens qui sont arrivés sur son territoire n’étaient pas syriens.
Sous couvert d’un faux humanisme, nous accueillons tout le monde, ouvrons nos portes, et, finalement, on n’améliore pas le sort de ceux qui ont vraiment le droit au titre de réfugié
Il faut voir qui est réellement réfugié et qui ne l’est pas. Tous ceux qui n’ont aucun droit au droit d’asile doivent être renvoyés chez eux, c’est la loi dans de nombreux pays et c’est la loi en France. Il ne faut pas créer de nouvelle loi, il suffit juste de respecter la loi. Quand on ne respecte pas la loi, être clandestin et entrer par effraction dans un pays c’est violer la loi, il faut appliquer la loi et renvoyer les gens chez eux. Pour les gens qui sont vraiment persécutés il y a le dispositif du droit d’asile, il faut bien évidemment et dans la stricte limite du droit d’asile, les accueillir et leur permettre de s’intégrer dans la population. Mais paradoxalement, le chaos migratoire dans lequel nous sommes fait que ceux qui ont fui Daesh prennent souvent la même route que des infiltrés de Daesh et se retrouvent dans des pays eux aussi victimes. Sous couvert d’un faux humanisme, nous accueillons tout le monde, ouvrons nos portes, et, finalement, on n’améliore pas le sort de ceux qui ont vraiment le droit au titre de réfugié.
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