L’Europe accorde une aide financière à la Turquie pour lutter contre les migrants tout en imposant l’austérité aux peuples européens, fait remarquer Sophie Montel, députée française Front national du Parlement européen.
RT France : Pourquoi êtes-vous contre le soutien financier à la Turquie dans la crise des migrants ?
Sophie Montel (S.M.) : D’abord parce que le rôle de la Turquie est totalement trouble dans cette submersion migratoire que l’Europe connaît depuis plusieurs mois. Nous aimerions avoir des éclaircissements notamment sur la position de la Turquie vis-à-vis de Daesh et les liens éventuels que la Turquie peut entretenir avec l’Etat islamique. Il est donc très clair qu’octroyer 3 milliards d’euros – et je rappelle d’ailleurs que la Turquie en réclamait 5 – nous a paru complétement ahurissant. C’est la raison pour laquelle nous sommes opposés à cette aide financière afin de, soi-disant, gérer la crise migratoire en Turquie. Nous avons besoin d’éclaircissements.
Nous avons également près de 6 millions de chômeurs et, donc, nous sommes assez partisans de l’adage : «Les nôtres avant les autres»
RT France : Les autorités turques affirment que les 3 milliards d’euros ne suffisent pas à gérer cette crise. Comment, à votre avis, va réagir Bruxelles ?
S. M. : Je pense que l’Union européenne va céder à la demande de la Turquie, concernant le groupe Europe des nations et des libertés, et le groupe Front national en particulier, nous lutterons évidemment contre une aide, qu’elle soit de 3 ou de 5 milliards d’euros. En France, nous avons 9 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté, dont 3 millions d’enfants. Nous avons également près de 6 millions de chômeurs et, donc, nous sommes assez partisans de l’adage : «Les nôtres avant les autres». Cette crise migratoire et cet afflux de migrants, qui est apparu d’une manière assez soudaine, assez étrange, sur le continent européen, nous laisse à penser que tout cela est orchestré. Cela n’arrive pas comme ça du jour au lendemain. On peut subodorer qu’il y a d’autres intérêts derrière tout ça. Notre position est donc très claire : nous estimons que nous avons assez d’immigration légale et nous luttons évidemment contre l’immigration illégale et contre l’arrivée de ces migrants. La France n’est pas en état d’accueillir toute la misère du monde, parce que si nos politiques de l’UMPS veulent accueillir toutes les personnes qui sont persécutées ou sont en guerre dans le monde, il faudra que l’Europe s’apprête à accueillir près de 290 millions de personnes et c’est parfaitement impossible. Je rappelle que nous avons des difficultés en Europe, et en France en particulier, des difficultés économiques. L’Europe impose l’austérité au peuple français et, comme par enchantement, le gouvernement français trouve des dizaines et des dizaines de millions d’euros à débloquer pour le logement, l’accueil, l’arrivée, la scolarisation de ces migrants arrivés clandestinement. Malheureusement, avec l’espace Schengen et les politiques gouvernementales mises en place par l’UMP et le Parti socialiste, les clandestins ne sont jamais reconduits aux frontières, mais restent sur le territoire national du fait que pour l’instant nous n’avons plus la maîtrise de nos frontières nationales.
La philanthropie, tous les bons sentiments que met en avant l’Union européenne, ce sont des sentiments qui sont à géométrie variable, suivant le pays auquel ils s’adressent
RT France : Est-ce que vous considérez la Turquie comme un partenaire fiable dans la lutte contre l’immigration clandestine ?
S. M. : Non. Tant qu’il n’y aura pas d’éclaircissementssur la position de la Turquie vis-à-vis de l’Etat islamique, le fondamentalisme islamiste – on sait très bien et cela a été démontré par les Russes d’ailleurs, que le fils de Recep Tayyip Erdogan avait visiblement des liens assez troubles avec des fondamentalistes islamistes. Si l’Union européenne était une structure qui marchait de manière tout à fait loyale, si on était objectifs, on aurait pu avoir une commission d’enquête menée par l’Union européenne, concernant notamment l’avion russe qui a été abattu aux frontières de la Turquie. Nous sommes pour la levée des sanctions contre la Russie et nous notons de manière très calme et très posée que la philanthropie, tous les bons sentiments que met en avant l’Union européenne, ce sont des sentiments qui sont à géométrie variable, suivant le pays auquel ils s’adressent.
Nous ne sommes pas dans une situation économique qui nous permette de dilapider l’argent des contribuables français, italiens, allemands, britanniques.
RT France : Pensez-vous que l’UE va accéder aux demandes de la Turquie et lui octroyer une augmentation de l’aide financière pour prendre en charge les réfugiés allant jusqu’à 5 milliards d’euros ?
S. M. : Dans ce Parlement européen, hélas, il n’y aura pas de suspens en matière de résultat : cette aide sera octroyée à la Turquie. Je dis bien hélas, mais je pense que c’est un puit sans fond, puisque la Turquie reviendra taper le distributeur automatique de l’Union européenne en disant : «Nous avons des flux migratoires qui arrivent, nous devons gérer l’arrivée de ces réfugiés». Et l’Union européenne continuera à cracher au bassinet. Il y a donc une espèce de distorsion. Nous ne sommes pas dans une situation économique qui nous permette de dilapider l’argent des contribuables français, italiens, allemands, britanniques.
En plus, très objectivement, je pense que si on faisait un referendum en France, il y aurait un «non» massif. La France peut donner à l’extérieur l’image d’un pays très prospère – évidemment nous sommes un pays plus prospère par rapport à d’autres –, mais je peux vous assurer qu’il y a énormément de problèmes en France, une grande paupérisation.
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