La gauche ne serait pas la gauche si elle mettait la morale avant l’efficacité, l’éthique de conviction avant celle de responsabilité, la défense des principes avant l’efficacité de la riposte terroriste. L’état d’urgence est donc une pure illusion.
Il y a une semaine, un djihadiste équipé d’une fausse ceinture d’explosifs s’en prenait aux policiers du 18ème arrondissement de Paris. Et comme il devenait très menaçant il a été abattu. Par précaution. Lundi dernier, un professeur juif marchant dans les rues de Marseille avec sa kippa sur la tête a été agressé à la machette par un apprenti djihadiste de 15 ans qui s’était radicalisé sur internet. Il n’y a pas de jour ou de semaine, depuis les horribles attentats du 13 novembre, où l’on n’ait pas assisté à un fait divers plus ou moins grave, mais dont l’auteur se réclamait toujours de l’Etat islamique.
L’institution de l’état d’urgence n’a pas fait diminuer d’un cheveu la menace terroriste
L’humoriste Coluche disait : «plus je vois de flics (policiers) plus j’ai peur». Cette boutade pourrait être reprise aujourd’hui dans les mêmes termes dans la mesure où l’institution de l’état d’urgence dans la nuit du 13 au 14 novembre dernier n’a pas fait diminuer d’un cheveu la menace terroriste. Au contraire, les magasins se sont vidés, les salles de spectacles ou les restaurants aussi. Et quelles que soient les mesures sécuritaires prises par François Hollande et Manuel Valls, les Français ont peur. Et ils ont des raisons d’avoir peur. Dans la mesure où l’instauration de cet état d’urgence n’a rien changé. Elle n’a même pas empêché le cambriolage d’une bijouterie de grand luxe située à 100 mètres de l’Elysée au cœur même d’un quartier où il n’est même plus possible d’être un simple piéton.
Il y a une partie de l’aspect pratique lié à l’état d’urgence qui fonctionne bien. Ce sont les perquisitions de nuit, les écoutes sans autorisation administrative ou les poursuites judiciaires contre des journalistes
Faut-il en conclure que nos forces de l’ordre ne font pas leur travail ou qu’elles sont dépassées par l’ampleur de la tâche ? Non. Bien sûr que non. Il y a une partie de l’aspect pratique lié à l’état d’urgence qui fonctionne bien. Ce sont les perquisitions de nuit, les écoutes sans autorisations administratives ou les poursuites judiciaires contre des journalistes ayant pointé les failles du dispositif anti-terroriste français. Le vrai problème tient aux moyens annoncés en soldats, en gendarmes ou en policiers. Ils ne sont pas assez nombreux tout simplement pour remplir toutes les missions dévolues dans le cadre de l’état d’urgence. Le soir des messes de minuit, il fallait 15 000 militaires pour assurer la protection des fidèles. De fait, les catholiques désireux de célébrer la naissance du Christ sans risquer une fusillade se sont organisés eux-mêmes pour faire la surveillance des églises. Mais il y a aujourd’hui moins de protection dans la capitale, dans les gares, dans le métro ou auprès des journaux qu’après les évènements de janvier 2015. Quant à la cellule téléphonique destinée à recevoir les signalements de possibles terroristes, elle devait comprendre 25 policiers. Ils ne sont en fait que 4 et ne peuvent répondre à tous les appels.
Tout cela arrange bien la gauche qui n’aime pas prendre des mesures de sécurité qui passent par une restriction des libertés (on le voit avec le débat surréaliste sur la déchéance de nationalité). Tout cela facilite la vie des socialistes qui préfèrent se situer sur le terrain de la morale et des principes que sur celui des garde à vue préventives ou des surveillances systématiques des plus de 11 000 binationaux «fichés S» et donc potentiellement dangereux comme l’étaient les terroristes du 13 novembre. Le problème c’est que la morale et les principes ne font pas partie des lois du terrorisme. Ce son des mots que Daesh ne connaît pas. Et plus la France se montrera faible, divisée, et incapable de se protéger, plus elle sera vulnérable à de nouveaux attentats. Des attentats à la petite semaine comme ceux auxquels on a hélas assisté ces derniers jours. Et des tueries bien plus violentes destinées à plonger les Français en état de choc, de sidération et enfin de soumission.
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