Alors que la Slovénie a voté par référendum à plus de 60 % pour l'abrogation de la loi autorisant le mariage homosexuel, votée par les députés il y a 10 mois, RT France s'est entretenu avec Ludovine de La Rochère, présidente de 'La Manif pour tous'.
RT France : Quelle est votre réaction vis-à-vis du référendum en Slovénie qui a a refusé le mariage homosexuel ?
Ludovine de la Rochère (LDLR) : La 'Manif pour tous' se rejouit de cette victoire au référendum pour le mariage et pour la famille. C'est un référendum qui a montré qu'il fallait protéger le mariage qui est l'union exclusive entre un homme et une femme dans le but de fonder une famille, d'avoir des enfants et de les protéger.
Ce qui est très intéressant dans le cas de la Slovénie, c'est qu'on voit clairement que lorsque le peuple est consulté, malgré ce qui avait été précédemment décidé, il s'exprime et montre son attachement à l'affiliation père-mère-enfant et est par conséquent fondé sur le couple homme-femme.
RT France : Comment expliquez vous cette différence d'appréciation entre la décision prise par les élus du peuple et le peuple lui-même dont le vote va finalement contre la décision de ses représentants ?
LDLR : Malheureursement dans beaucoup de pays, dont la France, on a constaté à maintes reprises que les élus ne sont pas représentatifs du peuple lorsqu'il s'agit de ces sujets là. C'est un véritable problème de démocratie. Quand la manif pour tous a commencé à mobiliser les gens et à intervenir, nous avons très vite été obligés d'intégrer dans nos slogans l'appel à nos dirigeants français à respecter la démocratie et le peuple français.
Cette question humaine et fondamentale est malheureusement révélatrice d'un problème de démocratie. Cela montre bien que nos représentants sur ces sujet sont manifestement tellement impressionés et dirigés par certains lobbys qu'ils oublient même que le mariage, c'est la famille. Le tout, au point de piétiner la démocratie et de ne plus prendre en compte l'avis réel de la population.
Heureusement en Slovénie, il y a eu un référendum. En France, on avait demandé à ce qui'll y ait un référendum aussi, ou du moins des moyens d'expression et de parole véritables au peuple français. Mais manifestement, par peur de l'opinion publique réelle, tout a été fait pour éviter de consulter l'ensemble du peuple français.
RT France : Pourtant en France, le référendum sur ce genre de questions n'est pas permis par la constitution qui ouvre cette possibilité uniquement pour ce qui touche à des sujets de réformes importantes des institutions publiques...
LDLR : En France, à l'hiver 2012-2013, les modalités sur la tenue d'un référendum n'étaient pas encore promulguées. Puis les décrets d'application ont finalement été mis en place fin 2015, comme par hasard, bien après la promulgation de la loi Taubira. Encore une fois, tout a été fait pour que la réelle consultation du peuple français ne soit pas possible.
Le peuple français dans son intégralité n'a pas le même pouvoir, ni les mêmes possibilités de faire campagne et d'apparaître dans les médias que le pouvoir en place. Dans la loi, en principe, le peuple a la parole à égalité avec les dirigeants, mais dans les faits, ce n'est pas du tout le cas, voire le contraire. Ainsi, le pouvoir vote des lois sur des sujets qui sont des enjeux de société et à propos desquels le peuple français ne peut rien dire et ne peut pas s'exprimer.
Par ailleurs, en sortant des frontières françaises on voit bien que, dans un grand nombre de cas, notamment aux Etats-Unis, lorsqu'il y a eu véritablement une consultation des citoyens, ces derniers se sont prononcés contre le mariage homosexuel.
Si un véritable processus démocratique avait eu lieu en France, il n'y aurait probablement jamais eu de vote de la loi Taubira
RT France : Pourtant, en Irlande, qui est un pays très catholique, le mariage homosexuel a bien été adopté par référendum...
LDLR : Oui, car le lobby LGBT irlandais a reçu des millions et des millions dollars de la part d'organisations américaines, ce qui leur a permis de mener une campagne omniprésente pour le 'oui', les médias y étant eux aussi favorables. Et finalement, toutes les associations qui voulaient ouvrir le débat sur cette question et qui étaient défavorables au mariage homosexuel ne parvenaient pas à se faire entendre.
De nouveau, il y a eu un vrai problème démocratique que pour ma part, je regrette. Le processus n'a absolument pas été équilibré. D'autre part, en Irlande, le mariage civil est complétement distinct du mariage religieux. Les catholiques irlandais, qui sont une immense majorité, ne passent pas par la «case mairie».
Par ailleurs, pour revenir au cas français, en février mars 2013, lorsque les sondages commençaient à montrer qu'une majorité de la population était contre l'adoption et le mariage entre deux hommes et deux femmes, monsieur Hollande a acceléré le processus parlementaire et a fait passer la loi à l'assemblée très rapidement après le vote au sénat dans des conditions déplorables.
Si un véritable processus démocratique avait eu lieu en France, il n'y aurait probablement jamais eu de vote de la loi Taubira. D'ailleurs un sondage paru dans Valeurs actuelles a montré que 54% des français étaient défavorables à cette loi.
RT France : Plusieurs politiques ont critiqué le pape François pour avoir donné une consigne de vote aux électeurs slovènes. Pour vous, le pape a-t-il un rôle à jouer dans la vie politique ? A-t-il une légitimité à donner son avis et des conseils de vote ?
LDLR : Bien sûr qu'il a cette légitimité ! L'Eglise catholique et le pape défendent le mariage homme-femme comme un sacrement et prennent en compte la réalité de l'humanité, la réalité de la famille. Je suis persuadée que dans le cas de la Slovénie, il était très important pour le peuple slovène qui se sent catholique, d'avoir l'avis du pape. Personne n'oblige ceux qui ne sont pas catholiques à entendre la parole du souverain pontife. Le pape lui, s'adresse en premier lieux à tous les catholiques.
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