Le député français Christian Hutin analyse le développement de la guerre contre Daesh après la destruction du bombardier russe Su-24 en Syrie par les forces armées turques.
RT France : Comment à votre avis la France doit réagir à l’incident qui s’est passé avec l’avion russe abattu par les militaires turcs ?
Christian Hutin : Je fais partie, comme vous le savez, des trois parlementaires français de la majorité qui se sont rendus en Syrie il y a maintenant deux mois, et que nous ne sommes pas sur la même ligne que la politique diplomatique de la France actuellement. Je considère en effet que l’idée qui est celle du président Poutine d’une grande coalition est une nécessité et on voit aujourd’hui que le fait que tout part dans tous les sens, des intérêts divergents et des attitudes ambigües pour un certain nombre de pays posent problème, un problème qui est aujourd’hui encore plus criant avec la destruction de ce bombardier Su-24.
La Turquie a une attitude pour le moins ambiguë dans le conflit avec Daesh
RT France : Et comment selon vous la France doit réagir à cet incident, est-ce qu’elle doit le condamner, prendre ses distances avec la Turquie ? Quelle doit être sa réaction ?
C.H. : Je considère que la Turquie a une attitude ambiguë, d’au moins, dans ce conflit. Tout le monde sait que tous ceux qui se battent sur le terrain aujourd’hui sont les troupes syriennes, il y a aussi un certain nombre d’Iraniens et également des troupes kurdes et la Turquie a une attitude très ambigüe vis-à-vis des Kurdes. Je pense que la Turquie ne joue pas le jeu de la coalition anti-Daesh en s’attaquant à des avions russes qui eux participent à l’éradication de ce mal absolu qu'est Daesh.
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RT France : Est-ce que la France doit privilégier ses engagements au sein de l’OTAN, où la Turquie est aussi membre, ou c’est la lutte contre le terrorisme qui est sa priorité en ce moment ?
C.H. : Mon point de vue personnel est que la lutte contre le terrorisme doit être un engagement absolu, la lutte contre Daesh doit être un engagement absolu. Je n’ai jamais été partisan de la réintégration de la France au sein de l’OTAN, je ne le suis toujours pas, je suis chevènementiste, je partage la vision gaullienne et je pense que le président Poutine avait raison dans son discours à l’ONU en exprimant le fait qu’il fallait d’abord s’intéresser à Daesh et quand on voit que des gens qui sont censés être alliés abattent des avions alors que on est censé lutter contre le même ennemi, c'est quelque chose qui n’est pas possible et d’irréaliste si on veut réussir un jour à éradiquer Daesh.
J’espère que la Turquie va clarifier, en particulier, ne serait-ce qu’au niveau économique, sa situation par rapport au pétrole qui transite chez elle
RT France : Vous étiez parmi les députés qui se sont rendus en Syrie, quels sont les pays selon vous qui doivent faire partie de la coalition anti-Daesh ?
C.H. : Je suis partisan que tous les pays fassent partie de la coalition. Je dis que le discours du président Poutine était particulièrement au point sur ce le sujet. L’évolution de la politique française depuis malheureusement les drames qui nous ont touchés est réelle, elle n’est peut-être pas encore suffisante. J’espère que les américains ne seront pas trop atlantistes, j’espère que la Turquie va clarifier, en particulier, ne serait-ce qu’au niveau économique, sa situation par rapport au pétrole qui transite chez elle. Donc, ma position c’est une grande coalition de l’ensemble des pays pour éradiquer Daesh. Il n’y a pas d’hésitation à avoir, tout le monde doit se mettre autour de la table. On a su le faire en 1940 on doit être capable de le faire aujourd’hui.
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