Edward Snowden : «Je suis satisfait des choix que j'ai faits»

Edward Snowden : «Je suis satisfait des choix que j'ai faits» Source: Reuters
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Le lanceur d’alerte Edward Snowden a accordé une interview au journal suédois Dagens Nyheter à Moscou dans laquelle il affirme qu’il ne regrette rien et aborde des sujets comme Daesh, la CIA ou la surveillance de la NSA.

L’interview, recueillie par deux journalistes suédoises Lena Sundström et Lotta Härdelin, s’est déroulée dans un hôtel moscovite. Comme on peut s’y attendre, au début de l’interview, elles lui ont demandé comment il allait. Question ordinaire et banale pour le commun des mortels, ce qui n’est pas forcément le cas du lanceur d’alerte américain réfugié en Russie.

«Il est très difficile pour moi de parler de ma vie à Moscou parce que tout ce que je dis sera utilisé par les Etats-Unis. Si je parle en bien de la Russie, du genre, "ce pays n’est pas l’enfer", ils diront que "je suis tombé amoureux du Kremlin". Si je dis des choses négatives, ce sera la même chose. Ils diront "Oh, il déteste la Russie, vous savez, c’est un misérable"», a répondu Edward Snowden.

Mais cela n’a pas empêché le lanceur d’alerte américain de parler de ce qui lui manque le plus : sa famille. «Je suis très satisfait des choix que j’ai faits. Je peux toujours voir ma famille quand elle vient me voir ici. Je peux parler à n’importe qui n’importe où», a-t-il précisé, ajoutant que les conditions d’exil avaient changé compte tenu de la modernité du monde actuel.

«Lorsque les gens vivaient en exil, ils perdaient leurs relations, perdaient leur raison d’être, leur influence dans le débat politique… Mais la technologie a changé tout ça. Les stratégies basées sur l’exil commencent à échouer», a fait remarquer Edward Snowden.

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Concernant les tortures de la CIA

Edward Snowden a trouvé «vraiment bizarre la façon avec laquelle le gouvernement des Etats-Unis gérait la question de la torture».

«On sait qu’il y avait des employés de la CIA qui voulaient en parler mais ils se disaient stressés. Certains ont même demandé à être réaffectés parce qu’ils ne supportaient plus les événements dont ils étaient témoins et qu’ils voulaient faire quelque chose. Mais au lieu de leur donner un moyen de raconter les méfait dont ils avaient été témoins, la CIA leur a demandé de cesser de répertorier ces cas d’abus», a souligné le lanceur d’alerte.

Il a accusé le gouvernement des Etats-Unis voulu éviter les problèmes en cachant ces mauvaises actions plutôt que d’essayer de les régler, même si cette façon de faire pouvait engendrer des menaces plus importantes. Edward Snowden a également estimé que les pays étrangers qui avaient accueilli les bases secrètes et les centres de torture de la CIA avaient créé un précédent regrettable pour le monde entier: «Ces pays commencent par penser que ce n’est pas grave, qu’ils peuvent faire ces choses au motif que si les Etats-Unis le font, cela doit être permis», a-t-il expliqué.

«Mais en fin de compte, ces choses vont ressortir. On ne peut pas garder un secret aussi horrible pour toujours. On peut le conserver pendant des années ; il peut être conservé pendant des décennies, mais un jour, il fera surface et vous devrez en payer le prix moral. En fait, on dépense de l’argent pour nous tirer une balle dans le pied», a poursuivi Edward Snowden, estimant que l’indifférence du monde sur la question de la torture était «légitimée par la peur du terrorisme».

Concernant les attaques de drones américains et Daesh

En parlant du document classifié de la CIA intitulé Documents sur les Drones qui relate que sur dix personnes tuées par des drones, neuf ne sont pas des «cibles», Edward Snowden a précisé que Washington n’utilisait pas ses drones contre des personnes mais contre des téléphones. «Ils ne savent pas si c’est le terroriste, ou bien sa mère, qui utilise le téléphone. C’est pour cela qu’autant de frappes opérées par des drones se passent mal, qu’autant de célébrations de mariage ont été touchées», a-t-il déploré.

«Quand j’ai vu Documents sur les Drones, je n’ai pas hésité une seconde à me dire que c’était l’affaire de sécurité la plus importante de l’année», a-t-il poursuivi. Le lanceur d’alerte a aussi ajouté que le programme des drones «a créé plus de terroristes qu’il n’en a tués».

En ce qui concerne Daesh, Edward Snowden est persuadé «qu’il n’y avait aucun Daesh avant qu’on commence à bombarder ces pays. La plus grande menace à laquelle on fait face dans la région est née de nos propres politiques». Il accuse en outre les Etats-Unis de penser «à un niveau émotionnel, pas au niveau rationnel lorsqu’ils lancent une réponse immédiate qui n’a pas de sens», a-t-il précisé.

Sur la surveillance massive

D’après Edward Snowden, même si certains pensent qu’ils n’ont «rien à cacher», ils doivent s’opposer aux méthodes utilisées par la CIA. «Il ne s’agit pas d’avoir quelque chose à cacher, mais d’avoir quelque chose à perdre. Ce que l’on perd lorsqu’on vit sous observation permanente, c’est notre humanité. Ce qui nous structure, ce qui fait notre individualité, c’est le fait que nous pouvons penser, que nous pouvons nous développer», a-t-il précisé.

Il a aussi fait remarquer qu’ «invoquer que vous n’attachez pas d’importance à la protection de la vie privée parce que vous n’avez rien à cacher, revient à dire que vous n’avez rien à faire de la liberté d’expression parce que vous n’avez rien à dire, ou à la liberté de la presse parce que vous n’êtes pas journaliste. Dans les sociétés, les droits sont collectifs et individuels. On ne peut pas violer les droits d’une minorité même si une majorité le décide. Les droits sont inhérents à notre nature, ils ne sont pas octroyés mais garantis par les gouvernements. Ils sont protégés par les gouvernements».

Edward Snowden est un ancien employé de la CIA qui a révélé en 2013 les programmes de la surveillance massive du gouvernement américain. A l’heure actuelle, il réside en Russie où il a obtenu le droit d’asile après que Washington l’a accusé de vol et d’espionnage.

En ce qui concerne son statut de lanceur d’alerte, Edward Snowden a souligné lors de cette interview que «le statut de lanceur d’alerte ne parle pas de ce que vous êtes, mais de ce que vous avez vu. Les lanceurs d’alerte sont choisis par les circonstances, tout le monde peut le faire. Il s’agit de gens qui voient, qui réfléchissent et qui, éventuellement, réagissent». 

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