La Pologne envisagerait une entrée de ses troupes en Ukraine, selon le renseignement russe
D'après le renseignement russe, la Pologne préparerait, aidée par Washington, une opération qui lui permettrait d'imposer son contrôle militaire sur «ses possessions historiques» en Ukraine, au prétexte de protéger son voisin. Varsovie dément.
Selon le directeur du service russe des renseignements extérieurs, Sergueï Narychkine, qui s'est exprimé dans un communiqué le 28 avril sur le sujet, la Pologne élaborerait, avec les Etats-Unis, un plan visant à rétablir le contrôle de Varsovie sur les territoires qu'elle a possédés par le passé en Ukraine.
La première étape d'une telle opération consisterait en l’entrée de troupes polonaises présentés comme des «gardiens de la paix» dans l'ouest du pays, en invoquant une «protection contre l’agression russe» – en référence à l'opération militaire menée par la Russie en Ukraine depuis fin février. Et, si les modalités seraient selon Sergueï Narychkine en cours de discussion avec l’administration Biden, l'opération devrait s'effectuer sans mandat de l’OTAN, mais avec la participation des «Etats qui le souhaitent».
Toujours selon le directeur du service russe des renseignements extérieurs, le contingent polonais devrait être déployé dans les régions où la menace d’une confrontation directe avec les forces armées russes est minimale. Les autorités polonaises parieraient sur le fait qu'une installation de troupes en Ukraine occidentale amènerait très probablement une division du pays à leur bénéfice, puisque Varsovie prendrait de fait le contrôle des territoires où entreraient les «soldats polonais de la paix».
Il s’agirait d’une tentative de rééditer l'accord conclu après la Première Guerre mondiale, lorsque les pays victorieux de la Triple Entente avaient reconnu à Varsovie le droit d'occuper une partie de l’Ukraine pour protéger sa population de la «menace bolchevique» venant de Russie.
La Pologne dément les accusations du renseignement russe
Selon l'agence Tass, les autorités polonaises démentent avoir l'intention d'établir un contrôle militaro-politique sur les régions occidentales de l'Ukraine.
D'après l'agence de presse russe, un porte-parole du ministre polonais chargé de la coordination des services de renseignement a qualifié ces allégations de «fausses», affirmant que leur diffusion visait à saper la coopération entre la Pologne et l'Ukraine.
Troubles aux portes de l'Ukraine
Des territoires frontaliers de l'Ukraine feraient par ailleurs déjà l'objet d'une déstabilisation accrue, comme le redoute l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) : en Transnistrie, région séparatiste de Moldavie dont de nombreux habitants disposent d'un passeport russe, une série d'attaques a conduit les autorités locales à déclarer un niveau d'alerte «rouge» le 26 avril. Moscou considère ces attaques comme «des actes de terrorisme visant à déstabiliser la situation dans la région», et a demandé «une enquête approfondie et objective» pour déterminer les circonstances exactes des incidents.
De son côté, Kiev accuse Moscou de velléité déstabilisatrice dans la région : le conseiller de la présidence ukrainienne Mikhaïlo Podoliak a ainsi affirmé que «la Russie veut déstabiliser la région de Transdniestrie» (soit la Transnistrie).