Portugal : la gauche, majoritaire au Parlement, dans les pas de Syriza ?
Alors que l’UE connaît une percée de mouvements dont le programme anti-austérité est plus ou moins radical, comme Syriza en Grèce ou Podemos en Espagne, une union de la gauche inédite pourrait suivre la même voie au Portugal.
La situation est curieuse mais le Premier ministre portugais de centre-droit, Pedro Passos Coelho, fraîchement arrivé au pouvoir à l’issue des élections législatives du 4 octobre, pourrait tomber à brève échéance. Minoritaire au sein de l’Assemblée nationale (107 députés sur 230), la coalition qu’il conduit fait face à l’opposition d’un groupe parlementaire composé de différentes formations de gauche qui, lui, est majoritaire (122 députés). Lors des dernières élections, la coalition de droite a recueilli 38,5% des suffrages, contre 50,7% pour son homologue de gauche.
"The upset in #Portugal has caught Europe's elites off guard." #legislativas2015#AntonioCosta | https://t.co/zc83LNgYRm
— Joana Ramiro (@JoanaRamiroUK) 22 Octobre 2015
Alors que le programme du nouveau gouvernement doit être présenté le 9 novembre au Parlement, l’union inédite de la gauche portugaise (qui regroupe Parti socialiste, Parti communiste, Bloc de gauche et écologistes) a d’ores et déjà annoncé qu’elle voterait une motion de rejet. «Nous sommes en mesure de proposer une solution alternative en vue d'un gouvernement solide», a en outre affirmé le chef du groupe parlementaire. Si les actes viennent se greffer aux paroles, le gouvernement devra démissionner et il appartiendra alors au président du Portugal, soit de reconduire Coelho, soit, plus vraisemblablement, de nommer Premier ministre le chef du Parti socialiste, Antonio Costa.
L’union de la gauche portugaise : entre anti-austérité et apaisement vis-à-vis de Bruxelles
En campagne, Antonio Costa adoptait un ton résolu, affirmant vouloir tourner «la page de l’austérité», souhait partagé par ses alliés de la gauche radicale. Par la suite, il s’est montré plus rassurant à l’égard de l’Union européenne, déclarant : «le PS n’est pas passé du côté des partis anti-européens. Nous avons négocié [avec la gauche radicale] un programme commun qui ne mettra pas en question les engagements du Portugal comme membre actif d’une eurozone en danger».
Portugal's Socialist leader Costa promises alternative to austerity: Antonio Costa is more popular than the So... http://t.co/JadNAHLRjF
— feedsynbot (@feedsynbot) 2 Octobre 2015
Le quotidien national Publico a ironisé sur le fait que le parti était «si européiste qu’il faut parler français ou anglais pour savoir ce qu’Antonio Costa pense», faisant référence aux déclarations plus conciliantes faites par le politicien socialiste un peu partout en Europe.
Dans un pays européen lourdement affecté par le problème de la dette, l’initiative portugaise n’est pas sans rappeler l’épopée du premier parti grec, Syriza, regroupant lui aussi différents courants de gauche. Si Antonio Costa a évoqué la comparaison, déclarant à l’AFP que «l’Europe peut rester tranquille. Le PS n’est pas Syriza», force est de constater que la contestation de l’austérité croît fortement au sein de la population.
Le gouvernement de centre-droit, au pouvoir depuis quatre ans, peine à convaincre de nombreux électeurs dont les espoirs se tournent vers les partis de gauche. Frappé de plein fouet par la crise économique, le Portugal connaît aujourd’hui un taux de chômage de 12,1%, et de pauvreté de 19,5%. Le plan d’aide européen, entamé en 2011 et clôturé en 2014, dénoncé par la gauche comme étant de l’austérité, n’a pas apporté les résultats escomptés. La dette du pays s’élève à 127% du PIB et le déficit budgétaire était, en 2014, de 7%.