Daesh-K : qui est ce groupe djihadiste qui a revendiqué l'attentat à l'aéroport de Kaboul ?
Le double attentat-suicide perpétrée dans l'aéroport de la capitale afghane aurait été commis par l'Etat islamique au Khorassan, une émanation locale de Daesh créée par des islamistes qui reprochent aux Taliban d'être trop modérés.
Le bilan de la double attaque-suicide perpétrée le 26 août à l'aéroport de Kaboul s'élève désormais à 85 morts et plus de 160 blessés. Cet attentat a été revendiqué par le groupe Etat islamique au Khorassan (Daesh-K), une organisation islamiste issue des Taliban, mais auxquels ils sont désormais opposés.
Une scission des Taliban
Daesh-K a été créé en janvier 2015 – à l'apogée de Daesh en Irak et en Syrie – par d'anciens cadres des Taliban afghans et du Tehrik-e-Taliban Pakistan ayant prêté allégeance au chef de l'Etat islamique en Irak et au Levant Abou Bakr al-Baghdadi, comme le précise Ouest-France.
Les deux premiers chefs du groupe – Abdul Rauf Aliza et Hafiz Saeed Khan – ont tous deux été tués par des frappes aériennes américaines en Afghanistan en 2015 et 2016. Le chef actuel de Daesh-K est Shahab al-Muhajir, qui aurait été un commandant de niveau intermédiaire dans le réseau Haqqani, une force insurgée afghane liée aux Taliban.
Le nom de cette «filiale» de Daesh vient de la région de Khorassan, un territoire qui englobait autrefois l'Afghanistan ainsi que le sud du Turkménistan, de l'Ouzbékistan et du Tadjikistan. Khorassan est également considéré comme le nom médiéval de l'Afghanistan par les Afghans, et est aujourd'hui le nom d'une région située dans le nord-est de l'Iran.
Daesh-K est basé dans la province orientale de Nangarhar, à proximité des routes empruntées par le trafic de drogue et d'êtres humains depuis et vers le Pakistan.
Un groupe extrémiste ultra-violent
La BBC présente Daesh-K comme le plus extrême et le plus violent des groupes djihadistes en Afghanistan. Egalement présent au Pakistan, l'organisation recrute des djihadistes de ces deux pays – notamment des membres des Taliban qui ne considèrent pas leur propre organisation comme suffisamment extrême, et qui lui reprochent leurs compromis avec l'Occident, comme le relève le journaliste Douglas Herbet sur France 24.
Selon le Center for Strategic and International Studiesde Washington, Daesh-K a mené près de 100 attaques contre des civils en Afghanistan et au Pakistan en 2017 et 2018, en plus d'environ 250 affrontements avec les forces de sécurité américaines, afghanes et pakistanaises. Ces dernières années, Daesh-K a été accusé d'avoir ciblé des écoles de filles, des hôpitaux, et même une maternité où il aurait abattu des femmes enceintes et des infirmières, selon la BBC. En août 2019, le groupe commet un attentat lors d'un mariage chez les Hazaras chiites de Kaboul – qu’il considère hérétiques –tuant 96 personnes, comme le rappelle Ouest-France. En 2020, Daesh-K a revendiqué l'attaque de l'université de Kaboul, ainsi que le tir de roquettes sur le palais présidentiel et sur l'aéroport de la capitale afghane. En janvier, des responsables afghans ont déclaré avoir arrêté plusieurs membres de Daesh-K qui envisageaient d'assassiner Ross Wilson, un haut diplomate américain en poste à Kaboul.
A son apogée, le groupe comptait environ 3 000 combattants, mais il a subi d'importantes pertes dans les affrontements avec les troupes américaines et afghanes, ainsi qu'avec les Taliban. Selon un rapport de l'ONU publié en juin dernier, Daesh-K dispose désormais d'un noyau dur d'environ 1 500 à 2 200 combattants, qui s'est à son tour décentralisé en petites cellules.
Reste à savoir si le chaos créé par la prise de pouvoir des Taliban et le retrait précipité des troupes américaines d'Afghanistan seront un terrain propice à une croissance de ce groupe.