L'armée israélienne revendique des raids aériens sur le Liban pour la première fois depuis 2014
- Avec AFP
L'aviation israélienne a revendiqué l'attaque de «sites de lancement et des infrastructures terroristes au Liban, d'où des roquettes ont été tirées». Ses dernières frappes aériennes connues sur ce pays voisin remontaient à 2014.
Ce 5 août, l'aviation israélienne a revendiqué ses premiers raids au Liban depuis des années, affirmant avoir visé des sites de lancement de roquettes après des tirs depuis le sud-Liban vers le nord d'Israël.
«Des avions de combats de l'armée ont visé des sites de lancement et des infrastructures terroristes au Liban, d'où des roquettes ont été tirées», a ainsi fait savoir l'armée dans un communiqué, sans nommer le Hezbollah, mouvement armé libanais très influent dans le sud du Liban.
L'aviation israélienne bombarde régulièrement des positions présumées du mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza et mène également des frappes en Syrie, où elle vise des positions d'éléments pro-iraniens. Cependant, ses dernières frappes aériennes revendiquées au Liban remontaient à 2014, a confirmé à l'AFP l'armée israélienne, et s'inscrivent dans la foulée d'échanges de tirs à la frontière.
Selon la chaîne libanaise pro-Hezbollah Al-Manar, deux raids ont eu lieu le 5 août vers 0h40 (le 4 août à 23h40 heure de Paris) dans le secteur de Mahmoudiya, à une dizaine de kilomètres de la frontière entre les deux pays.
Le quotidien libanais Al-Akhbar, également pro-Hezbollah, a accusé Israël d'avoir franchi «une ligne rouge» avec ces frappes qui constituent un «développement dangereux». Elles ont touché une zone inhabitée, selon Al-Akhbar.
Il s'agit du «premier recours d'Israël à ses forces aériennes pour cibler des villages libanais depuis 2006», a déclaré ce 5 août le président libanais Michel Aoun dans un communiqué. Ceci «suggère une intention d'intensifier les attaques» contre le Liban, a-t-il estimé. Les dernières frappes aériennes israéliennes contre le territoire libanais avaient eu lieu près de la frontière avec la Syrie en 2014, mais elles n'ont pas visé les bastions du Hezbollah – situés dans le sud du Liban – depuis le conflit de 2006 entre l'Etat hébreu et le mouvement chiite.
Trois séries de frappes à la suite du lancement de trois roquettes vers Israël
Le 4 août, trois roquettes ont été lancées depuis le sud du Liban vers le nord d'Israël, selon Tsahal : deux d'entre elles sont tombées sur le sol israélien et la troisième n'a pas traversé la frontière. Aucun blessé n'a été rapporté mais quatre personnes en état de choc ont été prises en charge par la Magen David Adom, l'équivalent israélien de la Croix-Rouge.
Peu après ces tirs, l'armée israélienne a lancé trois séries de frappes d'artillerie en direction du Liban.
Le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a demandé d'après le ministère à ce qu'un «message ferme» soit adressé à la Finul, la Force intérimaire des Nations unies au Liban déployée dans le sud du pays. Présente au Liban depuis 1978, la Finul surveille depuis 2006 la frontière israélienne en coordination avec l'armée libanaise et veille à l'application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, adoptée après la guerre ayant opposé Israël au Hezbollah.
Le commandant de la mission onusienne, le général Stefano Del Col, a appelé «les parties [à] cesser le feu et faire preuve d'une retenue maximale pour éviter une escalade, particulièrement en ce jour d'anniversaire solennel», a indiqué la Finul le 4 août, jour du premier anniversaire de l'explosion au port de Beyrouth.
Le 4 août 2020, l'explosion de centaines de tonnes de nitrate d'ammonium avait fait 214 morts, plus de 6 500 blessés et dévasté plusieurs quartiers de la capitale libanaise, pays englué dans la pire crise socio-économique de son histoire.
Une recrudescence des tentions entre Israël et l'Iran
Les échanges de tirs à la frontière libano-israélienne coïncident avec une recrudescence des tensions entre l'Etat hébreu et l'Iran – pays allié du Hezbollah et ennemi d'Israël – dans la foulée d'une attaque meurtrière en mer d'Oman contre le pétrolier Mercer Street, géré par la société d'un milliardaire israélien.
Israël, comme les Etats-Unis et le Royaume-Uni, a aussitôt accusé l'Iran d'être derrière cette attaque qui n'a pas été revendiquée et a fait deux morts. Le Premier ministre israélien Naftali Bennett a affirmé avoir des preuves de l'implication iranienne et promis une riposte. «Nous savons comment envoyer un message à l'Iran à notre manière», a-t-il prévenu en début de semaine.
Téhéran, dont le nouveau président, le religieux conservateur Ebrahim Raïssi, a été intronisé cette semaine, nie les accusations. Le porte-parole iranien des Affaires étrangères Saïd Khatibzadeh a promis dans un communiqué que son pays «[répondrait] immédiatement et de manière décisive à tout éventuel aventurisme».