Accusant le Hamas de lancer des ballons incendiaires vers Israël, Tsahal frappe Gaza
- Avec AFP
Accusant le Hamas d'avoir envoyé des ballons incendiaires vers Israël, l'armée de l'Etat hébreu a bombardé des cibles du mouvement à Gaza City et à Khan Younès. Une situation qui fragilise le cessez-le-feu en cours depuis le 21 mai.
Pour la seconde fois depuis la fin des 11 jours de combats du mois de mai à Gaza, l'aviation israélienne a bombardé dans la nuit du 17 au 18 juin des cibles du mouvement Hamas dans ce territoire palestinien. Le 17 juin, des heurts ont par ailleurs éclaté entre les forces de l’ordre et des Palestiniens rassemblés à Jérusalem-Est pour dénoncer «les insultes» contre le prophète Mahomet et des slogans tels que «Mort aux Arabes» proférées lors de la «Marche des drapeaux» israélienne organisée cette semaine.
L'armée israélienne a affirmé avoir ciblé un site militaire du Hamas et un site de lancement de roquettes, situés respectivement à Gaza City et à Khan Younès, ville du sud de cette enclave sous blocus israélien depuis près de 15 ans. Des journalistes de l'AFP dans la bande de Gaza ont fait état de déflagrations. Tsahal accuse le mouvement palestinien d'avoir envoyé des ballons incendiaires vers Israël.
Après ces frappes israéliennes, des militants de la brigade al-Qassam, branche armée du Hamas, auraient tiré à la mitrailleuse vers des villages israéliens ceinturant la bande de Gaza et sur des drones patrouillant le ciel, a fait savoir à l'AFP un responsable du mouvement. Les sirènes ont retenti dans nombre de villages israéliens limitrophes de la bande de Gaza, mais l'armée israélienne a précisé que leur déclenchement «n'était pas lié à des roquettes» mais à des tirs depuis Gaza.
En réponse à des ballons incendiaires lancés depuis Gaza vers Israël, nous avons frappé des complexes militaires et des sites de lancement de roquettes appartenant au Hamas à Gaza.
— Tsahal (@Tsahal_IDF) June 17, 2021
Tsahal continuera de frapper les cibles terroristes du Hamas à Gaza.
Il s'agit de la seconde série de frappes israéliennes dans la bande de Gaza depuis le début de la semaine et la fin de la guerre qui a eu lieu du 10 au 21 mai avec le Hamas au pouvoir dans la bande de Gaza, ce territoire palestinien de deux millions d'habitants. Ces affrontements avaient coûté la vie à 260 Palestiniens, dont des enfants et des adolescents, et à 13 personnes en Israël dont un enfant et un soldat.
Un cessez-le-feu fragile
Ces nouveaux échanges de tirs interviennent alors que l'ONU et l'Egypte tentent de consolider le cessez-le-feu fragile qui a permis de mettre fin à cette guerre-éclair, et à l'approche de la visite aux Etats-Unis – prévue à partir du 19 juin – du chef de l'armée israélienne, le général Aviv Kohavi. Ce dernier doit se rendre notamment au siège du Commandement militaire pour le Moyen-Orient situé en Floride, et reviendra avec ses interlocuteurs américains sur la guerre qui a opposé pendant 11 jours l'Etat hébreu et le Hamas.
Outre la reconstruction de l'enclave densément peuplée et sous blocus israélien, le chef de l'armée israélienne Aviv Kohavi doit discuter avec ses homologues américains d'un possible accord d'échanges de prisonniers et de l'Iran, ennemi ennemi numéro un de l'Etat hébreu et qui entretient des relations privilégiées avec le Hamas.
En parallèle, le Hamas s'est dit ouvert à des négociations «indirectes» concernant un échange de prisonniers, Israël souhaitant rapatrier les corps de deux soldats tués en 2014 et de deux civils, entrés de leur propre gré à Gaza et détenus depuis. Le retour des dépouilles des deux soldats sont un «prérequis à tout développement important» concernant Gaza, a indiqué le 17 juin à l'AFP un responsable de l'armée israélienne.
Selon cette même source, Aviv Kohavi discutera des «violations par l'Iran» de l'accord sur le nucléaire iranien de 2015, duquel l'administration Trump s'est retirée en 2018 mais que le nouveau président américain Joe Biden veut remettre sur les rails. «Nous devons nous préparer rapidement à un retour à l'accord sur le nucléaire iranien», a d'ailleurs soutenu cette semaine le nouveau chef de la diplomatie israélienne Yaïr Lapid, en précisant que son pays «fera tout en son pouvoir pour empêcher l'Iran d'obtenir la bombe nucléaire».
Yaïr Lapid s'est entretenu le 17 juin avec le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken. Celui-ci a réaffirmé le soutien américain à «la sécurité d'Israël», a indiqué un porte-parole du Département d'Etat, Ned Price, dans un communiqué qui ne fait aucune allusion aux événements de la journée. Les deux hommes ont aussi évoqué l'importance de la relation bilatérale entre leurs pays, «le besoin d'améliorer les relations israélo-palestiniennes d'un point de vue pratique», ainsi que le dossier iranien, précise-t-il.
Le même jour, des heurts ont éclaté entre les forces de l’ordre et des Palestiniens rassemblés à Jérusalem-Est pour dénoncer «les insultes» contre le prophète Mahomet proférées lors de la «Marche des drapeaux» israélienne organisée dans la semaine. Lors de celle-ci, certains manifestants ont scandé des slogans tels que «Mort aux Arabes». Au cours du rassemblement de Jérusalem-Est, la police a dispersé les protestataires à l'aide de canons à eau alors que huit manifestants ont été arrêtés. Pour les Israéliens, la «Marche des drapeaux» commémore la prise de Jérusalem en 1967.
Une page de l'histoire d'Israël s'est tournée le 13 juin avec la constitution d'un nouveau gouvernement mettant fin à 12 ans de gouvernance ininterrompue de Benjamin Netanyahou, Premier ministre le plus pérenne de l'histoire de l'Etat hébreu.