Un enfant de cinq ans tué par une frappe de drone ukrainien dans le Donbass, selon les rebelles
Une frappe de drone ukrainien a fait un mort – un enfant de cinq ans – dans la République populaire de Donetsk, selon les rebelles. Sans faire mention de ce drame, Paris et Berlin ont appelé «à la retenue» et à la «désescalade immédiate».
Selon des informations de la République populaire de Donetsk – l'Etat autoproclamé de l'est de l'Ukraine – un enfant a été tué par une frappe de drone ukrainien le 3 avril. Le drone en question aurait largué un explosif à Aleksandrovskoye, près de la ville de Yenakievo, comme le rapporte l'agence Tass, qui cite un communiqué des rebelles.
«A ce moment-là, deux civils se trouvaient dans leur jardin. A la suite des actions criminelles des militants ukrainiens, un enfant né en 2016 a été tué, tandis qu'une femme de la région née en 1954 a été blessée et emmenée à l'hôpital où elle a reçu les soins médicaux nécessaires», ont fait savoir les rebelles sur leur chaîne Telegram.
Les médias européens n'en parlent pas. Les ministres des affaires étrangères des Etats européens n'en parlent pas
Dans la foulée, les rebelles ont appelé la Mission spéciale d’observation de l’OSCE à enquêter sur la frappe menée selon eux par les forces armées ukrainiennes, exhortant l’Ukraine à en identifier les responsables.
Ce tragique incident a vivement fait réagir le président de la Douma russe, Viatcheslav Volodine, qui a dénoncé le silence coupable des Occidentaux. «Les médias européens n'en parlent pas. Il n'y a pas de déclarations du Parlement européen ni du département d'Etat américain. Les ministres des affaires étrangères des Etats européens n'en parlent pas. Aucune décision n'a été prise concernant l'expulsion des diplomates. Et on ne stigmatise pas un président du pays qui a envoyé un drone militaire faire la guerre à son propre peuple», a-t-il fustigé sur sa chaîne Telegram.
«La tragédie qui a entraîné la mort d’un garçon de cinq ans dans la République populaire de Donetsk est malheureusement une conséquence naturelle de la politique des autorités ukrainiennes. Le gouvernement ukrainien mène une guerre fratricide en envoyant dans le sud-est de l’Ukraine des obus portant l’inscription "Aux enfants du Donbass"», a de son côté jugé sur sa chaîne Telegram Léonid Sloutski, chef du Comité des affaires étrangères de la Douma, s'étonnant lui aussi que «les capitales européennes restent silencieuses».
«Il n’y a pas de grandes initiatives au nom de l’enfant mort pour imposer des sanctions contre Kiev, il n’y a pas de réaction du tout. L’Occident en général ignore tout simplement les crimes de Kiev. [...] Sur l’échiquier géopolitique, Bruxelles et Washington tentent de jouer un gambit sanglant, se rendant à peine compte que la partie ne peut être gagnée», a-t-il ajouté.
Berlin et Paris appellent à «la retenue»
Sans un mot pour évoquer ce drame, l'Allemagne et la France – qui sont parties prenantes au cadre de discussions dit «Normandie» avec Moscou et Kiev, et ont participé à la négociation des accords de paix de Minsk conclus en février 2015 – ont appelé le 3 avril «à la retenue» et à la «désescalade immédiate» des tensions en Ukraine, tout en disant suivre «avec une grande vigilance la situation, en particulier les mouvements de forces russes».
Berlin et Paris ont insisté pour réaffirmer leur «soutien à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'Ukraine», les diplomaties des deux pays se disant «préoccupées par le nombre croissant de violations du cessez-le-feu alors que la situation dans l'est de l'Ukraine s'était stabilisée depuis juillet 2020», selon un communiqué commun.
Ces derniers jours, des responsables ukrainiens et américains s'étaient inquiétés de l'arrivée de milliers de soldats et de matériel russes à la frontière russo-ukrainienne. Le président américain Joe Biden avait promis à Kiev un soutien «indéfectible» face à ce qu'il considère être «l'agression de la Russie».
De son côté, le porte-parole du Kremlin avait répliqué que les mouvements de troupes russes actuels ne posaient «aucune menace pour personne», les imputant à une «activité croissante des forces armées des pays membres de l’OTAN» le long de la frontière de la Russie.
Quelques jours plus tôt, en pleine «escalade des tensions» entre forces ukrainiennes et rebelles de l'est du pays, Moscou avait estimé que Kiev était responsable de l'impasse dans laquelle se trouve le processus de paix. «Comment régler un conflit si une partie ne veut pas communiquer avec l'autre ?», avait déclaré Dmitri Peskov, accusant le président ukrainien Volodymyr Zelensky de «rejeter totalement toute idée de dialogue».
Après une trêve d'une durée record durant la deuxième moitié de 2020 dans l'est de l'Ukraine, les heurts se sont multipliés depuis janvier entre rebelles et forces ukrainiennes. Vingt soldats ukrainiens sont morts en trois mois, contre 50 l'an passé.