La Russie expulse trois diplomates européens pour avoir participé à des manifestations illégales
Moscou a décidé d'expulser 3 employés des ambassades de Suède, de Pologne et d'Allemagne pour avoir participé à des actions illégales le 23 janvier. Ce jour-là s'étaient tenues de nombreuses manifestations non-autorisées en soutien à Alexeï Navalny.
Le ministère russe des Affaires étrangères a annoncé, ce 5 février, l'expulsion de trois employés des ambassades de Suède, de Pologne et d'Allemagne pour avoir participé à des manifestations illégales à Moscou et à Saint-Pétersbourg le 23 janvier.
«De tels actes de leur part étaient inacceptables et incompatibles avec leur statut de diplomate», a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères, ajoutant : «La partie russe espère que par la suite les missions diplomatiques du Royaume de Suède, de la République de Pologne et d'Allemagne, ainsi que leur personnel, respecteront strictement les normes du droit international».
Le chef de la diplomatie de l'Union européenne Josep Borrell, qui s'est entretenu avec son homologue russe à Moscou dans la matinée a «condamn[é] fermement» l'expulsion de ces trois diplomates, a fait savoir son porte-parole, tandis que la chancelière allemande Angela Merkel l'a qualifiée d'«injustifiée». De même, la Suède juge «complètement infondée» l'expulsion d'un de ses diplomates par Moscou.
A l'issue d'un conseil de défense franco-allemand avec Angela Merkel, Emmanuel Macron a lui aussi réagi sur les expulsions et l'affaire Navalny en général, condamnant l'action de la Russie : «Sur l'affaire Navalny, je condamne avec la plus grande fermeté du début à la fin ce qui s'est passé, de l'empoisonnement [...] à la condamnation, et aujourd'hui l'expulsion des diplomates allemand, polonais, suédois, qui a été décidée par la Russie.»
Affaire Navalny et ingérence occidentale
Le 23 janvier, des milliers de manifestants avaient battu le pavé dans de nombreuses villes du pays, lors de rassemblements n'ayant pas obtenu l'autorisation des autorités et au cours desquels des manifestants et des membres des forces de l'ordre ont été blessés. Le manifestants exigeaient la libération de l'opposant russe Alexeï Navalny, incarcéré pour non-respect des conditions d'une peine de prison avec sursis, à son retour en Russie le 17 janvier. Selon les services pénitentiaires russes, Alexeï Navalny ne s'est pas présenté à l'enregistrement auprès de l’inspection à au moins six reprises au cours de l'année 2020, entre janvier et mi-août. Cette peine de prison avec sursis, prononcée en 2014, a été transformée en peine de prison ferme le 2 février 2021.
A la fin du mois d'août, Alexeï Navalny avait été transféré dans le coma en Allemagne, après avoir été victime d'un malaise. Il accuse le pouvoir russe d'avoir tenté de l'empoisonner (une version également défendue par plusieurs gouvernements, dont ceux de la France, des Etats-Unis, et de l'Allemagne), ce que réfute Moscou.
Les autorités ont dénoncé à plusieurs reprises l'ingérence de pays occidentaux dans les affaires russes, pointant du doigt la présence de diplomates étrangers à l'audience d'Alexeï Navalny, les appels de gouvernements occidentaux à la libération de l'opposant russe ou encore l'indication, sur le site de l'ambassade américaine à Moscou, des heures et lieux de mobilisations non-autorisées pro-Navalny en Russie.