Des diplomates de 20 pays occidentaux à l'audience de Navalny : pire que de l'ingérence, pour Moscou
Selon l'agence Tass, les représentants d'une vingtaine de pays occidentaux, dont les Etats-Unis, se sont rendus à l'audience d'Alexeï Navalny. Moscou a souligné que traditionnellement, les diplomates se rendaient aux tribunaux pour leurs concitoyens.
«Même si les pays occidentaux considèrent Navalny comme un "des leurs", il est citoyen de la Fédération de Russie», a rappelé Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, ce 2 février. Celle-ci s'est indignée dans un message sur Facebook que de nombreux représentants de pays occidentaux aient assisté à l'audience de l'opposant russe, qui s'est ouverte ce 2 février à Moscou. Ce dernier est accusé d'avoir violé à au moins six reprises, entre janvier et mi-août 2020, les conditions d'une peine avec sursis qu'il purge actuellement pour détournement de fonds.
L'agence de presse TASS avait en effet rapporté, plus tôt dans la journée, que les représentants des ambassades des Etats-Unis, de Bulgarie, de Pologne, d'Autriche, de Suisse ou encore de Lettonie, s'étaient rendu au tribunal moscovite ce 2 février.
«Je tiens à rappeler que, traditionnellement, les diplomates se rendent aux tribunaux à l’étranger pour soutenir leurs concitoyens», a souligné la diplomate russe.
«Il ne s’agit même plus d’une simple ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat souverain», a poursuivi Maria Zakharova évoquant une potentielle «tentative de pression psychologique sur le juge».
Plus tôt, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov avait appelé les pays européens à ne pas faire «la bêtise de lier la perspective des relations Russie-UE [au] résident d'un centre de détention».
Et pour cause, le ton monte une nouvelle fois entre les chancelleries occidentales et Moscou, autour de l'incarcération d'Alexeï Navalny lors de son retour annoncé en Russie le 17 janvier. Les autorités pénitentiaires du pays lui reprochent son non-respect des conditions d'une peine de prison avec sursis : il ne serait pas présenté à l'enregistrement auprès de l’inspection à au moins six reprises au cours de l'année 2020, entre janvier et mi-août. Le service pénitentiaire réclame désormais que sa peine avec sursis soit purgée en prison, en raison de ces violations alléguées. C'est désormais au tribunal de statuer sur cette question.
Plusieurs gouvernements occidentaux ont appelé à la libération de l'opposant russe et dénoncé les milliers d'arrestations qui ont eu lieu ces derniers jours lors de rassemblements de ses partisans. Ce 2 février, au moins 24 personnes, selon les chiffres de l'ONG OVD-Info, ont été interpellées, alors que quelques soutiens de l'homme politique s'étaient rassemblés devant le tribunal, où il comparaît en personne.
Fin août, Alexeï Navalny avait été transféré dans le coma en Allemagne après avoir été victime d'un malaise en Russie. Il accuse le Kremlin d'avoir tenté de l'empoisonner (une version également défendue par plusieurs gouvernements, dont ceux de la France, des Etats-Unis et de l'Allemagne), ce que réfute Moscou. Il était sorti de l'hôpital sans séquelles.