Russie : arrestations lors de rassemblements non autorisés en soutien à Alexeï Navalny
Des mobilisations non autorisées se sont tenues à travers la Russie, en soutien à Alexeï Navalny, incarcéré pour avoir violé à plusieurs reprises les conditions d'une peine avec sursis. Les forces de l'ordre ont procédé à de nombreuses arrestations.
Le ministère russe de l'Intérieur a indiqué, ce 24 janvier, qu'environ 4 000 personnes avaient participé la veille à un rassemblement non autorisé dans le centre de Moscou.
A Moscou, le 23 janvier, plus d'un millier de personnes ont été arrêtées lors des rassemblements non autorisés, selon des données préliminaires, a déclaré le Commissaire aux droits de l'Homme de la capitale, Potyaeva Tatiana.
La police a présenté ses excuses à la femme qui a été blessée lors du rassemblement non autorisé du 23 janvier à Saint-Pétersbourg.
Ce jour-là, le journal en ligne Fontanka avait diffusé une vidéo dans laquelle on voyait un policier anti-émeutes infliger un coup de pied dans l’estomac à une femme, qui tombait au sol. Selon le journal, l’incident s’est produit lors d’un rassemblement non autorisé.
Le colonel de police Sergeï Mouzyka, chef du département responsable du maintien de l’ordre public auprès de la Direction principale du ministère russe de l’Intérieur, a promis d’examiner la situation de manière approfondie et, si nécessaire, de fournir toute l’aide possible à la victime, selon l'agence Tass.
En fin d'après-midi du janvier, le comité de Santé de la ville de Saint-Pétersbourg a confié à RIA Novosti que la femme blessée avait quitté l’hôpital.
Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a souligné que les participants aux manifestations non autorisées étaient peu nombreux, au regard des soutiens à l’exécutif au sein de la population russe : «Peu de gens sont descendus dans la rue. Beaucoup de personnes ont voté pour Poutine. Et beaucoup de personnes ont voté pour des amendements à la Constitution. Si vous comparez les chiffres, vous comprendrez qu’il y a eu très peu de personnes, bien qu’elles soient également des citoyens russes», a-t-il fait valoir – le président russe ayant été réélu dès le premier tour avec plus de 76% des voix en 2018.
Le porte-parole du Kremlin a ajouté qu'il respectait tous les points de vue, mais s'opposait résolument aux manifestations illégales.
Au lendemain de rassemblements non autorisés en soutien à Alexeï Navalny, qui ont réuni des milliers de manifestants à travers la Russie et lors desquels les autorités ont procédé à de nombreuses arrestations, le chef de la diplomatie française a dénoncé une «dérive autoritaire très inquiétante».
«La remise en cause de l'Etat de droit par ces arrestations-là, collectives et préventives, est insupportable», a déclaré Jean-Yves Le Drian le 24 janvier, dans l'émission Questions politiques de la radio France Inter, du groupe France Télévisions et du quotidien Le Monde.
Un homme soupçonné d’avoir attaqué le 23 janvier 2021 des agents de la circulation sur la place du Sénat de Saint-Pétersbourg (où se tenait un rassemblement non-autorisé de soutien à Alexeï Navalny), a été immédiatement arrêté à Saint-Pétersbourg, selon l’agence de presse RIA Novosti, citant le ministère de l’Intérieur.
Les enquêteurs ont ouvert une enquête pénale.
Selon les autorités locales citées par Tass, environ 4 000 personnes ont participé à la manifestation non autorisée sur la place Pouchkine à Moscou le 23 janvier.
Le chef du service d'information de la direction principale du ministère de la Affaires intérieures de Saint-Pétersbourg, a déclaré au journal Podyom, que la police de la ville étudiait une vidéo, dans laquelle on voit une femme tomber au sol après avoir reçu un coup de pied à l'estomac de la part d'un policier anti-émeutes.
«Фонтанка» опубликовала видео, на котором ОМОНовец сильно ударил женщину ногой в живот. Она спросила правоохранителей о причинах задержания участника акции pic.twitter.com/I968qJ3b4K
— TJ (@tjournal) January 23, 2021La femme, identifiée comme Margarita Ioudina, a été hospitalisée le soir du 23 janvier, blessée à la tête, a indiqué le 24 janvier à l'AFP un représentant de l'hôpital Djanelidze à Saint-Pétersbourg. Selon ce responsable, Margarita Ioudina se trouve dans un état grave, en soins intensifs.
Selon le département de la Santé de la ville de Moscou, à la suite de rassemblements non autorisés le 23 janvier, 29 personnes ont été conduites dans des hôpitaux de la capitale.
Le sénateur et chef de la Commission du Conseil de la Fédération russe pour la protection de la souveraineté de l'Etat, a déclaré à l'agence RIA Novosti : «Nous avons des données fiables indiquant que des services spéciaux étrangers étaient impliqués dans des actions non autorisées en Russie. Sous le couvert des enfants, en fait, des projets étaient mis en œuvre qui étaient élaborés bien au-delà des frontières de la Russie et qui n'ont rien à voir avec le développement stable notre Etat.»
Appels à participer à des manifestations non autorisées
Ces derniers jours, des partisans de l'opposant russe Alexeï Navalny avaient appelé à des rassemblements, non autorisés, dans le pays le 23 janvier – ce qui a valu à certain d'entre eux d'être interpellés en amont desdites mobilisations.
Alexeï Navalny a été incarcéré pour non respect des conditions d'une peine de prison avec sursis, à son retour en Russie le 17 janvier. Selon les services pénitentiaires russes, il ne s'est pas présenté à l'enregistrement auprès de l’inspection à au moins six reprises au cours de l'année 2020, entre janvier et mi-août. A la fin du mois d'août, Alexeï Navalny avait été transféré dans le coma en Allemagne, après avoir été victime d'un malaise. Il accuse le pouvoir russe d'avoir tenté de l'empoisonner (une version également défendue par plusieurs gouvernements, dont ceux de la France, des Etats-Unis, et de l'Allemagne), ce que réfute Moscou. Il était sorti de l'hôpital sans séquelles.
Le 22 janvier, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov avait notamment dénoncé le fait que des enfants et des jeunes personnes soient encouragés à participer à de tels rassemblements illégaux, tout en appelant à ne pas «surestimer» ces mobilisations annoncées.