Sahel : la France va-t-elle réduire ses effectifs militaires dans l'opération Barkhane ?
- Avec AFP
Le chef d'état-major discute avec les militaires maliens des «évolutions» de l'engagement français au Sahel. Entre la France et le Mali, les échanges ont été «francs» et «clairs», selon le général François Lecointre.
Le chef d'état-major français s'est entretenu le 11 décembre 2020 avec les nouveaux responsables militaires et politiques maliens, poursuivant le bilan de l'action de son pays au Sahel et abondant la réflexion sur les «évolutions ultérieures» de cet engagement.
Le général François Lecointre a dit à la presse avoir eu «des échanges particulièrement francs, particulièrement clairs» avec les chefs de l'état-major malien et le président, le vice-président et le ministre de la Défense au pouvoir après le coup d'Etat militaire du 18 août dernier.
La visite du général suit de près celle des ministres des Affaires étrangères et des Armées, Jean-Yves Le Drian et Florence Parly, à un moment où Paris réfléchit aux termes de son implication au Sahel, en proie à la propagation djihadiste.
François Lecointre s'est rendu le 10 décembre à Gao (nord-est) pour inspecter les éléments de la force française Barkhane, évaluer leur coopération avec l'armée malienne et observer la «montée en puissance» de Takuba. Ce groupement de forces spéciales européennes, censées accompagner les Maliens au combat, est mis en avant par la France pour évoquer la nécessité d'un plus grand partage des tâches avec ses partenaires.
Le 11 décembre, le général français a rencontré les autorités maliennes pour dresser un bilan presque un an après le sommet de Pau (sud-ouest de la France) et «essayer de tracer […] ce que pourraient être les évolutions ultérieures de l'engagement français et de l'engagement international».
Le sommet de Pau, organisé en janvier 2020 après une série de revers face aux djihadistes et des remises en question de l'intervention française, avait servi à resserrer les rangs entre la France et les pays sahéliens. La décision avait été prise de concentrer l'action sur la région dite des «trois frontières» (Mali, Burkina, Niger) et contre l'Etat islamique au grand Sahara.
La France a ensuite engagé 600 soldats supplémentaires au Sahel, portant ses effectifs à environ 5 100. Elle examinerait à présent un retour aux effectifs antérieurs.
Le président français Emmanuel Macron a fait savoir fin novembre qu'il aurait, «dans les prochains mois, des décisions à prendre pour faire évoluer Barkhane».
La présence militaire de la France au Mali, et plus largement au Sahel, fait l'objet de critiques. La persistance de la menace terroriste et certaines violences intercommunautaires exaspèrent une partie de l’opinion publique des pays sahéliens, qui estime que l’action de Paris dans la région n’a guère contribué à un renforcement de la sécurité. Ainsi, le Mali et le Niger ont été le théâtre à plusieurs reprises de manifestations contre la présence de la force Barkhane.