Multilatéralisme, Moyen-Orient, Biélorussie... Macron s'exprime à la 75e Assemblée générale de l'ONU
A l'occasion de l'Assemblée générale des Nations unies, Emmanuel Macron s'est exprimé dans un long discours sur les grands dossiers internationaux, dans un contexte marqué par les crises diplomatiques, mais aussi par la pandémie de Covid-19.
Ce 22 septembre, le président français Emmanuel Macron a pris la parole à l'occasion de la 75e session de l'Assemblée générale des Nations unies, qui a eu lieu en visioconférence en raison de l'épidémie de coronavirus. Covid-19, Biélorussie, affaire Navalny, relations avec les Etats-Unis ou conflit israélo-palestinien, Emmanuel Macron a parlé pendant plus de 40 minutes sur de nombreux sujets internationaux.
Le multilatéralisme comme rempart face aux puissances américaines et chinoises ?
Globalement, le président français a vanté le multilatéralisme, exhortant la communauté internationale à agir collectivement pour ne pas être la «spectatrice désolée» de la rivalité entre Washington et Pékin.
Le multilatéralisme n'est pas seulement un acte de foi, c'est une nécessité opérationnelle
Le «monde tel qu'il est aujourd'hui ne peut pas se résumer à la rivalité entre la Chine et les Etats-Unis, quel que soit le poids mondial de ces deux grandes puissances», a ainsi affirmé Emmanuel Macron.
Pour le chef d’Etat, la réponse réside plus que jamais dans la «coopération internationale» qui, bien que «difficile» est «objectivement impérative».
«Le multilatéralisme n'est pas seulement un acte de foi, c'est une nécessité opérationnelle», a-t-il insisté, réaffirmant le message qu'il porte dans les grandes réunions internationales depuis son arrivée au pouvoir en 2017. Il a de fait regretté la paralysie du Conseil de sécurité face à la crise sanitaire parce que «deux [pays] ont préféré à l'efficacité collective l'affichage de leur rivalité», ajoutant qu'aucun pays ne pourrait affronter seul les défis du monde.
Emmanuel Macron et la situation au Proche et Moyen-Orient
Commentant l'annonce américaine d'un retour des sanctions de l'ONU contre l'Iran, il a attesté que la France et ses alliés européens «ne transiger[aient] pas sur l'activation d'un mécanisme que les Etats-Unis, de leur propre chef, en sortant de l'accord, ne sont pas en situation d'activer [car] ce serait porter atteinte à l'unité du Conseil de sécurité, à l'intégrité de ses décisions et ce serait prendre le risque d'aggraver encore les tensions dans la région».
Néanmoins, il assure que la France, (avec ses partenaires), «maintiendra son exigence de mise en œuvre pleine et entière de l'accord de Vienne de 2015 et n'acceptera pas les violations commises par l'Iran».
Sur le sujet syrien, Emmanuel Macron a rappelé que «la reprise des pourparlers à Genève sous l'égide des Nations unies [était] une étape positive, mais [que] ce processus ne [pouvait] se limiter à la rédaction d'une nouvelle Constitution». «Il devra passer par la tenue d'élections libres, régulières et transparentes pour respecter là aussi les aspirations et la souveraineté du peuple syrien», a-t-il précisé.
Sur les tensions en Méditerranée orientale, il a appelé à «un dialogue efficace et clarifié» avec la Turquie après des mois d'échanges acrimonieux entre Paris et Ankara. «Les insultes sont inopérantes», a souligné Emmanuel Macron qui, signe d'apaisement, s'est entretenu avec Recep Tayyip Erdogan le 22 septembre au soir au téléphone.
On ne compense pas l'humiliation d'un peuple par de l'argent
Concernant le conflit israélo-palestinien, Emmanuel Macron a dit ne pas croire à une paix «qui se construira sur l'hégémonie ou l'humiliation». «Quand bien même celle-ci serait compensée par de l'argent». On «ne compense pas l'humiliation d'un peuple par de l'argent», a-t-il poursuivi.
Si Emmanuel Macron s’est réjoui «qu'Israël obtienne la reconnaissance de nouveaux pays arabes […] une reconnaissance légitime», il signale qu’«une paix juste et durable nécessite avant tout de retrouver les voies et moyens d'une négociation décisive qui permette aux Palestiniens de disposer enfin de leurs droits»
Emmanuel Macron sur la Biélorussie et l'affaire Navalny
En Europe, le chef d'Etat français craint que la situation en Biélorussie crée le «risque d'une nouvelle fracture sur notre continent». «Le courage du peuple biélorusse force l'admiration de tous, […] nous sommes à ses côtés», a-t-il appuyé, estimant que «toute intervention extérieure [devait] être évitée». Emmanuel Macron souhaite d’ailleurs une médiation à travers l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). «Nous ne voyons pas d'autre chemin que celui-ci», a-t-il prolongé.
Le courage du peuple biélorusse force l'admiration de tous
Emmanuel Macron a aussi évoqué l'affaire Navalny. Il a redit «à la Russie, la nécessité que toute la lumière soit faite sur la tentative d'assassinat contre un opposant politique [Alexeï Navalny], à l'aide d'un agent neurotoxique».
La Libye, «illustration parfaite des erreurs [...] lorsqu’on ne respecte pas la souveraineté des peuples»
Evoquant également la crise en Libye, Emmanuel Macron considère qu’elle «a désormais un impact profond sur la stabilité régionale et a été aggravée par la multiplication des ingérences extérieures».
«La Libye est à mes yeux l'illustration parfaite des erreurs auxquelles nous pouvons nous mêmes conduire lorsqu’on ne respecte pas la souveraineté des peuples. Aucune puissance ne peut bâtir le bien d'un peuple sans qu'il l'ait souhaité et construit lui-même, par les voies de transition qu'il a souhaité», a-t-il affirmé.
Et au président français de plaider pour une issue pacifique : «Nous travaillons avec l'ensemble de nos partenaires, dont les pays voisins de la Libye, pour obtenir un cessez-le-feu durable, puis enclencher une dynamique qui permette une résolution politique du conflit sous l'égide des Nations unies. C'est l'initiative que la France souhaite conduire dans les prochaines semaines.»