Covid-19 : où en est le vaccin russe Spoutnik V ?
Selon une étude britannique, le vaccin russe contre le coronavirus, en cours de développement, confirme des résultats préliminaires encourageants. Le Centre Gamaleïa prévoit une mise en circulation civile du vaccin dès la semaine prochaine.
L'Institut de recherche en microbiologie et épidémiologie russe Gamaleïa pourrait obtenir l'autorisation de produire le vaccin contre le coronavirus «Spoutnik V» pour un usage civil dès la semaine prochaine, a annoncé ce vendredi 4 septembre le directeur adjoint de cet institut, cité par l'agence Tass.
«Dans quelques jours, entre le 10 et le 13 septembre, nous devons obtenir l'autorisation de mettre en circulation un lot de vaccin à usage civil. [...] A partir de ce moment, la vaccination de la population va débuter», a-t-il déclaré dans une interview à la chaîne de télévision Rossia-24.
Début septembre, le ministère russe de la Santé avait souligné que la vaccination serait proposée en priorité aux groupes à risque parmi lesquels des médecins, des enseignants, des policiers, des étudiants et des conscrits militaires.
Auparavant, le ministre russe de la Santé Mikhaïl Mourachko avait annoncé que la troisième et dernière phrase des essais du vaccin contre le coronavirus développé par le Centre Gamaleïa serait menée en parallèle avec ses premières utilisations.
Une première publication confirme des résultats préliminaires encourageants
Une étude préliminaire publiée ce 4 septembre par la revue britannique The Lancet montre que le vaccin contre le coronavirus en cours de développement en Russie déclenche bien une réponse immunitaire et n'a pas entraîné d'effets indésirables graves, ce qu'avait affirmé le gouvernement russe il y a un mois mais sans publier ses données, selon l'AFP. Ces résultats ne prouvent pas encore que le vaccin protège efficacement contre une infection par le nouveau coronavirus, ce que devront encore montrer des études de plus grande ampleur, soulignent toutefois des experts cités par l'agence.
Le «Spoutnik V» se compose en fait de deux composants différents, administrés en deux injections successives, à trois semaines d'intervalle, détaille l'étude de The Lancet citée par l'AFP. Il s'agit de vaccins à «vecteur viral» : ils utilisent comme support deux adénovirus humains (famille de virus très courants) transformés et adaptés pour combattre le Covid-19.
Lors d'une conférence de presse, Kirill Dmitriev, le président du Fonds souverain russe, qui finance la mise au point du vaccin, s'est félicité de ces premiers résultats positifs. Il a souligné notamment le rôle dominant de la Russie dans le développement d'un vaccin et l'efficacité de «Spoutnik V» malgré les premières réactions sceptiques de pays occidentaux.
«Deux piqûres, deux vecteurs : l’approche unique de l'institut Gamaleïa présente de meilleurs résultats, des résultats plus efficaces que les vaccins occidentaux. Et bien sûr, cela confirme le bien-fondé de la voie russe, que les Etats-Unis et le Royaume-Uni sont déjà prêts à suivre, qui consiste à enregistrer le vaccin avant l'achèvement final des études post-enregistrement. Désormais, nous constatons un très grand intérêt pour le vaccin russe dans de nombreux pays d'Amérique latine, du Moyen-Orient et d'Asie», a également déclaré Kirill Dmitriev.
Le ministre de la Défense et le maire de Moscou se sont fait inoculer un vaccin
Le ministère russe de la Défense a confirmé aujourd'hui que le ministre de la Défense Sergueï Choïgou s'est fait vacciner contre le Covid-19 au moyen du «Spoutnik V».
Le maire de Moscou, Sergueï Sobianine, a également annoncé qu'il avait été vacciné contre le coronavirus. «Pour stimuler mes collègues, pour être sûr moi-même [...] que nous avons vraiment un bon vaccin en Russie, j'ai pris cette décision [...]. Mais le plus important pour moi, c'est que cela m'a assuré que nous agissions bien. C'est très important pour tous les participants de ce programme», a-t-il déclaré lors d'une rencontre de travail avec le président Vladimir Poutine.