«Eh, la Grèce» : Erdogan appelle Athènes à ouvrir ses portes et se libérer du «fardeau» migratoire
Mécontent du manque de soutien à son action en Syrie, la Turquie a ouvert sa frontière avec la Grèce à plusieurs milliers de migrants, générant une situation explosive. 1 500 migrants mineurs pourraient être accueillis par des pays européens.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé, le 8 mars, la Grèce à «ouvrir ses portes» aux migrants, pour se libérer du «fardeau» migratoire, après avoir lui-même pris la décision d'ouvrir ses frontières vers l'Europe. «Eh, la Grèce! Je te lance un appel... Ouvre tes portes également et libère-toi de ce fardeau», a lancé, le 8 mars, le chef d'Etat turc lors d'un discours télévisé à Istanbul, dont les propos ont été repris par l'AFP. Et d'ajouter : «Laisse-les aller dans d'autres pays européens.»
En Grèce, porte d'entrée vers les pays européens, la crise migratoire connaît actuellement un pic, après qu'Ankara a décidé d’ouvrir sa frontière à compter du 28 février. La Turquie est en quête de soutien occidental dans le cadre de ses opérations militaires dans le nord-ouest de la Syrie où elle est confrontée à l'armée syrienne et à son allié russe, qui poursuivent la reconquête de territoires qui étaient tombés entre les mains de groupes djihadistes.
1 500 migrants mineurs accueillis par des pays «volontaires»
De son côté, le gouvernement allemand a annoncé le 9 mars au matin que plusieurs pays «volontaires» de l'Union européenne pourraient prendre en charge jusqu'à 1 500 enfants migrants actuellement bloqués sur des îles grecques, par mesure de soutien humanitaire.
Berlin explique en effet dans un communiqué : «Au plan européen une négociation se tient ces jours-ci au sujet d'une solution humanitaire avec l'objectif d'organiser la prise en charge de [1 500 enfants migrants] dans le cadre d'une coalition des volontaires», sans toutefois préciser les noms des pays impliqués.
Par ailleurs, la coalition gouvernementale de la chancelière allemande Angela Merkel, regroupant les démocrates-chrétiens (CDU) et les sociaux-démocrates (SPD), a fait savoir, à l'issue d'une réunion de plusieurs heures ayant commencé le 8 mars au soir, qu’elle voulait «soutenir la Grèce à faire face à la situation humanitaire difficile de 1 000 à 1 500 enfants se trouvant sur les îles» du pays. Avant de poursuivre : «Il s'agit d'enfants qui, en raison d'une maladie ont urgemment besoin de soins, ou d’enfants non accompagnés et âgés de moins de 14 ans, pour la plupart des filles.»
Suite à la décision turque, plusieurs milliers de personnes, venues principalement de Syrie et plus globalement du Moyen-Orient, ont afflué vers la frontière gréco-turque. Au moins 1 700 individus ont rejoint les îles de la mer Egée, s'ajoutant aux 38 000 qui y sont regroupés dans des camps de réfugiés surpeuplés aux conditions de plus en plus précaires, selon une annonce faite le 5 mars par les autorités grecques.
Dans le cadre de l’afflux massif de migrants vers l’Europe en 2015, Berlin avait décidé d’accueillir plus d’un million d’entre eux, fragilisant dès lors l’assise et la position d’Angela Merkel tout en gonflant les scores de l’opposition, notamment ceux de la droite nationaliste opposée à l’immigration (AfD).
Dans un contexte explosif, le chef d'Etat turc est attendu ce 9 mars à Bruxelles pour s'entretenir avec plusieurs dirigeants de l'UE, dont le président du Conseil européen Charles Michel et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Ils discuteront notamment «des problèmes de migrations, de sécurité, de la stabilité dans la région et de la crise en Syrie», a annoncé sur Twitter le porte-parole de Charles Michel, Barend Leyts.