«La situation est dramatique» : 75 médecins chefs de service démissionnent en Seine-Saint-Denis

«La situation est dramatique» : 75 médecins chefs de service démissionnent en Seine-Saint-Denis© Fabien Rives / RT France
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Conférence de presse de médecins démissionnaires pour protester contre leurs conditions de travail à l'hôpital public, le 6 février 2020, à Saint-Denis (93).
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75 médecins chefs de service démissionnaires ont tenu une conférence de presse à Saint-Denis. Ils viennent s'ajouter aux centaines de leurs collègues qui ont déjà démissionné collectivement pour protester contre le délabrement de l'hôpital public.

«Nous avons expliqué à notre direction que nous n'assurerions plus notre mission administrative à partir du 31 janvier», a déclaré Hélène Gros, une porte-parole des 75 médecins chefs de service démissionnaires de l'hôpital public lors d'une conférence de presse organisée à Saint-Denis (en Seine Saint-Denis), ce 6 février.

Rassemblés derrière le collectif inter-hôpitaux (CIH), créé en octobre 2019, ces médecins ont pris cette lourde décision de quitter collectivement leurs fonctions administratives, pour manifester «leur désaccord profond avec la politique d'austérité qui est appliquée depuis 10 ans dans les hôpitaux publics». Ils dénoncent «la gestion comptable des ressources humaines» au sein de l'institution hospitalière. Plus précisément, ces soignants s'opposent farouchement au système de «la tarification à l'activité qui a conduit à la sélection d'actes rentables dans les établissement privés aux dépens des hôpitaux publics qui soignent tous les patients quelle que soit leur pathologie, quel que soit leur âge et quelle que soit leur situation sociale».

Si les patients restent le plus souvent soignés dans des conditions dignes, c'est au détriment de soignants

«Depuis le début des années 2000, les choix politiques qui ont été faits ont considérablement modifié l'organisation et le financement de l'hôpital public», contextualise Yacine Tandjaoui-Lambiotte, médecin hospitalier à l'AP-HP. «La situation était depuis longtemps alarmante, elle est aujourd'hui dramatique», déplore-t-il. De son point de vue, «si les patients restent le plus souvent soignés dans des conditions dignes, c'est au détriment de soignants qui s'usent trop vite et s'épuisent inexorablement».

Les conditions de travail que ces soignants dénoncent depuis de nombreux mois conduisent à un manque d'attractivité de la profession et fatalement à un manque d'effectif au sein de l'hôpital public. «Plus personne ne veut de ces métiers mal payés aux cadences infernales», constate Yacine Tandjaoui-Lambiotte.

Le moral des professionnels de santé en question

L'un des médecins présents a également souhaité que la population se sente concernée par leur combat qui est celui de tous car «l'hôpital public est un bien commun», rappelle-t-elle. «Les professionnels de la santé sont à bout, il faut absolument que notre gouvernement les écoute», a alerté Elisabeth Belin la maire adjointe de Saint-Denis, au micro de notre reporter, déclarant douter que les citoyens soient conscients de cette situation.

Ce n'est pas la première fois que des soignants démissionnent collectivement. En tout, plus de 500 praticiens ont renoncé à leurs fonctions administratives et d'encadrement, tout en continuant à assurer les soins depuis le 27 janvier, selon un décompte du Collectif Inter-Hôpitaux (CIH) arrêté le 4 février au soir. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a fait savoir, le 5 février, qu'elle recevrait leurs représentants «mi-mars», après le versement de nouvelles primes, pour «voir s'il y a d'autres mesures nécessaires».

Agnès Buzyn a-t-elle les mains libres ?

Mais certains médecins protestataires ont déjà rencontré la ministre. «On a eu l'impression qu'elle n'avait pas les mains libres, qu'elle n'avait pas les moyens pour répondre à ce qu'on lui demandait», rapporte Hélène Gros, chef de service démissionnaire en médecine interne et maladies infectieuses, à propos de l'entretien auquel elle a participé avec Agnès Buzyn. 

Interrogés par notre reporter Fabien Rives sur les récentes recommandations que la Commission européennes a adressées à la France concernant la réduction des dépenses publiques, les médecins ont estimé que «si le gouvernement continue d'agir de la sorte, l'hôpital qui est déjà considérablement affaibli va s'effondrer».

Une nouvelle journée de grève et de manifestation est prévue le 14 février, à l'appel du CIH, du Collectif Inter-Urgences et de tous les syndicats de la fonction publique hospitalière. Mais la ministre de la Santé estime avoir déjà répondu à leurs demandes avec le plan «Investir pour l'hôpital» présenté en novembre, qui n'a visiblement pas convaincu les protestataires. 

«Je veux d'abord qu'on fasse un état des lieux de la façon dont les réformes s'appliquent, notamment les primes pour les personnels», a expliqué la ministre. Selon elle, «200 000 personnels hospitaliers vont recevoir une prime de 100 euros net par mois» en février, avec «un rattrapage sur le mois de janvier», et pourront ainsi constater «que les mesures sont effectives». Par ailleurs, une «enveloppe de 150 millions d'euros» a été «déléguée» aux établissements publics en début d'année «pour que les conditions de travail s'améliorent», assure la ministre.

Malgré ces annonces, les praticiens ne décolèrent pas. Manifestations et actions coup de poing se multiplient. Dans la soirée du 4 février, par exemple, les soignants ont illuminé la façade de l'hôpital Henri Mondor à Créteil (Val-de-Marne) d'un signal «SOS» qui s'est déployé sur cinq étages. Une action qui avait déjà été réalisée les mois précédents à Caen (Calvados) et à Poitiers (Vienne).

Lire aussi : Contre l'effondrement de l'hôpital public, une chaîne humaine encercle un établissement à Paris

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