La Grèce a finalement livré à la France le Russe Alexandre Vinnik
- Avec AFP
Le citoyen russe Alexandre Vinnik a été remis aux autorités françaises. Arrêté en 2017 en Grèce à la demande des Etats-Unis, qui l’accusent de différents cybercrimes, il risque la prison à vie.
Le Russe Alexander Vinnik, soupçonné d'escroquerie et blanchiment d'argent sur une plateforme d'échange de bitcoin, a été mis en examen jeudi 23 janvier après avoir été remis à la justice française par les autorités grecques, selon l’AFP qui cite une «source judiciaire».
Cet homme de 40 ans, accusé d'avoir escroqué plus de cent personnes dans six villes françaises entre 2016 et 2018, a été remis aux autorités judiciaires françaises en exécution d'un mandat d'arrêt européen émis par un juge d'instruction parisien.
Présenté à la justice dès son arrivée en France jeudi soir, il a été mis en examen pour «extorsion en bande organisée, blanchiment aggravé, association de malfaiteurs et atteinte à un système de traitement automatisé de données en bande organisée», selon la même source.
Le ministre grec de la justice, Kostas Tsiaras, avait décidé le 20 décembre l'extradition d'Alexandre Vinnik vers la France. L'accusé avait aussitôt déposé un recours auprès du Conseil d’Etat grec et entamé une grève de la faim pour protester.
Après le rejet de son recours, il est finalement arrivé sur le territoire français sous haute escorte, via l'aéroport du Bourget, selon une source proche du dossier.
Bras de fer judiciaire et diplomatique
Alexandre Vinnik, au cœur d'un bras de fer judiciaire et diplomatique, a été arrêté en Grèce en juillet 2017 dans la station touristique de Chalcidique (nord) à la demande des Etats-Unis et sans qu’aucun mandat d’arrêt contre lui n’ait alors été émis. Les Etats-Unis l’accusent de multiples malversations financières, notamment via la plateforme d'échange de bitcoin BTC-e aujourd’hui disparue.
La France a tardivement demandé son extradition sur la base d’accusations surprenantes comme, par exemple, des délits commis en France alors qu’il était depuis plusieurs mois incarcéré en Grèce. A l’époque, le porte-parole du ministère de la Justice avait affirmé ne pas «disposer d'éléments sur cette affaire» qui implique quatre pays : Etats-Unis, France, Grèce et Russie.
Egalement réclamé par Washington et par Moscou, il souhaitait être extradé vers la Russie, où les faits qui lui sont reprochés sont d'une ampleur bien moindre que les affaires de blanchiment et d'escroquerie pour lesquelles les Etats-Unis et la France veulent l'emprisonner. Mais le mandat européen a priorité pour la Grèce, pays membre de l'Union européenne.
BTC-e, fondée en 2011, est devenue l'une des plus grandes plateformes d'échange de monnaies virtuelles. Selon la justice américaine, elle a joué un rôle dans des extorsions en ligne et autres activités de cybercriminalité.
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