Droits de l’homme : un citoyen russe détenu 19 mois en Grèce sans jugement en grève de la faim
Un citoyen russe, arrêté en Grèce à la demande des Etats-Unis, est en grève de la faim depuis 90 jours. La France le réclame aussi, vraisemblablement au profit de la justice américaine.
Lors d'une conférence de presse à Athènes, les avocats d'Alexandre Vinnik ont dénoncé une «détention contraire à la Constitution», car le ressortissant russe est emprisonné depuis 19 mois alors que la Constitution grecque prévoit une détention de 18 mois maximum sans jugement.
Ses avocats ont annoncé que leur client était en grève de la faim depuis 90 jours pour dénoncer une «détention sans motif». Plusieurs photographies et vidéos de l'ancien opérateur russe de la plateforme d'échange de monnaies cryptées BTC-e ont été projetées lors du point presse. On y voyait le détenu expliquer, depuis l'hôpital Tzaneio du Pirée, qu’il «devrait être libre depuis le 26 janvier selon la Constitution grecque».
La justice grecque avait dans un premier temps autorisé en octobre 2017 l'extradition d'Alexandre Vinnik vers les Etats-Unis, avant d'approuver une demande similaire de la Russie. Puis la France l'a réclamé, prétendant qu'il avait escroqué plus de 100 personnes dans six villes françaises entre 2016 et 2018.
Mais Alexandre Vinnik ne s'est jamais rendu en France et l'enquête sur la base de laquelle Paris demande son extradition a été ouverte bien après son arrestation à la demande des Etats-Unis, alors qu'elle mentionne des faits antérieurs et même postérieurs à cette arrestation.
C'est une des raisons pour lesquelles ses avocats affirment que la demande française repose sur des éléments «fabriqués» et fournis par les services étasuniens. En d'autres termes, une fausse enquête pour livrer un citoyen à la justice extra-territoriale des Etats-Unis.
RT avait à l'époque essayé sans succès de contacter Anne Givaudand, vice-procureur qui représente le procureur de la République pour cette affaire afin de confronter les remarques des avocats d’Alexandre Vinnik, notamment sur l’absence de recours à la décision d’incarcération sans autre forme de procès. Le porte-parole du ministère de la Justice avait même affirmé qu'il ne disposait «pas d' élément sur cette affaire». Etrange, quand on connait sa dimension internationale impliquant la France, les Etats-Unis et la Russie, sans parler de la Grèce où rien n'est reproché à Alexandre Vinnik.
En décembre 2018, la Cour suprême grecque a finalement donné son feu vert à une extradition vers la France d'Alexandre Vinnik, arrêté au cours de l'été 2017, à la demande des Etats-Unis, dans la station touristique de Chalcidique, près de la ville de Thessalonique, dans le nord de la Grèce.
Une demande d'extradition scandaleuse pour les avocats grecs
«La demande d'extradition de la France est scandaleuse, a estimé son avocate grecque Zoé Konstantopoulou, ancienne présidente du Parlement grec jugeant que «rien ne lie monsieur Vinnik à la France».
«Le gouvernement grec préfère que monsieur Vinnik meure plutôt que d'aller à l'encontre de la volonté des Etats-Unis et de la France [...] monsieur Vinnik est une cible dans le cadre d'une guerre froide entre les Etats-Unis et la Russie », a-t-elle encore estimé.
BTC-e, fondée en 2011, est devenue l'une des plus grandes plateformes d'échange de monnaies virtuelles du monde. Selon la justice américaine, BTC-e a eu «un rôle dans des activités d'extorsion en ligne et autres activités de cyber-criminalité».
Selon les Etats-Unis, Alexandre Vinnik aurait été le président de cette plateforme d’échange de cryptomonnaies, ce qu’il a toujours nié, affirmant n’en avoir été qu’un opérateur technique. Les Etats-Unis l’accusent également d’être impliqué dans le piratage d'une autre plateforme d'échange, Mt. Gox, qui était dans les premières mondiales avant son brutal effondrement en 2014.