Des syndicats belges appellent à soutenir financièrement les grévistes français
«On est dans le meilleur de la tradition internationaliste du syndicalisme», a lancé un syndicat belge qui a décidé de soutenir financièrement les grévistes français dans leur mobilisation contre la réforme des retraites.
Deux syndicats belges ont décidé, le 6 janvier, de mettre la main à la poche pour soutenir financièrement plusieurs syndicats français dans leur mobilisation contre la réforme de la retraite débutée le 5 décembre dernier. La Centrale nationale des employés (CNE) [la CNE est la centrale syndicale des employés affiliés à la Confédération des syndicats chrétiens de Belgique] et la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB), estiment ainsi qu’une solidarité internationale est possible, voire souhaitable : «On est dans le meilleur de la tradition internationaliste du syndicalisme», a même soutenu Felipe Van Keirsbilck, secrétaire général de la CNE.
Le combat des travailleurs français est une affaire européenne. Une victoire en France serait essentielle pour tous les travailleurs en Europe.
Il ne s’agit pas d’un coup d’essai ou d’un effet de manche pour les syndicats belges. En effet, plusieurs d’entre eux se sont déjà mobilisés à l’international par le passé, par exemple en soutenant les mineurs en grève en Grande Bretagne alors dirigée par Margaret Thatcher, souligne RTBF.
Felipe Van Keirsbilck a ensuite expliqué au média belge les tenants et aboutissants de ce soutien international : «Les syndicats français ont un mode d’organisation différent du nôtre. Il y a, dans certains secteurs, des travailleurs en grève depuis le 5 décembre et qui perdent un mois de salaire entièrement. Les syndicats français ne sont pas en mesure de compenser aussi bien qu’on le fait en Belgique les pertes liées à la grève. Et on sait que les syndicats français ont besoin de tenir.» Avant d’inscrire cet élan de solidarité dans une tradition internationaliste du syndicalisme : «Donc là, on est dans le meilleur de la tradition internationaliste du syndicalisme. Le combat des travailleurs français est une affaire européenne. Une victoire en France serait essentielle pour tous les travailleurs en Europe.»
La réforme des pensions telle que préparée en France est une réforme qui correspond à ce qui se met en place dans beaucoup de pays européens dont la Belgique. Et donc le combat traverse les frontières.
Thierry Bodson, de la FGTB wallone, a lui, choisit de soutenir plus particulièrement les cheminots de la CGT : «C’est assez logique de témoigner de la solidarité vis-à-vis des travailleurs et des camarades parce que, ici, il s’agit d’un dossier qui nous touche tous. La réforme des pensions telle que préparée en France est une réforme qui correspond à ce qui se met en place dans beaucoup de pays européens dont la Belgique. Et donc le combat traverse les frontières.»
En France, plusieurs entités ont déjà mis en place une solidarité financière avec les grévistes opposés à la réforme des retraites. C'est ainsi que la cagnotte lancée par l'Info'Com-CGT (une organisation qui regroupe les métiers de la communication et de l'information) a généré des dons provenant de plus de 20 000 militants ou de leurs soutiens, pour une somme d'au moins 2 110 078 euros, ce 8 janvier en fin de matinée.
Un collectif composé d’une quarantaine d’artistes et d’intellectuels a également appelé «à soutenir financièrement les grévistes en contribuant aux cagnottes de grève», notamment pour que le mouvement contestataire «dure et s’amplifie», dans une tribune publiée le 22 décembre sur le blog de Mediapart invitant à alimenter diverses cagnottes lancées par des syndicats (CFT, FO, SUD, Solidaires, Unsa) et les grévistes de la RATP et de la SNCF.