En Belgique, trente ans de prison requis contre un Rwandais pour génocide
- Avec AFP
Un Rwandais réfugié en Belgique risque actuellement trente ans de prison pour sa participation aux massacres de 1994. Sa condamnation constituerait une première pour la Belgique.
La cour d'assises de Bruxelles a requis une peine de trente ans de prison à l'encontre de Fabien Neretsé, un ancien haut-fonctionnaire rwandais âgé de 71 ans et installé en Belgique. Ce jeudi 19 décembre, le tribunal avait reconnu Fabien Neretsé coupable de «crime de génocide» et de «crimes de guerre». Devant les jurés, le procureur a souligné «la gravité extrême des faits», dénoncé la «volonté d'exterminer l'autre» et le «caractère sans pitié» de l'accusé. Celui-ci clame son innocence.
Un signal envoyé «au reste du monde»
Fabien Neretsé est la première personne a être reconnue coupable de tels crimes par la justice belge. Sa condamnation constituerait une première pour le pays, ancienne puissance coloniale au Rwanda. «Votre signal devra être donné non seulement à [Fabien] Neretsé, mais aussi au reste du monde», a insisté le procureur. «Le signal sera clair. C'est de dire : monsieur, madame, vous ne dormirez jamais tranquille et la Belgique ne sera jamais une terre d'impunité pour les génocidaires et les criminels de guerre.», a-t-il affirmé, ajoutant : «Vous ne serez jamais les bienvenus et on vous traquera jusqu'au bout.»
Le procureur a toutefois déploré «l'absence d'aveux» et «de regrets» de la part de l'accusé qui a, selon lui, «persisté dans la négation de l'Histoire». «Mon client n'avouera jamais parce qu'il est innocent. Un innocent n'avoue pas«, affirme maître Jean Flamme, l'avocat de Fabien Neretsé. Selon lui, une condamnation à trente ans de prison représenterait pour l'accusé «une mort lente, terrible». Celui-ci est toutefois confronté à des témoignages de victimes accablants, ainsi qu'à de nombreuses incohérences dans ses propos.
A la suite de la reconnaissance de la culpabilité de l'accusé, les avocats des parties civiles avaient salué «un arrêt historique». Quatre procès de criminels rwandais avaient déjà eu lieu à Bruxelles en 2001, 2005, 2007 et 2009, sans que la qualification de génocide ne soit jamais retenue.
Entre avril et juillet 1994, des extrémistes rwandais issus de l'ethnie hutu ont commis une série de massacres à grande échelle à l'encontre de l'ethnie tutsie. En quatre mois, ces crimes contre l'humanité causeront la mort de près d'un million de personnes, dont un tiers tuées à la machette.
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