«Trahison» : le traité franco-allemand d'Aix-la-Chapelle sous le feu des critiques de l'opposition
Un nouveau traité franco-allemand, celui d'Aix-la-Chapelle, complètera le 22 janvier celui dit de l'Elysée, signé en 1963 entre le Général de Gaulle et Konrad Adenauer. De nombreues personnalités politiques, plutôt à droite, l'ont pris pour cible.
Un nouveau traité de coopération franco-allemand doit être signé le 22 janvier entre le président Emmanuel Macron et la chancelière Angela Merkel, à Aix-la-Chapelle ancienne capitale de Charlemagne. Selon l'Elysée, il s’appuiera sur le socle fondateur du Traité de l’Elysée de 1963 signé entre le chef de l'Etat de l'époque, Charles de Gaulle, et le chancelier de la République fédérale allemande (RFA), Konrad Adenauer. Toutefois, le texte est soumis à de nombreuses critiques, notamment à droite de l'échiquier politique français.
Les élus et cadres du Rassemblement national (RN) ont d'ailleurs massivement utilisé les réseaux sociaux pour remettre en cause ce traité. Le député européen RN Nicolas Bay a par exemple estimé qu'«Emmanuel Macron et Angela Merkel lan[çai]ent une opération désespérée de sauvetage du modèle fédéraliste».
🇩🇪🇫🇷 Traité d’Aix-la-Chapelle : #Macron et #Merkel lancent une opération désespérée de sauvetage du modèle fédéraliste
— Nicolas Bay (@NicolasBay_) 16 janvier 2019
🖋️ Mon communiqué de presse :https://t.co/kyuWlsgoxD
Pour la présidente du parti, Marine Le Pen, ce traité est «une trahison». «Emmanuel Macron effondre notre souveraineté et vend notre pays. A Aix-La-Chapelle, Macron va détruire ce qu’a fait le Général de Gaulle en envisageant de partager notre siège au Conseil de sécurité de l’ONU», poursuit-elle.
« Ce nouveau traité de l’Elysée est une trahison. #Macron effondre notre souveraineté et vend notre pays. À Aix-La-Chapelle, Macron va détruire ce qu’a fait le Général de Gaulle en envisageant de partager notre siège au Conseil de sécurité de l’ONU. » @BFMTV#19hRuthElkrief
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 16 janvier 2019
Marine Le Pen semble ici fonder une partie de sa critique sur l'article 5 qui mentionne que la France et l'Allemagne «établiront des échanges au sein de leurs représentations permanentes auprès des Nations unies à New York, en particulier entre leurs équipes du Conseil de sécurité» et l'article 8 qui précise que «l’admission de la République fédérale de l’Allemagne en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies est une priorité de la diplomatie franco-allemande».
Si ces deux articles font jaser sur les réseaux, ceux-ci n'affirment toutefois pas le partage du siège permanent de la France au Conseil de sécurité de l'ONU.
La ministre chargée des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, confirme qu'il n’est «pas question d’un quelconque partage de notre siège au Conseil de sécurité de l’ONU». «En revanche, nous continuerons de plaider, comme nous le faisons depuis plusieurs années, pour que l’Allemagne obtienne son propre siège», prolonge-t-elle.
#FakeNews 1 : Il n’est pas question d’un quelconque partage de notre siège au Conseil de sécurité de l’ONU. En revanche, nous continuerons de plaider, comme nous le faisons depuis plusieurs années, pour que l’Allemagne obtienne son propre siège. #AixlaChapellehttps://t.co/frSQSOCygV
— Nathalie Loiseau (@NathalieLoiseau) January 18, 2019
Julien Aubert, député Les Républicains (LR) qui a lancé le think tank Oser la France se pose de fait plusieurs questions : «Le Traité d’Aix-la-Chapelle prévoit que la diplomatie française se donne comme priorité l’admission de l’Allemagne comme membre permanent au conseil de sécurité de l'ONU. Où est la contrepartie ? Qu’obtient-on de la diplomatie allemande qui serve nos intérêts ?»
Le Traité d’#AixlaChapelle prévoit que la diplomatie française se donne comme priorité l’admission de l’Allemagne comme membre permanent du Conseil de Sécurité #ONU (art.8.2). Où est la contrepartie ? Qu’obtient-on de la diplomatie allemande qui serve nos intérêts ?@OserLaFrance
— Julien Aubert (@JulienAubert84) January 18, 2019
Le président du Parti Chrétien-Démocrate et ex-député, Jean-Frédéric Poisson, est lui aussi très critique quant au nouveau traité franco-allemand car, selon lui, «contrairement à ce qu'entendait faire de Gaulle avec le Traité de l'Elysée, ce nouveau traité a pour objet non pas deux nations souveraines qui s'unissent pour un bénéfice mutuel, mais deux Etats membres qui s'effacent au profit de l'Union européenne».
Pour le porte-parole de Debout La France (DLF), Damien Lempereur, le traité est «une humiliation diplomatique française» en considérant que les trois précédents traités signés à Aix-la-Chapelle furent quant à eux des victoires diplomatiques françaises.
4 traités d'#Aixlachapelle
— Damien Lempereur (@dlempereur) 17 janvier 2019
1668 (Louis XIV) : victoire diplomatique française 🇫🇷
1748 (Louis XV) : victoire diplomatique française 🇫🇷
1818 (Louis XVIII) : victoire diplomatique française 🇫🇷
2019 (E. Macron) : humiliation diplomatique française 🇪🇺 https://t.co/Sv7bQ0fXkW
Selon l'ancien candidat à la présidentielle et chef de file de l'Union populaire républicaine (UPR) François Asselineau, «ce traité ne favorise pas l'unité et la cohésion de l'Europe, il favorise au contraire la désunion et l'incohérence de l'Europe puisque voilà deux Etats qui conviennent de faire des choses à l'écart des 25 autres».
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