Anonymous accuse le Royaume-Uni d'être derrière un programme pour «contrer la propagande russe»
Les Anonymous ont publié des documents qui, selon eux, révéleraient une opération lancée par le Royaume-Uni pour créer un «service secret d'informations à grande échelle» afin de contrer la «propagande russe». Une cellule française en ferait partie.
Le 5 novembre dernier, des hackers du collectif Anonymous ont publié des documents qui mettraient au jour les dessous d'un programme lancé au Royaume-Uni en 2015, intitulé The Integrity Initiative, créé par le think tank Institute for Statecraft à l'initiative du gouvernement britannique.
Sur le site officiel de présentation de ce programme, une devise simple : «Défendre la démocratie contre la désinformation». Pourtant, son objectif réel, d'après les membres d'Anonymous, serait de «contrer la propagande russe» en créant un «service secret d'informations à grande échelle en Europe, aux Etats-Unis et au Canada». Les hackers affirment que ce «service secret» serait composé de cellules de «représentants des communautés politiques, militaires, académiques et médiatiques avec le think tank londonien à leur tête».
Que trouve-t-on dans les fichiers rendus publics par le collectif de hackers ? Tout d'abord, un document présenté comme le manuel du programme. Son objectif y est présenté en ces termes : «The Integrity Initiative vise à rassembler les gens qui comprennent la menace [russe], dans le but de fournir une réponse occidentale coordonnée à la désinformation russe et aux autres éléments de la guerre hybride».
Un autre des fichiers diffusés par les Anonymous présente un «guide pour contrer la désinformation russe». Celui-ci établit par exemple une liste de fausses nouvelles russes présumées ayant agité l'actualité récente, de l'attaque chimique à Khan Cheikoun en Syrie jusqu'à l'affaire Skripal. Celle-ci est assortie d'une consigne méthodologique pour désamorcer la «désinformation russe».
Après avoir mis en ligne ces fichiers, les membres d'Anonymous à l'origine de cette révélation ont fait savoir que seule une partie des documents en leur possession avait été publiée, menaçant le gouvernement britannique de publier le reste si Londres ne réagissait pas. Les dossiers restants révéleraient, selon eux, «davantage de secrets du Royaume-Uni».
Une activité en Europe et en France ?
Parmi les nombreux documents qu'ont fait fuiter les hackers, plusieurs listes de noms et d'adresses électroniques témoigneraient également de l'existence de différentes cellules européennes, dont une française. La composition des adresses électroniques françaises apparaissant sur ces listes laisserait penser que les personnes impliquées pourraient être des fonctionnaires de la diplomatie française.
Le président de la Commission des Affaires étrangères de la chambre haute du parlement russe, Konstantin Kossatchev a d'ores et déjà réagi aux révélations des Anonymous le 23 novembre. «Cette information mérite indubitablement la plus grande attention et une enquête des plus approfondies... Je considère qu'il est essentiel de se concentrer désormais sur des preuves, pas sur des accusations précipitées, aussi tentant que cela pourrait l'être», a commenté le parlementaire russe.