Les Wallons vont-ils avoir la peau de l’accord du participe passé ?

Les Wallons vont-ils avoir la peau de l’accord du participe passé ?© Frank Perry Source: AFP
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L’Académie française n'appréciera guère l'initiative : des linguistes belges ont demandé à supprimer la règle de l’accord du participe passé avec le complément d'objet direct placé devant le verbe, déclenchant de vives contestations.

Deux professeurs en Wallonie lancent une campagne pour supprimer une règle essentielle du français, l’accord du participe passé en genre et en nombre lorsqu’il est placé avant le verbe. Arnaud Hoedt et Jérôme Pitron ont publié une tribune dans Libération pour mettre fin à une règle d’accord qu’ils jugent absurde et qui embarrasse ceux, parmi les millions de francophones, qui font la faute chaque jour.

Les deux réformateurs n’ont pas craint de s’attaquer à un bastion : les préceptes grammaticaux défendus par l’Académie française. Ils blâment «des règles obsolètes et compliquées jusqu’à l’absurde, «l'incohérence des règles traditionnelles» qui empêcherait les professeurs «de donner du sens à leur enseignement». Ils conseillent de consacrer du temps au «vocabulaire», à la «syntaxe», à «la littérature», plutôt que de le perdre dans l'enseignement de règles «arbitraires». Ils recommandent de nouvelles consignes dans un site dédié.

Employé avec l’auxiliaire avoir, le participe passé s’accorde en genre et en nombre avec le complément d’objet direct quand celui-ci le précède, mais si le complément suit le participe conjugué avec le verbe avoir, il reste invariable. Pourtant jadis, l'accord avait lieu quoi qu'il arrive. Les auteurs attribuent l'adoption de la nouvelle règle aux erreurs de transcription des moines au Moyen-âge, qui écrivant sous la dictée, avaient l'habitude de coller les mots les uns aux autres. A cause de cette méthode, ils n’avaient plus de place pour rectifier un accord lorsqu'au fil de la dictée, il s'apercevaient à la fin de la phrase que le complément était au pluriel. Le moine qui aurait dû orthographier «ilamangéesavidementdespommes» écrivait au fil de la plume «ilamangé» puis «ilamangéavidement» puis «ilamangéavidementdespommes» et ne pouvait plus modifier la graphie lorsque le complément était cité.

Quant à l’Académie française […] elle n’est jamais parvenue à produire une grammaire décente 

Les deux réformateurs ont affirmé que leur projet était soutenu par la Fédération de Wallonie, elle-même adoubée par le Conseil de la langue française et de la politique linguistique de la Fédération Wallonie-Bruxelles (CLFPL) et même par le Conseil international de la langue française (Cilf). Les deux professeurs ne souhaitent pas en revanche accorder un quelconque crédit à l’Académie française : «N’étant pas composée de linguistes, elle n’est jamais parvenue à produire une grammaire décente et ne peut donc servir de référence.». Ils honnissent cette règle pourtant d’une complexité très relative et appellent les pays francophones à faire de même.

Les deux professeurs n’en sont pas à leur coup d’essai : ils ont créé il y a quatre ans une pièce de théâtre documentaire passée au festival d’Avignon dans laquelle ils entendaient dépoussiérer l’orthographe.

Les gardiens de l'orthographe française

Les deux professeurs ne sont pas les seuls pourfendeurs de l'orthographe à avoir osé affronter les fourches caudines de l’Académie française et le feu roulant des défenseurs des règles en vigueur, qui ont souvent raison de toute tentatives de modifications. Au sujet de la fameuse écriture inclusive, l’Académie avait dénoncé en octobre 2017 un «péril mortel» menaçant l’avenir de la langue française et avait préconisé une féminisation respectueuse des fonctions et professions

Les dernières rectifications officielles, limitées à la simplification orthographiques de certains mots, datent de 1990. Elles avaient été inspirées par un rapport du Conseil supérieur français de la langue française, auquel l'Académie avait donné son accord mais en 2016 la prestigieuse institution a relativisé l’aval qu’elle avait donné. Les modifications en question concernent la simplification d’entre 2000 à 5000 mots et l'Académie continue à accepter les deux orthographes.

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