Brexit with the wind : le scénario «catastrophe» se précise

Brexit with the wind : le scénario «catastrophe» se précise
Le Premier ministre britannique Theresa May sort du 10, Downing Street à Londres, le 10 juillet 2018.
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A 13 semaines de la date butoir pour un retrait en bon ordre, la confusion politique s'accroît à Londres. Dans la majorité Tory comme dans l'opposition, l'idée d'un nouveau référendum se répand. Pourtant, un Hard Brexit n'a jamais été plus probabe.

«Nous devons garder l’œil sur la récompense», écrivait Theresa May le 15 juillet dernier sur sa page Facebook. En guise d’avertissement elle ajoutait : «Si nous ne le faisons pas, nous risquons de nous retrouver sans Brexit du tout.» Une formule ambiguë et un sérieux raccourci de la part du Premier ministre. Car, au regard du droit européen, ce qui est en jeu, c’est la signature d’un accord, le Brexit étant réputé inéluctable.

Quelques jours plus tard, le 20 juillet, la Commission européenne appelait une nouvelle fois «les Etats membres, et les acteurs privés à intensifier leurs préparatifs» en anticipant tous les scénarios possibles, y compris celui qualifié de «rupture brutale», c'est à dire sans accord de retrait ratifié. De l’autre côté de la Manche on appelle le plus souvent ce scénario le «no-deal Brexit».

Mais dès le 19 juillet, le nouveau secrétaire d’Etat britannique chargé des négociations, Dominic Raab, tentait de se montrer rassurant, réaliste et déterminé devant ses interlocuteurs et ses compatriotes en déclarant : «Nous avons fait beaucoup de progrès dans l'accord de retrait [...] mais il y a encore des lacunes que nous devons combler […] C'est pourquoi j'ai hâte d'intensifier, de réchauffer les négociations et de faire en sorte que nous soyons dans la meilleure position pour obtenir le meilleur accord.»

En face, le négociateur en chef de la Commission européenne, Michel Barnier répétait : «Il est urgent de convenir d'un filet de sécurité juridique pour l'Irlande et l'Irlande du Nord», insistant sur le fait qu'il ne restait que «treize semaines» avant le sommet européen du 18 octobre, fixé par l’Union européenne (UE) comme horizon pour sceller un accord sur les modalités du départ britannique. Il restera ensuite à le faire ratifier par les parlements des 27 et du Royaume-Uni, avant le 30 mars 2019, date programmée de la sortie de l’Union européenne (UE).

Pendant ce temps au Royaume-Uni...

Mais au Royaume-Uni, l’illusion collective d’un possible maintien au sein de l’UE gagne chaque jour des adeptes dont les arrières pensées opportunistes et politiques ne peuvent être sous-estimées. Parmi les plus célèbres d’entre eux : Tony Blair. Invité le 15 juillet sur la BBC, l'ex-Premier ministre britannique a estimé que la décision adoptée par référendum le 23 juin 2016 par près de 52% des électeurs était «réversible» et a ajouté :

Tant que ce n'est pas fait, ce n'est pas fait

Depuis plusieurs mois, les initiatives individuelles ou collectives se multiplient pour défendre l’idée d’un nouveau référendum. On trouve même un parti, Renew, qui a fait de cette question le cœur de son programme. «Renouveler le Royaume-Uni, repenser le Brexit», clame son site internet où le parti explique qu’il croit que «le pays a besoin d’arrêter le processus du Brexit et de restaurer [sa] position en Europe de membre de plein droit pour continuer à partager les bénéfices de la coopération et mieux résoudre ses problèmes au niveau national».  

Proposant un parcours législatif brumeux, Renew – sans rentrer dans les détails de ses arguments pour convaincre la Commission européenne – vend du rêve : «Si nous réussissons, nous pivoterons de nouveau vers l'UE, réparerons nos relations et façonnerons un nouveau rôle pour la Grande-Bretagne en Europe, en accord avec notre vision nationale. Nous préconiserons des réformes dans une UE revivifiée...» 

En termes plus prudents, d’anciens hauts ministres – conservateurs comme l’ex-chef de gouvernement John Major, ou travaillistes comme l’ancien ministre des Affaires étrangères David Milliband – ont aussi exprimé le souhait que le Brexit n’ait pas lieu. 
 

De plus en plus de partisans d'un nouveau référendum

Au sein de la population britannique l’idée d’un second référendum progresse également. En décembre dernier, un sondage de l'institut Survation, publié par le Mail on Sunday, affirmait que la moitié des Britanniques étaient favorables à un nouveau référendum sur la sortie de l'Union européenne contre 34% d'un avis contraire et 16% à se déclarer sans opinion.

Theresa May a toujours exclu de convoquer les électeurs britanniques une seconde fois pour leur poser la même question. Mais, jusque dans son camp, certains commencent à penser que ce pourrait être une voie de sortie de l'état de crise quasi-quotidienne dans lequel se trouve l'exécutif britannique. William Hague, figure influente des conservateurs, a mis en garde les eurosceptiques de son parti en déclarant, la semaine dernière, que la solution d'un référendum deviendrait inévitable en cas de rébellion contre le Premier ministre.

L’idée est tellement à la mode que, selon l’AFP, Nigel Farage, leader démissionnaire du parti pro-Brexit Ukip, a lui-même évoqué un nouveau vote. Misant sur une confirmation du Brexit, il a estimé que cela permettrait de réduire au silence les «jérémiades». Avant de faire machine arrière.

Le 20 juillet, dans son émission Check Point, la chaîne parlementaire française LCP posait la question : «Va-t-on vers un nouveau référendum contre le Brexit ?» En première image de ce sujet présenté sous forme infographique, elle inscrivait sur fond d’une photo de John Olav Kerr, ancien diplomate, considéré comme l’auteur de l’article 50, une citation de ce dernier : «Il y a 30% de chances qu’on organise un second referendum.» Mais, interrogé par LCP, John Olav Kerr n’allait pas jusqu’à dire que le Brexit pourrait ne pas avoir lieu.

Jusqu'à nouvel ordre, la Commission reste inflexible

Contactée par courrier électronique, la Commission européenne a confirmé à RT France que sur ce point sa position «qui a été répétée plusieurs fois par Michel Barnier» n’avait pas changé. Nous renvoyant à son communiqué de presse officiel paru le 29 mars 2017, jour du déclenchement de l’article 50 du TUE par Londres, la Commission rappelle :

Il appartient au Royaume-Uni d'activer l'article 50, mais une fois ce dernier activé, il lui sera impossible de le désactiver unilatéralement. La notification constitue un point de non-retour

Le communiqué précise aussi que «l'article 50 ne prévoit pas de retrait unilatéral de la notification» et précise que la période de transition, concédée pour donner à un accord de sortie le temps de se mettre en place progressivement, n’aura pas lieu sans accord signé et ratifié avant le 30 mars 2019.

Dans ces conditions, on peut se demander quels bénéfices les politiciens britanniques attendent-ils de la promotion d’un nouveau référendum qui, aux dernières nouvelles, offrirait désormais trois options et non plus un choix binaire.

Parmi ses plus notables partisans, figure Justine Greening, députée Tory, membre de la chambre des Lords et, jusqu’à peu ministre, dans les deux premiers gouvernements May.

Elle défend l’idée d’un nouveau référendum proposant trois réponses possibles et même le choix de deux réponses selon un ordre de priorité : «L’accord final négocié par le Premier ministre, un no-deal Brexit [sortie sans accord] ou le maintien dans l’UE». Une idée qui a toute les chances de passionner les statisticiens, mais de refroidir l’ardeur d'éventuels volontaires pour le dépouillement.

La montre tourne en faveur des partisans du no-deal

De toute façon, une victoire du Remain lors d’un nouveau référendum ne ferait qu’ajouter à une confusion politique déjà extrême au Royaume-Uni. En outre, faute de temps pour en appliquer le verdict, si c’était la sortie avec accord qui l'emportait, (il reste 13 semaines de négociation dixit Michel Barnier), l’hypothèse d’une sortie «en bon ordre» semble aujourd’hui près de s’exclure d’elle-même.

Au contraire, le hard brexit, souhaité par les ministres démissionnaires Boris Johnson et David Davis, déjà partisans triomphants du choix de la sortie de l’UE, a toutes les chances de se produire… A moins que le Conseil et la Commission, les deux plus hautes instances de l’UE, ne décident d’en violer le traité fondateur (TUE-traité de Maastricht) en considérant finalement le Brexit nul et non avenu, ou plus humiliant, ne déclarent s’être trompées dans l'interprétation des textes. Des scénarios aussi extraordinaires qu’improbables.  

Lire aussi : le Brexit de Theresa May est-il vraiment «soft» ?

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