Aux portes de la Russie, Washington entame l'exercice «Coup de sabre» dans le cadre de l'OTAN
L'OTAN lance à la lisière de la frontière russe l'un des plus importants déploiements de soldats américains en Europe depuis la fin de la guerre froide. Pilotée par Washington, cette énième manœuvre militaire est censée parer à une «crise».
Se prémunir d'une «agression» venant de Moscou : cette antienne est à nouveau utilisée comme prétexte par l'OTAN pour justifier l'un des plus importants déploiement de soldats en Europe de l'Est depuis la fin de la guerre froide. Pas moins de 18 000 militaires originaires de 19 pays ont ainsi été mobilisés en Pologne et dans les pays baltes dans le cadre de la huitième édition de l'exercice militaire «Coup de sabre», qui se déroule du 3 au 15 juin.
Alors que les Etats-Unis dirigeront un bataillon en Pologne, l'Allemagne, la Grande-Bretagne et le Canada en commanderont trois autres en Estonie, en Lettonie et en Lituanie. Pour la première fois, Israël, qui n'est pas membre de l'Alliance atlantique, participera aux exercices.
Moscou dans le viseur
Selon l’armée américaine, l'exercice permettra de démontrer «la détermination de l'Alliance et sa capacité à agir d'une seule voix en réponse à toute agression».
Lors de la brève cérémonie d'ouverture de cet exercice, le général de brigade américain Richard Coffman, cité par l'AFP, s'est montré clair quant à la finalité concrète de «Coup de sabre» : «[L'exercice doit permettre de démontrer] la flexibilité accrue des forces terrestres et aériennes [de l'OTAN] pour répondre rapidement à une crise. Ceci permet d'avoir la bonne présence là où nous en avons besoin.» En l’occurrence, donc, à la frontière russe.
La présence, au premier rang de ce déploiement militaire, de la Pologne ne constitue pas une surprise, puisque le pays a récemment fait savoir qu'il envisageait de participer au financement d'une présence accrue de forces étasuniennes sur son sol. Pawel Soloch, chef du Bureau de sécurité nationale à la présidence polonaise, a ainsi annoncé qu'un «document d'information» rédigé au ministère de la Défense mentionnait la bagatelle de 1,2 à 1,7 milliard d'euros que son pays pourrait dépenser afin de contribuer aux frais de stationnement d'une unité blindée américaine.
Alors que les exercices militaires de l'OTAN se sont multipliés à sa frontière ces derniers mois, Moscou estime que ce déploiement «ne bénéficie en aucune façon à la sécurité et à la stabilité sur le continent».
«La menace russe», un prétexte pour légitimer l'implantation américaine en Europe de l'Est ?
Tandis que Moscou et ses alliés frontaliers, comme la Biélorusse, cantonnent leurs exercices militaires à leur propre territoire, l'armée américaine a récemment multiplié les manœuvres militaires aux portes de la Russie, à des milliers de kilomètres de son territoire, dans le cadre de l'OTAN.
En juin 2017, l'organisation militaire avait ainsi procédé à des exercices d'une ampleur sans précédent en Pologne, mobilisant des avions britanniques et des hélicoptères américains.
En mai, c'est en Estonie, où l'OTAN brandissait aussi la menace d'une agression russe, que plus de 300 soldats français avaient participé à des manœuvres dans le cadre de l'organisation. La Défense russe avait par ailleurs intercepté quelques jours plus tard 14 avions de reconnaissance occidentaux volant au-dessus de ses frontières.
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— RT France (@RTenfrancais) 23 janvier 2018
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Deux mois plus tard, l'armée suédoise avait procédé, avec l'Alliance, à ses plus importants exercices militaires depuis 23 ans.
Si le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg assurait encore le 4 avril qu'il ne souhaitait pas se livrer à une course aux armements avec la Russie, ses actes ne paraissent pas tendre vers cet objectif.