Pour Sergueï Lavrov, la future loi anti-fake news d'Emmanuel Macron s'affranchit de «tout débat»
Interrogé par des journalistes, le ministre russe des Affaires étrangères a fait part de ses doutes sur le contrôle de l'information dans les médias voulu par Emmanuel Macron. Selon Sergueï Lavrov, l'Occident chercherait surtout à isoler la Russie.
A l'occasion de son discours annuel et de son bilan diplomatique pour l'année 2017, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a évoqué ce 15 janvier devant les journalistes le projet de loi annoncé par Emmanuel Macron contre les fake news 12 jours plus tôt . «Prenez les médias. Vous noterez un parti pris contre RT et Sputnik [...] et récemment le président français a annoncé qu'il initierait un projet de loi pour lutter contre les fake news», a noté le chef de la diplomatie russe, avant de s'interroger sur les garanties d'objectivité d'une telle intervention de l'Etat dans l'information. «Mais il n'y aura qu'un régulateur, qu'une partie qui définira ce que sont ces fake news», a-t-il ainsi relevé. «Il n'y aura aucun débat sur cela», a encore souligné Sergueï Lavrov, qui citait l'initiative du président français, parmi une série d'exemples, selon lui, de ce qui ressemble à une guerre hybride contre la Russie, mêlant, outre la question des médias, des enjeux économiques, sportifs et géopolitiques.
Comment #Facebook emploie ses médias favoris pour débusquer 🔎 des #FakeNews sur son réseau
— RT France (@RTenfrancais) 5 janvier 2018
➡️ https://t.co/L1cyeVOEbcpic.twitter.com/2TpLpGOqX7
«D'une certaine manière, c'est une façon de punir la Russie, mais aussi de la priver d'une compétition équitable», a encore estimé Sergueï Lavrov dénonçant une volonté d'isoler le pays émanant de l'Occident, en l'empêchant de faire des affaires.
En effet, pour le ministre russe des Affaires étrangères, cette attitude d'Emmanuel Macron s'inscrirait dans le prolongement de la position adoptée par Washington contre Moscou. «Les Etats-Unis diabolisent la Russie et ils sont en grande partie responsables de l'opinion publique [négative vis-à-vis de la Russie] que nous constatons aujourd'hui», a-t-il déploré.
Estimant que «toutes les paroles ne se valent pas», et évoquant des notions comme la «vérité» et la liberté d'expression, Emmanuel Macron avait mis en chantier lors de ses vœux à la presse le 3 janvier dernier, une loi visant à contrôler l'information sur internet et les réseaux sociaux, qu'il a justifiée par la volonté de lutter contre les fake news et la propagande.