Les pays du sud de l'UE tentent d'afficher leur unité face à la crise migratoire
Lors d'un sommet davantage médiatique que politique organisé à Rome, la France, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, Chypre, la Grèce et Malte vont mener des discussions sur plusieurs sujets, parmi lesquels le dossier brûlant de la crise migratoire.
Sept pays du sud de l'Union européenne (UE) se sont donnés rendez-vous ce 10 janvier à Rome afin de discuter, notamment, de la crise migratoire qui frappe certains d'entre eux de plein fouet. Cependant, la nature de cette rencontre entre les chefs d'Etat ou de gouvernement de l'Italie, de l'Espagne, de la France, du Portugal, de la Grèce, de Chypre et de Malte est moins politique que symbolique. En effet, la réunion de travail annoncée ne durera qu'une petite heure, précédant une conférence de presse et un «dîner de travail».
Inaugurées en 2016 à l'initiative d'Alexis Tsipras, Premier ministre grec, ces réunions ont eu lieu à deux reprises en 2017, une fois à Lisbonne en janvier et une seconde fois à Madrid en avril. Aucune de ces rencontres n'a pour l'instant débouché sur des annonces majeures de la part des pays participants. Malgré cela, le programme reste ambitieux et vaste : avenir de la zone euro, investissements, élections européennes... et bien sûr crise migratoire.
Ce sujet devrait occuper l'essentiel des discussions. Alors que la Hongrie et la Pologne tentent de se positionner comme représentants d'une politique migratoire en rupture avec celle prônée par l'UE, les sept pays tenteront d'afficher leur unité, non sans difficultés. La pression migratoire en Europe pèse de plus en plus sur les pays membres et menace le consensus déjà fragile quant à la répartition des migrants. «L'Italie ne peut plus continuer à payer pour tout le monde, en termes financiers comme en termes d'effort politique», avait encore mis en garde le ministre italien des Finances, Pier Carlo Padoanle 8 janvier à Bruxelles.
Malgré les tentatives d'endiguement, l'afflux migratoire pèse encore lourd sur les Etats du sud de l'UE
Pour de nombreux pays, l'année 2017 a marqué un tournant. En France, le cap record des 100 000 demandes d'asile a été franchi. En Espagne, les arrivées de migrants par les côtes a connu une hausse spectaculaire de près de 384% entre 2016 et 2017, passant de 6 000 à 23 000 migrants, notamment à cause de l'intensification des flux venus d'Algérie et du Maroc. Les centres de rétention, vétustes et surpeuplés, font régulièrement l'objet de polémiques, comme lors du suicide en décembre dernier d'un Algérien dans une prison réquisitionnée pour y placer 500 personnes.
D'autres Etats ont en revanche mis en place des politiques visant à contenir les arrivées massives de migrants sur leur territoire. Ainsi, l'Italie a mis en place les prémices d'une immigration choisie à la faveur d'accords conclus avec la Libye, pays de partance de la plupart des migrants accostant sur la péninsule. Cette mesure a permis de réduire de 35% le nombre d'arrivée par rapport à 2016, même si leur nombre demeure élevé (119 000 en 2017). Quant au nombre de demandeurs d'asile présents dans les centres d'accueil du pays, Rome a tout simplement décidé de ne plus communiquer de chiffres. Le dernier disponible date du printemps dernier et avoisinait les 200 000.
En Grèce, c'est l'accord entre l'UE et la Turquie, que le président turc Recep Tayyep Erdogan menace régulièrement de dénoncer, qui a permis de diviser par six le nombre d'arrivées (28 000 en 2017). Là encore, pas moins de 50 000 migrants sont toujours présents dans le pays, dont près du tiers sont concentrés dans les camps surchargés des îles de la mer Egée.
A l'issue de ce mini-sommet, Emmanuel Macron a d'ores et déjà prévu de prolonger son séjour à Rome jusqu'au lendemain. L'occasion pour lui de mener des rencontres bilatérales directes avec les dirigeants italiens.
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