Erdogan appelle à voter contre les grands partis en Allemagne, Merkel dénonce «l'ingérence» d'Ankara
L'Allemagne s'élève contre l'appel lancé par le président turc Recep Tayyip Erdogan aux électeurs germano-turcs, de voter contre trois partis du pays, dont celui d'Angela Merkel, lors des élections fédérales de septembre.
Enième regain de tensions entre l'Allemagne et la Turquie : les relations diplomatiques entre les deux pays se sont de nouveau détériorées ce 18 août, après la dénonciation d'«ingérence dans la campagne électorale allemande», exprimée par Berlin à l'adresse du président russe Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier avait auparavant appelé les électeurs allemands d'origine turque à voter contre le parti d'Angela Merkel, la CDU (l'Union chrétienne démocrate, de centre-droit), mais aussi contre celui de Martin Schulz, le SPD (Parti social-démocrate, centre-gauche) et les Verts, aux élections fédérales allemandes de la rentrée.
Cet épisode vient s'ajouter aux nombreux incidents diplomatiques qui compliquent depuis plusieurs mois les relations entre Berlin et Ankara. Depuis le putsch raté du 15 juillet 2016 contre le président Erdogan, les autorités turques ont mené une vaste purge visant de nombreux membres de l'armée, de l'administration et de l'éducation, suscitant des critiques de la part de Berlin, inquiet des atteintes aux droits de l'Homme que cette répression aurait impliquées. Les critiques allemandes s'étaient accentuées après l'incarcération début mars pour «propagande terroriste», en Turquie, d'un correspondant germano-turc du journal Die Welt.
Ce même mois, le chef de l'Etat turc avait également dénoncé publiquement le soi-disant soutien d'Angela Merkel au terrorisme, accusant l'Allemagne d'héberger des militants de la cause kurde et des suspects recherchés pour le coup d'Etat de juillet 2016. Le président Erdogan avait également dénoncé des «pratiques dignes du nazisme» des Pays-Bas et de l'Allemagne, qui refusaient de laisser des ministres turcs participer sur leur sol à des meetings en faveur du oui au référendum élargissant les pouvoirs du chef d'Etat, face à la diaspora turque.
Autre chapitre révélateur des relations houleuses entre Berlin et Ankara : le 7 juin, l'Allemagne a décidé de retirer ses troupes de la base turque d'Incirlik, à la suite du refus de la Turquie de laisser des députés allemands visiter la base turque de l'OTAN, où plusieurs soldats et avions allemands étaient déployés.
Un mois plus tard, en juillet 2017, alors que Berlin avait refusé que le président turc s'adresse à ses compatriotes vivant en Allemagne à l'occasion du sommet du G20 de Hambourg, celui-ci avait affirmé que «l'Allemagne commet[tait] un suicide».
L'attitude d'Ankara, avec son «ingérence dans la campagne électorale», est une question très sensible pour l'Allemagne, qui compte dans le pays une importante diaspora turque.