Des députés du Bundestag demandent le retrait des forces allemandes d'une base militaire turque
Des parlementaires allemands, de gauche comme de droite, ont interpellé le gouvernement allemand, demandant le retrait des soldats allemands et des avions stationnés en Turquie. Berlin utilise une base aérienne pour mener ses opérations contre Daesh.
Alors que la tension diplomatique entre Ankara et Berlin ne retombe pas, plusieurs membres du Bundestag ont fait état de leur inquiétude concernant la sécurité des 240 militaires allemands stationnés en Turquie, dans la base militaire aérienne d'Incirlik. Cette base, d'une importance stratégique majeure, sert de support aux opérations de l’OTAN et abrite, entres autres, des armes nucléaires américaines.
A l'instar de Florian Hahn, porte-parole pour la sécurité et la politique étrangère de la CSU – l'organisation-sœur bavaroise de la CDU, le parti conservateur au pouvoir – ces parlementaires de l'opposition et de la majorité gouvernementale ont demandé le retrait des forces de la Bundeswher hors de Turquie.
«Au milieu de ce climat tendu, il devient de plus en plus incertain que le gouvernement turc puisse garantir et qu'il garantira la sécurité de nos soldats [déployés sur la base militaire turque] d'Incirlik», a ainsi déclaré le 12 mars Florian Hahn au quotidien allemand Bild.
Après avoir expliqué que les militaires allemands pourraient devenir des pions dans les jeux de pouvoir turcs, Florian Hahn a demandé le transfert des avions de reconnaissance Tornado stationnés à Incirlik. Il a également insisté pour un arrêt du financement allemand de la base d'Incirlik, décidé par les autorités allemandes en avril 2016. Le coût de cette contribution financière allemande pour étendre la base aérienne d'Incirlik est estimée à 65 millions d’euros.
A la gauche du spectre politique, la co-présidente du groupe parlementaire de Die Linke, Sahra Wagenknecht, a formulé des propositions similaires en déclarant : «Compte tenu des développements actuels en Turquie, il est plus que temps de retirer nos [avions] Tornado et les soldats de la Bundeswehr, ainsi qu'arrêter immédiatement les fournitures d'armes à la Turquie». Le co-président d'origine turque de l'Alliance 90 / Les Verts, Cem Ozdemir, a pour sa part estimé qu'un retrait des troupes allemandes permettrait d'envoyer un message clair à Ankara.
Depuis janvier 2016, l’Allemagne a envoyé 240 soldats et plusieurs avions de reconnaissance Tornado sur la base aérienne d'Incirlik. Berlin conduit ses opérations contre le groupe terroriste Etat islamique en Syrie à partir de cette base militaire.
#Daesh aurait planifié l'attaque d'un centre commercial d'#Essen, en #Allemagnehttps://t.co/kKKfTllDRcpic.twitter.com/SProA5561f
— RT France (@RTenfrancais) 13 mars 2017
Jusqu'à maintenant, le gouvernement allemand a toujours écarté les appels au retrait de Turquie. Le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière, a par exemple indiqué que les soldats allemands étaient présents en Turquie pour «protéger les intérêts de l'OTAN et donc nos intérêts». Les soutiens à un retrait des forces militaires allemandes hors de Turquie estiment néanmoins que les avions Tornado pourraient poursuivre leurs opérations contre l'Etat islamique s'ils étaient stationnés en Jordanie, à Chypre ou en Grèce.
Lire aussi : La Turquie interdit à des députés allemands de visiter la base aérienne d’Incirlik