Des réfugiés mineurs de la «Jungle» de Calais poursuivent Londres en justice
- Avec AFP
Une trentaine de demandeurs d'asile mineurs de la «Jungle» de Calais ont lancé une action en justice contre le ministère britannique de l'Intérieur après le refus de leurs demandes d'asile. Ils accusent le ministère d'avoir mal traité leurs demandes.
Une procédure judiciaire a été initiée par 36 réfugiés mineurs n'ayant pas de famille au Royaume-Uni, parmi lesquels 28 se sont vu signifier les 15 et 16 décembre le refus de leur demande l'asile tandis que les huit autres attendaient encore la décision de Londres, selon le quotidien britannique The Guardian.
«Le contentieux de fond a été introduit le 23 décembre», a précisé le 29 décembre à l'agence AFP un porte-parole du cabinet juridique Duncan Lewis, qui représente les plaignants.
Les avocats argumentent que le ministère de l'Intérieur n'a pas fourni de décisions écrites en refusant ces demandes d'asile et n'a pas tenu son engagement d'accueillir les mineurs vulnérables du camp de réfugiés de Calais, selon la section 67 du projet de loi sur l'immigration connu sous le nom d'amendement Dubs, en raison d'une série de nouveaux critères d'éligibilité édictés par Londres mi-novembre.
Selon ces critères, à moins d'attaches familiales, il faut avoir 12 ans ou moins, ou être exposé à un risque élevé d'exploitation sexuelle, ou bien avoir 15 ans ou moins si on est syrien ou soudanais, pour prétendre fouler le sol britannique.
Pour le moment, ces mineurs ont été répartis dans des centres d'accueil en France depuis le démantèlement et la fermeture en octobre et novembre du camp de Calais.
#Calais : selon plusieurs associations de nombreux #migrants mineurs auraient fui les centres d'accueil https://t.co/PjPfU9JmQtpic.twitter.com/ERsaiij9l7
— RT France (@RTenfrancais) 24 novembre 2016
«C'est moralement répréhensible et, selon nous, tout simplement illégal que ces enfants n'aient pas reçu de raisons écrites au refus de leur demande et qu'ils aient appris ces refus lors de réunions de groupe sans qu'une procédure appropriée ait été mise en place», a ajouté Toufique Hossain, directeur du droit public au cabinet Duncan Lewis, dans le Guardian.
Pour Alf Dubs, le Lord travailliste dont un amendement voté en mai prévoyant l'accueil de ces mineurs vulnérables porte le nom, les autorités britanniques «sont revenues sur leur parole». Celui qui a lui-même été un enfant juif réfugié fuyant les nazis en 1939 a affirmé à l'agence Press Association que les nouveaux critères «viol[ai]ent le texte et l'esprit de l'amendement» adopté en mai et censé ouvrir les portes du Royaume-Uni à quelques centaines de réfugiés mineurs isolés sans attaches familiales.
Selon les autorités britanniques, plus de 750 mineurs de la Jungle de Calais sont arrivés au Royaume-Uni cette année.