Envie d’aller aux Etats-Unis ? Les douanes veulent vérifier vos comptes sur les réseaux sociaux
Le gouvernement américain a commencé à demander aux individus souhaitant se rendre aux Etats-Unis de communiquer leurs pseudonymes sur les réseaux sociaux afin de vérifier qu’ils ne présentent pas de danger pour la sécurité nationale.
Si vous souhaitez vous rendre aux Etats-Unis, il y a de grandes chances que vous passiez par l’Eletronic System for Travel Authorization (ESTA). Cette plateforme web est destinée à effectuer les démarches préalables nécessaires pour se rendre sur le territoire de l’Oncle Sam. Dorénavant, les utilisateurs sont invités à donner les noms et pseudonymes utilisés sur des réseaux sociaux tels que Facebook, Twitter, Google+, Instagram, LinkedIn, YouTube et autres. Le but ? Permettre aux autorités américaines de s’assurer que vous ne représentez pas une menace.
US Customs Now Asking For Social Media Accounts https://t.co/O9VGFNijnr
— Naughty Gossip (@NaughtyNiceRob) 24 décembre 2016
Enclenché la semaine dernière, le programme a provoqué une levée de boucliers de la part d’activistes défendeurs de la liberté d’expression et de diverses organisations. Les douanes ont pourtant tenté de se montrer rassurantes en soulignant que les utilisateurs refusant de donner ces informations ne seraient pas forcément interdits d’entrée sur le territoire.
L’utilisation des données par les autorités pose pourtant problème. Pour ces dernières, elles serviront à «améliorer les processus d’enquête existants et à fournir au département de la Sécurité intérieure une meilleure visibilité des activités et connexions néfastes en donnant un outil supplémentaire aux analystes et enquêteurs pour leurs analyses et enquêtes».
#PrivacyShield: établir confiance des consommateurs pr transfert transatlantique de données? https://t.co/AjzsgU9CyMpic.twitter.com/g7Nwluctf5
— RT France (@RTenfrancais) 12 juillet 2016
L’Internet association, qui regroupe des entreprises telles que Facebook, Google ou Twitter a exprimé ses craintes vis-à-vis du respect de la liberté d’expression. Même son de cloche chez Michael Macleod-Ball, cadre de l’American Civil Liberties Union’s (ACLU) à Washington : «Bien que le gouvernement ait le droit de collecter certaines informations il serait bien qu’il s’intéresse aux préoccupations exprimées de longue date par plusieurs groupes de défense des citoyens.»
Une des plus grandes bases de données contrôlées par un gouvernement jamais créées ?
Au cours de l’été 2016, l’ACLU et le Centre pour la démocratie et la technologie ont averti que le nouveau programme offrirait aux organismes gouvernementaux des «passerelles vers d’immenses collectes de données qui peuvent refléter des informations très sensibles sur les opinions, croyances, communauté et identité d’une personne».
Les deux organisations ont averti que le programme «serait plus difficile pour les communautés arabes et musulmanes, dont les noms d'utilisateurs, les publications, les contacts et les réseaux sociaux seraient sujettes à un examen approfondi».
Les autorités britanniques ont usé de vidéosurveillance pour espionner le quotidien des citoyens https://t.co/1tG8IeD0XNpic.twitter.com/KjqU5fCWy7
— RT France (@RTenfrancais) 26 décembre 2016
«Le processus pour entrer aux Etats-Unis est source de confusion et il est probable que la plupart des visiteurs rempliront complètement ce qu’on leur demande plutôt que de risquer de devoir répondre à d’intimidants officiers en uniforme, les mêmes officiers qui décideront lesquelles de vos blagues sont drôles et lesquelles représentent un risque pour la sécurité nationale», s’est inquiété Nathan White du groupe Access Now spécialisé dans les questions de vie privée sur le web.
Le nouveau programme des douanes américaines inclut la possibilité de scanner un nombre limité de publications sur les réseaux sociaux.
Le gouvernement des Etats-Unis accorde environ 10 millions de visas par an et le pays a accueilli 77,5 millions de visiteurs étrangers en 2015. La collecte de données sur les comptes de réseaux sociaux appartenant aux voyageurs pourrait conduire à la création d’une des plus grandes bases de données contrôlées par un gouvernement que le monde ait connu jusqu'à maintenant.