A peine candidate, Merkel craint que le «trollage» des réseaux sociaux puisse manipuler l'opinion
Le plus grand rival de la chancelière dans l'élection allemande pourrait être non pas l'opposition, mais les logiciels robots opérant sur les réseaux sociaux pour orienter l'opinion des électeurs. Elle compte bien combattre ce phénomène.
Dans son premier discours au Parlement depuis l'annonce de sa candidature à un quatrième mandat, Angela Merkel a appelé à mener un débat sur le «trollage» de l'opinion publique sur les réseaux sociaux durant la campagne.
La chancelière considère en effet qu'il faut «s'attaquer» à ce phénomène et le «réglementer».
Les social bots ou «robots sociaux» sont des logiciels qui imitent le comportement humain sur les réseaux sociaux, notamment en publiant des messages ou en apposant des «like». Ils peuvent être utilisés pour répandre des informations erronées et «troller» les débat de la campagne.
VIDEO: Merkel Says 'Trolls' and 'Fake News' Could Influence German Election https://t.co/wz4W7oFbVipic.twitter.com/ndk074WLlx
— Breitbart London (@BreitbartLondon) 24 novembre 2016
Le camp de la chancelière craint en effet que le parti anti-immigration «Alternative für Deutschland» (AfD), qui s'applique déjà depuis quelques temps à récupérer les soutiens conservateurs de la chancelière en s'attaquant à sa politique migratoire de la «porte ouverte», ne puisse profiter de ces logiciels robots pour influencer les électeurs en véhiculant de fausses idées.
Aussi, le 21 novembre dernier, Angela Merkel, a invité Simon Hegelich professeur de sciences politiques à l'Université technique de Munich, pour qu'il informe le comité exécutif de son parti chrétien-démocrate (CDU).
«[Angela] Merkel est vraiment préoccupée par le sujet des logiciels robots opérant sur les réseaux sociaux pour véhiculer des discours haineux et elle est même très bien informée», a déclaré le professeur Hegelich.
Merkel stands up against fake news, trolls and other means of hybrid warfare. https://t.co/h5EDcOmpjw
— Pete Pakarinen (@PetePakarinen) 23 novembre 2016
Bien que tous les partis politiques allemands aient assuré qu'ils n'utiliseraient pas ces logiciels durant la campagne, ces derniers sont dans leur grande majorité anonymes, ce qui rend très difficile de déterminer qui se cache derrière eux. Aussi, le professer Hegelich n'exclut pas que des tiers puissent les utiliser pour tenter de discréditer des partis ou des politiciens.
Le ministre de la Justice, Heiko Maas, a déclaré la semaine dernière que l'Allemagne surveillerait de près la façon dont Facebook répond au défi des fausses nouvelles, mais a déclaré que les mesures législatives pour lutter contre ce phénomène étaient néanmoins limitées. Ainsi, Angela Merkel a soulevé l'idée d'un «code de conduite» pour les réseaux sociaux.
Thomas Jarzombek, le porte-parole de la CDU pour la politique numérique, affirme que plus de transparence est nécessaire. Il a ainsi appelé les journalistes des médias traditionnels à signaler les informations fausses et à créer un débat «plus informé».
Selon le porte-parole, les dix mois qui précèdent l'élection sont un laps de temps suffisant pour sensibiliser les électeurs sur le danger des logiciels robots qui trollent les réseaux sociaux.
Le trollage est une technique qui consiste à inonder les forums sur internet de sujets de conversation destinés à irriter les internautes et à provoquer les participants des espaces de discussion, de façon délibérée, dans le but d’alimenter des polémiques.
Le rôle que jouent les réseaux sociaux Facebook et Twitter dans la propagation d'informations fausses et malveillantes a éclaté après l'élection du républicain américain Donald Trump à la présidence des Etats-Unis.
Outre-Atlantique, les réseaux sociaux, tels Twitter et Facebook, mais aussi les moteurs de recherche comme Google, ont récemment fait l'objet de critiques virulentes, pour avoir laissé se propager des «fausses informations» pendant la campagne électorale américaine.
Pour le co-fondateur et patron de Facebook, Mark Zuckerberg, attaqué dans les médias, c'est une «idée plutôt fantaisiste» de croire que les fausses nouvelles publiées sur Facebook, aient influencé l'élection.