La victoire de Trump secoue la classe politique française
Alors que les yeux du monde étaient rivés sur les Etats-Unis où une bataille acharnée opposait le républicain Donald Trump à sa rivale démocrate Hillary Clinton, la classe politique française suivait de près l'évolution du scrutin.
La percée électorale spectaculaire de Trump, Etat après Etat, qui s'est finalement traduite par sa victoire sur Hillary Clinton, a mis en effervescence les dirigeants et responsables politiques français au cours de la nuit du 8 au 9 novembre et dans la matinée suivante.
Visiblement bouleversé par l'accumulation de victoires du candidat républicain au cours de la veillée électorale, l'ambassadeur de France aux Etats-Unis Gérard Araud, pris de «vertige», a écrit : «Un monde [qui] s'effondre sous nos yeux» sur Twitter... avant d'effacer son message dramatique, regrettant sans doute d'être sorti de la réserve à laquelle son poste officiel est censé le contraindre.
L'ambassadeur de France aux Etats-Unis @GerardAraud a effacé son tweet. Pour éviter un incident diplomatique ? pic.twitter.com/bdAf3FzIJV
— Fabrice Pelosi (@fabricepelosi) 9 novembre 2016
Socialistes et écologistes indignés par le succès de Trump
Chez certains hommes politiques aussi, les conquêtes successives du champion républicain ont suscité des réactions d'intense inquiétude. Les député (PS) Jean Louis Gagnaire et (UDI) Yannick Favennec ainsi que le sénateur socialiste Jean-Marie Bockel se sont fendus, à l'aube, de tweets témoignant de leur terreur à la découverte d'une probable entrée de Donald Trump à la Maison Blanche.
🇺🇸 On se réveille très inquiet par probable victoire du milliardaire #Trump censé incarner l'anti-système #ElectionDay
— Jean Louis Gagnaire (@JLGagnaire) 9 novembre 2016
Si la victoire de Trump se confirme ce serait un véritable séisme politique dont les répliques peuvent être très inquiétantes pour le monde!
— Yannick FAVENNEC (@yfavennec) 9 novembre 2016
Brexit,Election de Trump: tout est desormais a craindre partout..nous voila avertis
— Jean-Marie Bockel (@BockelJeanMarie) 9 novembre 2016
Egalement effrayé par la victoire du candidat de la droite américaine, le Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a appelé à l'unité de la gauche face au Front national (FN), dont l'accès au pouvoir aurait gagné en crédibilité avec les résultats du scrutin américain.
La Gauche est prévenue ! Continuons nos enfantillages irresponsables et ça sera Marine Le Pen. #Presidentielle2017#Trump#USElection2016
— Jean-Chr. Cambadélis (@jccambadelis) 9 novembre 2016
La sénatrice Europe Ecologie Les Verts (EELV) Esther Benbassa, elle, a préféré réagir avec humour aux résultats des votes de la nuit, rappelant... que le cannabis avait été récemment légalisé en Californie !
#Trump peut-être élu. En cette année noire, une seule bonne nouvelle: le #cannabis légalisé en #Californie. Les Américains en auront besoin.
— Esther Benbassa (@EstherBenbassa) 9 novembre 2016
Une voie également choisie par Martine Billard, secrétaire national du Parti de gauche, qui s'est laissée aller à une blague climatique.
Mauvais jour pour le climat avec l'élection de #Trump aux États -Unis
— Martine Billard (@MartineBillard) 9 novembre 2016
Son camarade de parti, Eric Coquerel, s’est dit inquiet de voir élire quelqu’un qui, «pendant sa campagne, a été raciste, sexiste, climato-sceptique, a fait mine de se positionner comme candidat antisystème alors même que son programme favorise les plus riches», avant de poursuivre : «Au-delà de la dangerosité de cette élection, il faut en tirer des conclusions pour la nôtre en 2017.»
Le député radical Jérôme Lambert prévient que si les actes de Trump s’alignent sur ses propos, le monde sera «dans une extrême tension», même s’il est «impossible de ne pas voir Donald Trump comme populiste dans la mesure où il emploie des slogans populistes», précise-t-il dans une interview à RT France.
Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, tous deux candidats à la primaire de la gauche organisée par le PS se sont exprimés par communiqués sur le résultat des élections américaines.
L'ancien ministre de l'économie Arnaud Montebourg a cherché à donner une explication à la victoire du candidat républicain: «Le premier enseignement concerne l'incapacité de certains courants dominants de la gauche établie, dans tous les pays du monde à comprendre la rébellion populaire contre la mondialisation».
De son côté, Benoît Hamon a expliqué : «La leçon de cette élection est simple: lorsqu’on ne protège plus le peuple, il se venge. L’Amérique a choisi la seule voie de sortie qui lui était proposée: un populisme nationaliste, xénophobe et obscurantiste». Le candidat à la primaire de la gauche a aussi mis en garde : «Ici comme aux Etats-Unis, ces Clinton français ne gagneront pas contre Marine Le Pen».
"Le plus excellent symbole du peuple c'est le pavé. On marche dessus jusqu'à ce qu'il vous tombe sur le tête" V Hugo. #Trump#Hamon2017
— Benoît Hamon (@benoithamon) 9 novembre 2016
Philippe Poutou, le candidat du NPA a également réagi à la victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle américaine : «Ici avec le danger Le Pen comme aux États-Unis, cette élection montre qu’il y a urgence à ce que les classes populaires relèvent la tête, et défendent leurs intérêts sur la scène politique».
Une claque infligée aux instituts de sondages et aux médias soulignée pour la droite
Chez Les Républicains, en revanche, le soutien de Nicolas Sarkozy Philippe Juvin, le président du département des Alpes-Maritimes Eric Ciotti et la députée Valérie Boyer ont souligné avec délectation le décalage entre les estimations des sondages et les experts – qui, très majoritairement, considéraient comme improbable une victoire du milliardaire – et le verdict des urnes.
#Trump#Brexit 1) ah les sondages ...! 2) très curieux tous ces gens qui veulent 1 alternance résolue et pas en 1/2 teinte @NicolasSarkozy
— Philippe Juvin (@philippejuvin) 9 novembre 2016
La victoire de @realDonaldTrump rappelle qu'en démocratie un Président est élu et pas choisi par les médias et les sondeurs. #USA2016
— Eric Ciotti (@ECiotti) 9 novembre 2016
#ElectionNight Et si les chaînes TV cessaient avec les sondages thermostats,les"experts"autoproclamės pour essayer les sciences politiques?
— Valérie Boyer ن (@valerieboyer13) 9 novembre 2016
«Je salue la démocratie américaine», s’est félicité le député des Républicains Thierry Mariani en commentant le résultat des élections dans un entretien à RT France. «C’est une belle leçon d’indépendance et de démocratie que les Américains nous ont donné», a-t-il souligné.
Le député Nicolas Dhuicq, également des Républicains, a confié à RT France qu’il valait mieux pour l’Europe que Donald Trump soit élu : «J’espère qu’il va agir en homme d’affaires et être capable de mener des négociations et d’avoir des ententes, des partenariats avec les Européens, avec le président Poutine», a-t-il précisé.
Dans la même veine, Eric Anceau, du mouvement souverainiste Debout la France (DLF), a évoqué sur Twitter la «claque gigantesque» infligée par le peuple américain aux grand médias qui, selon lui, lui avaient présenté la mondialisation (décriée par Donald Trump) sous un jour lumineux.
Le peuple vient de donner une claque gigantesque à la mondialisation prétendument heureuse que nous vendent continûment les médias#Trump
— Eric Anceau (@Eric_Anceau) 9 novembre 2016
Le leader de DLF, Nicolas Dupont-Aignan, a quant à lui exprimé un enthousiasme dénué de toute ambiguïté, se félicitant du «retour de la démocratie» en Amérique.
La démocratie est de retour. Le peuple américain a repris sa liberté! Le système est écrabouillé !Aux Francais maintenant de réagir #Trump
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) 9 novembre 2016
A droite toujours, l'élu parisien Charles Beigbeder a considéré que les Américains s'étaient tournés vers le candidat Républicain dans l'espoir d'un renforcement des frontières et d'une moins grande pression fiscale...
Trump Président ! La Nation américaine fait le choix du renfort des frontières et des baisses d'impôts. Et du renouvellement politique...
— Charles Beigbeder ن (@CBeigbeder) 9 novembre 2016
... tandis que le candidat à la primaire de la droite et du centre, Jean-Frédéric Poisson, a vu dans les résultats obtenus par Trump une «victoire contre le système».
Félicitations à Donald #Trump nouveau Président des Etats-Unis. Après #Brexit nouvelle victoire des électeurs contre le système.
— JeanFrédéric Poisson (@jfpoisson78) 9 novembre 2016
«C’est une merveilleuse opportunité de prendre acte du fait que sous la présidence de Donald Trump les Américains renonceront à être les gendarmes du monde, à exporter leur modèle de la société un peu partout», a expliqué dans une interview à RT France le candidat à la primaire de la droite et du centre.
De son côté, le président du Sénat, Gérard Larcher (Les Républicains) a indiqué espérer que le candidat Trump allait laisser la place au président Trump.
Il faut désormais que le Président #Trump succède au candidat Trump. La conquête et l'exercice du pouvoir st parfois bien différents. @Senatpic.twitter.com/1PooEyNVnK
— Gérard Larcher (@gerard_larcher) 9 novembre 2016
Le Front national jubile
Du côté du Front national, l'ambiance était à la fête : la président du parti Marine Le Pen a ainsi salué la victoire (anticipée) de Donald Trump et d'un peuple américain, selon elle, de nouveau «libre»...
Félicitations au nouveau président des Etats-Unis Donald Trump et au peuple américain, libre ! MLP
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 9 novembre 2016
... tandis que le député du Rassemblement Bleu Marine (proche du FN) Gilbert Collard s'est enthousiasmé de la «victoire» du peuple sur les prévisions médiatiques, et le secrétaire général du parti, Nicolas Bay, de la défaite des «élites».
Sur la deux, le journaliste la larme dans la voix : " la défaite de Clinton plus certaine que la victoire de Trump": SOS un psy médiatique !
— Gilbert Collard (@GilbertCollard) 9 novembre 2016
Trump : quand le Peuple a parlé les médias sont mouchés ! pic.twitter.com/fUPq8T15y8
— Gilbert Collard (@GilbertCollard) 9 novembre 2016
La victoire de #Trump contre H.#Clinton, c'est la victoire du peuple contre ses élites. Une bonne nouvelle pour la France ! #ElectionNight
— Nicolas Bay (@nicolasbayfn) 9 novembre 2016
«Nous assistons à un réveil des peuples», a déclaré dans une interview à RT France le membre du bureau politique du Front national, Bruno Gollnisch. Pour lui, la victoire de Trump serait un présage de la victoire de Marine Le Pen : «Peut-être que demain nous allons assister à une victoire d’un candidat à la présidence souverainiste en Autriche, et après-demain à celle de Marine Le Pen.»
Le député européen ex-frontiste Aymeric Chauprade, quant à lui, a souligné l'apaisement des relations américano-russes que représenterait une victoire de Donald Trump.
#Trump est une bonne nouvelle pour l'identité américaine et pour la paix avec la #Russie. Il nous faut désormais un président français FORT!
— Aymeric Chauprade (@a_chauprade) 9 novembre 2016
Un constat partagé – et élargi – par le vice-président du FN Florian Philippot, qui voit dans l'arrivée au pouvoir de Trump une avancée pour la paix dans le monde.
.@f_philippot : "L'élection de Donald #Trump est également une bonne nouvelle pour la paix dans le monde." #E1USA
— Front National (@FN_officiel) 9 novembre 2016
Le triomphe de Trump, aubaine pour la cause fédéraliste ?
L'élection du candidat républicain pourrait-elle encourager les Etats européens d'aller plus loin dans l'intégration politique et l'Europe de la Défense ? C'est ce que semblent en tout cas penser le leader de l'UDI Jean-Christophe Lagarde et l'eurodéputé LR Arnaud Danjean.
#Trump2016 À nous de décider de reprendre notre souveraineté en mains en fédérant une Europe politique. Ne plus dépendre à ce point des USA!
— JC Lagarde (@jclagarde) 9 novembre 2016
L'Alliance Atlantique avec Trump & Erdogan... il est temps que les Européens prennent leur #Défense en main
— Arnaud Danjean (@ArnaudDanjean) 9 novembre 2016