Le Coordinateur du Parti de gauche Eric Coquerel a réagi avec scepticisme à la victoire de Donald Trump aux élections présidentielles américaines. Pour lui, Donald Trump est hautement imprévisible.
RT France : Quelle est votre réaction à l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis ?
Eric Coquerel (E. C.) : Je pense que c'est une élection inquiétante. Parce que c’est l’élection de quelqu’un qui, pendant sa campagne, a été raciste, sexiste, climato-sceptique, a fait mine de se mettre de se positionner comme candidat antisystème alors même que son programme favorise les plus riches. Donc, tout ça est inquiétant. C’est aussi un symptôme. C’est le symptôme de faire face à une faillite du néolibéralisme, du libre échange. Parce que Madame Clinton était à juste titre considérée comme la représentante de ce système et d'une oligarchie financière. Voilà, première chose c’est d'abord l'expression d'un besoin de gens, d’une protection, d’un refuge. Le problème c’est que c’est un refuge identitaire et xénophobe. On a eu une campagne qui a été absolument catastrophique, tout à fait ras-les-pâquerettes. C'est le reflet du système électoral américain du bipartisme, du système des primaires qui fait qu'un Sanders qui aurait certainement été à même de représenter, lui, une autre alternative et de battre Trump, a été éliminé. Au-delà de la dangerosité de cette élection, il faut en tirer des conclusions pour la nôtre en 2017.
Il faut peut-être arrêter de copier, de faire une mauvaise copie du système marketing et politique américain, dont on voit bien que les primaires, que ce soit de la droite ou du PS sont le reflet
RT France : Quelles sont ces conclusions ? L’élection de Trump signifie-t-elle qu'une victoire de Marine Le Pen est possible en France ?
E. C. : La première chose, c’est qu’il faut peut-être arrêter de copier, de faire une mauvaise copie du système marketing et politique américain, dont on voit bien que les primaires, que ce soit de la droite ou du PS sont le reflet. Deux forces, deux grands courants politiques, peuvent dominer un système politique, alors même qu’ils défendent le système libéral, le parti socialiste et la droite. A la fin, tout cela éclate. Aux Etats-Unis ça a éclaté du côté de l’extrême droite. En France on en tire la conclusion que celui qui, aujourd’hui, est plus que jamais à même de refuser ce système-là, de refuser une domination états-unienne avec l'OTAN qui va être plus que nécessaire avec Donald Trump, c'est Jean-Luc Mélenchon. J’ai vu des appels ce matin de Monsieur Cambadélis qui estime que ça doit sonner l'appel à l'unité, en France, autour de la sociale démocratie. C'est surtout ce qu'il ne faut pas faire car c’est exactement ce qu'il s’est passé avec Sanders et Clinton aux Etats-Unis.
La question qui se pose est celle de la nécessité d'une politique indépendante française
RT France : Concernant les conséquences pour les relations franco-américaines. François Hollande et Jean-Marc Ayrault étaient ouvertement pro Hillary Clinton. Comment les relations entre les deux pays vont-elles se développer après cette élection ?
E. C. : Très sincèrement, je ne pense pas que l’avenir des relations franco-américaines soit à chercher du côté d’Hollande, parce que, à mon avis, il ne sera pas le prochain président du pays. La question qui se pose est celle de la nécessité d'une politique indépendante française. Une politique qui soit dans l'intérêt du pays. Une politique qui revienne à proposer - ce qu'a su faire la France à certains moments de l’Histoire -, dans les pays du monde qui sont l'objet de tensions, des sorties de crises par la coopération, par la diplomatie, par l’ONU... et non par un alignement sur les Etats-Unis. Je pense qu’avec Trump, qui est imprévisible, c'est plus que nécessaire.
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