Les Etats-Unis vendent des chars à l'Arabie saoudite sur fond de reprise des raids au Yémen
Un contrat de vente d'armes dont le montant est estimé à plus d'un milliard de dollars est conclu entre les Etas-Unis et l'Arabie saoudite, le royaume étant accusé de crimes de guerre au Yémen où Riyad dirige la coalition arabe contre les rebelles.
Washington va vendre à Riyad des chars, véhicules blindés, mitrailleuses lourdes et munitions, pour un montant de 1,15 milliard de dollars, a annoncé mardi le département américain de la Défense.
Dans le détail, Washington va fournir à Ryad, entre autres, 153 structures de chars de type Abrams, 153 mitrailleuses de calibre 12,7 mm, 266 mitrailleuses de calibre 7,62 mm, des lance-grenades, des véhicules blindés et des milliers de munitions, selon un communiqué du Pentagone.
Conformément à la procédure américaine, c'est le département d'Etat qui a approuvé cette vente importante d'équipements de défense à Ryad. Ce contrat sera concrétisé par le feu vert technique du Congrès, selon un communiqué du Pentagone.
Mais, interrogé sur l'hypothèse que des armes américaines servent aux opérations militaires de Riyad au Yémen, le département d'Etat a réaffirmé qu'il restait «très préoccupé» par les victimes civiles dans ce pays pauvre et en guerre de la Péninsule arabique.
L'Arabie Saoudite est en effet engagée dans un conflit armé de grande ampleur au Yémen, guerre dans laquelle le royaume est régulièrement pointé du doigt par l'ONU et les ONG pour ses violations répétées des droits de l'Homme.
L'Arabie Saoudite sur la liste noire de l'ONU des pays responsables de la mort d'enfants dans des conflits
En effet, depuis mars 2015, l'Arabie Saoudite est à la tête d'une coalition militaire d'Etats arabes soutenue par les Etats-Unis, dans le but d'aider le président du Yémen dans sa lutte face à l'insurrection des Houthis chiites, appuyés par l'Iran. Ces derniers, alliés à l'ex-président yéménite Ali Abdallah Saleh, contrôlent actuellement une importante partie du territoire national, dont la capitale Sanaa.
Environ 10 000 personnes ont été tuées depuis le début de l'intervention du royaume saoudien au Yémen.
Le rapport annuel des Nations unies sur les enfants en zone de conflit affirme que 60% des enfants tués ou blessés (510 morts et 667 blessés) au Yémen, l'an dernier, l'ont été en raison de bombardements de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite.
Des #ONG demandent la sortie #Riyad du Conseil des droits de l'homme pour «crimes de guerre» https://t.co/6nEbfdYHzupic.twitter.com/zsS4B6rBWL
— RT France (@RTenfrancais) 30 juin 2016
D'ailleurs, l'annonce par Washington de la vente d'armes à l'Arabie saoudite arrive quelques heures après la reprise des raids aériens de la coalition arabe au Yémen. Au moins 14 civils sont morts dans le bombardement d'une usine dans la région de Sanaa.
Un royaume régulièrement pointé du doigt pour les atteintes aux droits de l'Homme sur son propre sol
L'Arabie saoudite est régulièrement accusée de multiplier les atteintes aux droits de l'homme. Le pays pratique en effet massivement la peine de mort : 87 personnes ont été exécutées en 2014, 153 en 2015 et l'année 2016 pourrait bien battre des records, avec déjà plus de 70 exécutions. Le système judiciaire saoudien est particulièrement dur et la liberté politique, quasi-nulle : le poète et écrivain Raïf Badawi a été condamné récemment à 10 ans de prison et à 1000 coups de fouet pour promotion de la liberté d'expression. Un jeune homme âgé de 17 ans a par ailleurs été condamné à mort pour avoir participé à une manifestation anti-gouvernementale.
Les femmes saoudiennes, quant à elles, n'ont pas le droit de sortir du pays sans leur mari ou un tuteur masculin, ni le droit de conduire une voiture.