Le département d’Etat américain appelle à bombarder la Syrie comme la Yougoslavie
Les employés du département d’Etat américain ont proposé dans une lettre adressée à leur direction de frapper les troupes gouvernementales en Syrie, comme dans le cas de la Yougoslavie, a noté le New York Times qui a obtenu en possession le document.
Le journal américain The New York Times a reçu la semaine dernière une version préliminaire du mémorandum du département d’Etat qui critique sévèrement la politique de l’administration Obama en Syrie et appelle à des frappes militaires contre le gouvernement de Bachar el-Assad.
Une partie du Département d’Etat appellerait Obama aux frappes en Syrie pour renverser Assad https://t.co/6GacxmH5nppic.twitter.com/OZUXmNrlo8
— RT France (@RTenfrancais) 17 juin 2016
Les mesures proposées dans le mémorandum, signé par 51 diplomates américains, sont selon eux le seul moyen de combattre Daesh et aboutir à la paix en Syrie. Le porte-parole du département d’Etat a confirmé l’existence de cette missive, mais n’a pas souhaité fournir plus de commentaires.
«Nous voyons un sens dans le rôle militaire plus actif des Etats-Unis en Syrie, fondé sur un usage judicieux d’armes à distance et depuis les airs, qui favorise et mène un processus diplomatique plus cohérent et agressif de la part des Etats-Unis», lit-on dans la lettre citée par le journal.
Dans le reste de l’article du New York Times, il est expliqué que le terme «arme à distance» concerne en particulier les missiles de croisière qui peuvent être lancés depuis plusieurs centaines, voire des milliers de kilomètres, empêchant les troupes syriennes de répondre à de telles attaques.
C’est comme cela que la coalition de l’OTAN menée par les Etats-Unis a agi dans son opération militaire en Yougoslavie en 1999, forçant ainsi les autorités du pays à entamer un dialogue politique, conclu par la proclamation de l’indépendance du Kosovo.
Cette lettre ainsi révélée contient dix points argumentant le besoin de frappes contre le gouvernement dans l’optique d’une fin de conflit, du retour des réfugiés et de la lutte contre Daesh. Elle n’aborde cependant pas les questions vraiment importantes, comme la façon dont mettre un terme à la crise syrienne.
«Elle n’explique pas comment éliminer les différends profonds entre alliés, comme doit l’évoquer un accord pacifique. Elle n’introduit pas de fondement juridique à une intervention directe en Syrie, que la Russie bloquerait évidement à l’ONU», peut-on lire dans l’article du New York Times, ajoutant que la question de savoir comment éliminer Bachar el-Assad sans que le gouvernement syrien ne s’effondre, n’a pas non plus de réponse. «La lettre est plus dans la déception, voire l’indignation, de la politique actuelle que ne propose des alternatives concrètes.»
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Réaction de Moscou
Cette lettre signée par les diplomates américains a été fraichement accueillie à Moscou. Le secrétaire de presse du président russe, Dmitri Peskov, a prévenu qu’un renversement du pouvoir par la force en Syrie pourrait amener le chaos dans la région.
Le ministère des Affaires étrangères russe a à son tour espéré que Washington ne répéterait pas les erreurs commises dans le passé en Irak, dans d’autres pays où l’Occident a essayé de résoudre par la force les affaires internes de ces pays.
«Tous les cadres internationaux qui sont créés avec la participation des Etats-Unis, la résolution correspondante du Conseil de sécurité de l’ONU, tout cela indique qu’aucun scénario ne prévoit la force dans la résolution de la question syrienne. Juste la voie pacifique, juste le dialogue politique», a souligné la porte-parole du ministère, Maria Zakharova, après l’apparition de l’information sur le mémorandum.
Le ministère de la Défense russe a toutefois exprimé son inquiétude quant à la prise de telles décisions par «le vote d’un collectif de bureaucrates».