Zimbabwe : 50 000 convives pour le 92e anniversaire de Mugabe célébré en pleine sécheresse
Robert Mugabe, à la tête du Zimbabwe depuis 1987, a fêté ses 92 ans en grande pompe le 27 février au cours d'une cérémonie à Masvingo, dans le sud, qui a coûté près de 800 000 dollars.
50 000 personnes ont été conviées, parmi lesquelles des partisans de la Zanu-PF, le parti au pouvoir, des cadres du parti, des ministres, des diplomates étrangers et des représentants des partis au pouvoir en Angola, au Botswana, en Afrique du Sud, en Namibie et en Tanzanie.
Cette cérémonie grandiose s'est déroulée alors que l'état de catastrophe naturelle a été décrété en raison de la sécheresse qui sévit sur 75% du territoire zimbabwéen. Le 9 février, Robert Mugabe avait appelé les entreprises et les associations caritatives nationales à verser 1,5 milliard de dollars pour importer de la nourriture et empêcher une famine.
Plusieurs gros gâteaux étaient exposés pour la cérémonie d'anniversaire, l'un d'eux représentant l'Afrique, un autre pesant 92 kilos était un réplique du lieu des festivités : le monument national du Grand Zimbabwe, un ensemble de ruines du XIIIe siècle, classé au patrimoine mondial de l'Unesco.
#Mugabe fête son anniversaire à 800 000 $ ds 1 région où la sécheresse a causé la perte de 75% des récoltes de maïs https://t.co/6ASvVT7D3A
— Nassira El Moaddem (@NassiraELM) 28 février 2016
92 ballons ont été lâchés devant les invités, en l'honneur du nombre d'années de celui qui a été Premier ministre de 1980 à 1987 avant de devenir chef de l'Etat. Alors que le parti au pouvoir est en proie à des querelles internes liées à la lutte pour la succession de Robert Mugabe, au pouvoir depuis 29 ans, ce dernier n'a pas manqué de se lancer dans des diatribes contre les Etats-Unis.
Les droits des homosexuels : «Nous ne voulons pas cela»
«Les divisions n'ont aucune place dans notre parti […] Les Britanniques et les Américains, par leurs ruses, comme toujours, ont utilisé ces occasions pour offrir de grosses sommes d'argent à des individus du parti et de l'extérieur du parti, provoquant des divisions», a-t-il déclaré. Il a également indiqué que le Zimbabwe n'accepterait pas les aides des pays occidentaux si elles sont accompagnées de conditions pour que le pays accepte les droits des homosexuels : «Nous ne voulons pas cela. C'est de l'aide pourrie, avec laquelle nous n'avons rien à faire.»
Les difficultés du parti au pouvoir qui s'est forgé dans la guerre contre le colonisateur, à l'image de son créateur et président, sont réelles et les critiques à l'encontre de l'Occident sont récurrentes. Celui qui a été qualifié de «terroriste noir» ou encore «d’Hitler noir» pendant sa lutte pour l’indépendance se targue d’être le chantre de la lutte anti-impérialiste.
«Si le fait de me battre pour mon peuple fait de moi un Hitler, alors laissez-moi être dix fois Hitler»
Au début des années 1990, quelques milliers de blancs détenaient encore les deux tiers des terres arables.
Robert Mugabe décide alors d'exproprier les fermiers blancs et de donner des terres aux noirs, non formés, non outillés. La faillite de la réforme agraire voulue par l'homme fort du Zimbabwe pour rééquilibrer le partage des terres entre blancs et noirs, ainsi que les sanctions internationales qui ont suivi ont poussé le pays à la ruine dans les années 2000. «Si le fait de me battre pour mon peuple fait de moi un Hitler, alors laissez-moi être dix fois Hitler», déclara-t-il encore en 2003.
L'année dernière, pour ses 91 ans, le menu des festivités composé d'éléphants, de buffles et de lions avait déjà suscité une vive polémique. Le Zimbabwe est l'un des pays les plus pauvres d'Afrique.
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