Lettonie : un homme poursuivi pour avoir déposé des fleurs sur le site d’un ancien mémorial de l’Armée rouge
- Avec RIA NOVOSTI
La police lettone a ouvert une procédure pénale à l’encontre d’un homme qui a déposé à plusieurs reprises des fleurs sur le site d’un mémorial soviétique démantelé. Depuis l’éclatement du conflit en Ukraine, les autorités lettonnes ont multiplié les mesures à l’encontre des symboles de l’ère soviétique ainsi que de sa population d’origine russe.
Dans la ville de Rezekne, à l’est de la Lettonie, un homme d’une quarantaine d’années est visé par une procédure pénale pour avoir déposé à plusieurs reprises des fleurs sur le site d’un ancien mémorial de l’Armée rouge.
«Dans un premier temps, une procédure administrative a été lancée pour chaque épisode, mais après avoir identifié, interrogé et clarifié les motifs, il a été décidé de requalifier les agissements du suspect en procès pénal pour justification de crimes de guerre», a relaté ce 3 mai le site letton Delfi. «Le 15 mars, l'homme a déposé sept œillets rouges, le 6 avril, trois œillets blancs et le 14 avril, cinq œillets rouges», a précisé le portail d’informations.
Le monument, connu sous le nom d’«Aliocha», érigé en 1976 en l'honneur des soldats de l'Armée rouge morts lors de la libération de la ville au cours de la Seconde Guerre mondiale, a été démantelé en novembre 2022 malgré l’opposition du maire de la ville balte.
En mai 2022, sous prétexte de l’offensive russe en Ukraine, le Parlement letton avait suspendu l'accord russo-letton dans lequel Riga s’engageait à protéger ses monuments de l'ère soviétique. Depuis, les autorités lettones ont entrepris la destruction de nombreux de ces mémoriaux.
Les célébrations du 9 mai interdites
Alors qu'approchent le 9 mai, jour de commémoration de la victoire de 1945 contre l’Allemagne nazie, Delfi a rappelé l’avertissement de la police lettonne selon lequel les manifestations et évènements festifs allant à l'«encontre des intérêts de la sécurité nationale, divisant la société, déformant l'histoire et remettant en question la solidarité avec le peuple ukrainien» ne sont pas autorisés en Lettonie.
Les relations entre la Lettonie et la Russie voisine sont exécrables. Outre le déboulonnage des monuments de l’ère soviétiques et l’interdiction des célébrations lors du 9 mai, le Parlement de ce pays membre de l’OTAN a adopté en août 2022 une déclaration qualifiant la Russie d’«État soutenant le terrorisme». Le mois suivant, Riga a également imposé aux citoyens russes et biélorusses résidant dans le pays d’obtenir un certificat de compétence en langue lettone de niveau A2 (intermédiaire) sous peine de voir leur permis de résidence annulé. Des mesures considérées comme discriminatoires et «russophobes» par les autorités russes.
Les Russes, qui représentent plus du quart de la population du pays, sont perçus par Riga comme une menace dans la mesure où la Russie pourrait vouloir les défendre, au même titre qu’elle l’a fait avec les Russes et russophones du Donbass. La multiplication de ces mesures à l’encontre des minorités russes dans les pays baltes, en particulier en Lettonie, a fait réagir Vladimir Poutine, qui a estimé mi-janvier qu’elles «affectent directement la sécurité» de la Russie.